LAST CALL8 Sylvester Engbrox

Exposition
Arts plastiques
VivoEquidem Paris 06

L’individu est aujourd’hui un touriste de sa propre vie. Il se considère comme un client du Monde qu’il habite en consommateur. Il choisit les trajectoires de son existence dans les catalogues des tours opérateurs spécialisées : famille, éducation, société, spiritualité, divertissement. C’est un non-résident et il se comporte comme un visiteur qui sélectionne ses excursions à la carte. Il veut être remboursé s’il n’est pas satisfait et pouvoir choisir une autre vie s’il s’est trompé. La lutte des classes est à présent celle du voyageur : économique, business, first…Dans cette première partie de l’exposition LAST CALL !  Sylvester Engbrox, évoque ce tourisme de l’existence comme une partie de jeu collectif où le corps — le plus souvent dénudé — est un jeton (chip) qui vous permet d’y participer. Sa valeur nominale donne accès aux tables de jeu.

Je me suis retrouvé dans un camp de naturistes à l’âge de 17 ans par erreur. Ma copine s’était chargée de l’organisation de nos premières vacances et comme nous avions évidemment un budget très restreint, elle avait opté pour une formule nommée « hôtel roulette ». Nous connaissions la destination, Rovinj dans l’ancienne Yougoslavie, mais « l’hôtel roulette » était une surprise. Cette formule permettait au tour-opérateur d’écouler des chambres qui étaient restées vides. C’est grâce à ce jeu de chance que j’ai pu faire connaissance avec le monde naturiste, autrement, je n’aurais probablement jamais pensé réserver mes vacances dans un tel endroit. C’était un gigantesque terrain et nous habitions tous dans des petits chalets individuels. Les vacanciers étaient de tous âges, couples ou familles. Le dress code était comme on l’imagine : nu, mais avec certains accessoires, comme les sandalettes, le bob, la serviette qu’on met avant de s’asseoir dans une chaise en plastique (en Yougoslavie, en juillet, on transpire). Depuis cet été-là, ce domaine me passionne : être nu entouré d’autres gens nus dans un monde artificiel, fermé, avec des codes bien établis. « Bonjour, je me présente, X, j’ai un corps, je l’ai oublié pendant toute l’année et là, il a besoin de prendre l’air, comme le vôtre. » Les naturistes sont bien plus polis que les touristes habillés. Le décalage entre le corps nu et les codes de communication simulant être habillé frôle l’absurde.

Je retrouve le même décalage dans le porno narratif des années 70-80, mais sous forme de fiction, et cette fois, habillé : « Bonjour, je suis le plombier et là, je vous parle comme si de rien n’était parce que je suis habillé, alors que vous avez comme moi lu le scénario. Dans dix minutes, vous allez vous faire prendre par-devant et derrière dans votre belle cuisine. Ensuite, on se rhabille. On va continuer notre vie et faire semblant de ne pas avoir de corps. »  

Commissaires d'exposition

Horaires

Du mardi au samedi de 15 h à 19 h30 et sur RV

Adresse

VivoEquidem 113 rue du Cherche-Midi 75006 Paris 06 France

Comment s'y rendre

113, rue du Cherche-Midi 75006 Paris Métro : Duroc ou Falguière Bus : 82,92, 89,28 arrêt Maine-Vaugirard Autolib : Avenue du Maine ou rue Mayet

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022