Julien Berthier - Bientôt ici", "Atente indéfinie", "Soudures sauvages

L’artiste propose de planter le décor d’une histoire dans le pourtour du square Saint-Exupéry, par un parcours constitué de 3 installations figurant des « bugs » du réel, annonçant le basculement de la réalité dans la science-fiction. Les objets sont étranges, décalés : il s’agit de jouer sur la surprise des habitants, de générer un point de rendez-vous éphémère sur l’été en modifiant les usages de l’espace public (paysages, bancs, attente…).

Il était une fois un artiste, Julien Berthier, qui créa cinq œuvres-objets dans l’espace public pour la ville de Colomiers, le temps d’un été... Nous vous invitons à les découvrir en jouant ! Ces créations inattendues sont cachées dans le parc et aux alentours du Pavillon Blanc. La première s’appelle Bientôt ici. C’est un grand panneau montrant un paysage du passé, mais il a de grands pieds gris en béton, comme les panneaux annonçant un chantier. L’attente indéfinie est toute seule, elle passe ses journées à décompter le temps. Les Soudures sauvages sont trois installations un peu étranges. La plus grande est un lampadaire devenu ami avec un autre lampadaire... La deuxième est faite de deux barrières... La dernière est un petit potelet qui s’est accroché à un abri devant la mare aux canards. Pour découvrir ces étranges objets du quotidien, il te faudra les trouver et les observer.

"Ma proposition pour Colomiers est de proposer une modification douce des espaces et de leur usage. Je propose de disposer une série d'interventions qui se répondent pour former une sorte de scénario d'un monde où l'espace-temps aurait légèrement changé, comme au début d'un film de science-fiction où le héros est témoin d'un réel transformé qu'il ne comprend pas encore. Le panneau Bientôt ici arbore une image du passé (qui potentiellement peut aussi être une image du futur). L'attente indéfinie est un panneau ne renvoyant à rien, nous obligeant à inventer l'objet de l'attente ou à espérer un signe du destin. Les mobiliers urbains au rebut des Soudures sauvages, reviennent se greffer sur le présent(…). En règle générale, mes interventions dans l'espace public sont proches de la stratégie de l'infiltration. Les objets produits sont hyper réalistes, dans le sens où ils prennent les traits du réel. Ce sont des objets familiers, qui ne dénotent pas par leur apparence mais par leur fonctionnement qui opère un léger décalage. Et c'est ce décalage, le fait que le doute se crée sur ce qui est en train de se jouer et non sur la forme de ce qu'on regarde, qui est fondamental. L'autre aspect important est que je dis rarement que c'est de l'art. Je crois en effet à la rencontre avec les œuvres sans la désignation explicite de ces objets comme relevant de l'art. On négocie différemment les situations que l'on rencontre suivant qu'on les catalogue ou non. En ce sens, je revendique la dissémination des pièces comme condition de cette rencontre, créant un parcours entre le Pavillon Blanc et le square Saint-Exupéry, en direction de la piscine."  Julien Berthier

Bientôt ici :

Installé temporairement sur le square Saint-Exupéry, un panneau de chantier propose une vision poétique de ce que pourrait être le paysage de demain. Seulement, le doute s’installe : une gravure de type romantique du XIX ème siècle propose une vision bucolique au milieu du paysage urbain. Anachronisme ou uchronie, l’image invite à la contemplation, fait se rencontrer ville et nature.

Attente indéfinie :

Par ce panneau d’attente en boucle de 8 mn et sans objet, l’artiste reprend le vocabulaire du mobilier urbain pour surprendre d’abord, comme si le réel avec bugué, ensuite pour en faire l’objet d’une méditation : « L'objet de l'attente n'est pas défini : pas de bus à l'horizon, ni de taxi. Pas d'événements temporaires à signaler. L'attente pour elle-même renvoyant à ces questions : qu'est-ce que j'attends ? Qu'est-ce que je dois attendre ? »

Soudures Sauvages :

Soudures sauvages est pensé comme un jeu d’association d’objets que l’on retrouve dans les rues. Lampadaires et barrières se retrouvent liés par l’artiste. Par ce mobilier urbain hybride, l’artiste modifie les usages de l’espace public.

Julien Berthier : 

Julien Berthier est né en 1975. Il vit et travaille à Aubervilliers. www.julienberthier.org 

Julien Berthier réalise sa première exposition monographique en 2001  à Paris, pour le Paris Project Room. Il reçoit en 2006 la Bourse individuelle à la création de la DRAC Ile-De-France et en 2011 le Prix Montbanc/DocksArtFair. Il est représenté par la galerie G.PH&N Vallois à paris. Conceptuel par son passage de l’idée dessinée à l’œuvre, critique par ses sujets, l’artiste travaille sur la recherche constante de solutions techniques pour modifier nos habitudes et nos perceptions. Il porte enfin une vision poétique des lieux et des usages de l’espace public tel ses Monstres, un mot qui désigne ces tas d’encombrants qu’il fige en sculpture de bronze.