Marilena Pelosi. Catharsis.
« Ce sont les gens normaux qui deviennent fous. Mais comme je ne l’ai jamais été, je ne risque rien ». En disant cela, Marilena Pelosi bat en brèche, sans le vouloir, l’idée même de normalité et de son corollaire, la folie. L’artiste qu’elle est devenue s’est néanmoins construite sur le terreau d’une altérité nourrie des séismes de son existence.
Née en 1957 à Rio de Janeiro, Marilena aurait aimé faire les Beaux-Arts : « Heureusement, je n’y suis pas allée, peut-être qu’on m’aurait appris à dessiner correctement ». C’est à l’âge de 16 ans, à la suite d’une maladie grave, qu’elle commence à produire des oeuvres dans lesquelles le catholicisme exubérant et la macumba fiévreuse de son Brésil natal tournoient jusqu’au délire. Les réminiscences de transes, de processions eucharistiques, de carnavals endiablés sont inextricablement mêlées à des évocations bien plus intimes : l’enfance recluse, la fuite d’un mariage forcé avec un prêtre vaudou, les années d’errance à travers le monde, en quête d’un havre.
Les didascalies qu’elle sème parfois dans la marge, au lieu de nous renseigner, renforcent l’étrangeté de ces saynètes sauvages tracées d’un trait sobre, sans artifice, presque clinique. En jaillissent de cruelles féeries dans lesquelles le sens se dérobe, défie la raison - la sienne en premier - mais dont tout, absolument tout, transpire la résilience. C’est comme si nous assistions - à travers ce théâtre de la réparation fait de germinations, de floraisons, de simulacres de noces barbares, de fluides séminaux et de renaissances érotisées – à la plus vibrante des catharsis.
Adresse
Comment s'y rendre
accès au passage par le 10 rue chapon ou 23 rue des gravilliers