Jean-Paul Philippe

Archéologies intérieures
Exposition
Arts plastiques
Galerie Jeanne-Bucher Paris 06

Tryptique, 1993
Toile, huile et papier Bolloré
200 x 120 cm (x 3)
Photo Giancarlo Cini

La galerie Jeanne-Bucher / Jaeger Bucher est heureuse de présenter du 9 février au 31 mars 2012 – au sein de son espace rive gauche - une exposition de l’artiste Jean-Paul Philippe intitulée « Archéologies intérieures ». 

 

Fréquentant les ateliers de peinture de Montparnasse puis l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Jean-Paul Philippe se consacre principalement à la sculpture à la suite d’un voyage en Italie qui provoque en lui « un grand choc » minéral ; la pierre, le granite ou le marbre deviennent alors ses matériaux de prédilection, empreints de sensations, d’émotions et de mystères. Près des marbreries de Carrare, Jean-Paul Philippe est l’un de ces artistes-artisans inspirés, capable de faire jaillir en taille directe des formes significatives pour traduire un sentiment de présence. Marqué par la statuaire égyptienne, précolombienne ou encore primitive grecque, il tend à instaurer un dialogue silencieux avec l’espace, la narration d’un mouvement de pensée entre vide et plein, entre essor et méditation.

 

Exposé à la galerie depuis le début des années 1980, Jean-Paul Philippe interroge les relations de temps et d’espaces, les notions de dimensions, de passage, de mémoire, mais aussi la place de l’homme au sein de notre univers. Ne se réclamant d’aucun groupe, école ou système, il arrive à créer une véritable archéologie intérieure où les rencontres, les échanges, laissent échapper leurs empreintes. 

 

« J’essaie de rester attentif aux pierres et à l’écoute de leurs propositions de pierres, heureux, captif de la bouleversante beauté des carrières, abandonnées ou actives. C’est parfois parmi les blocs silencieux, entre leur masse, que l’air décide et dessine une forme désirée. Il reste à traduire cette apparition, faire de la poussière et sans trahir ce silence minéral. Du bric à brac de la mémoire s’échappent formes et signes, un alphabet intime. Un petit répertoire de formes qu’il faut articuler. J’invente un espace où cherche à s’installer l’histoire que je me raconte. Depuis le Site transitoire, ce qui me tient à cœur, c’est de proposer une promenade, un lieu à traverser, où la forme primordiale où tout se joue ne serait faite que d’air : les pierres, les bornes de cet espace. L’entrée y est libre. » Jean-Paul Philippe, mai 2011. 

 

Un certain nombre d’oeuvres monumentales témoignent de l’ampleur de ses réalisations et de sa particulière attention aux relations temps-espace et de son dialogue avec la matière. Son œuvre mythique, le Site Transitoire, installée sur le site d’Asciano en Toscane où elle a renommé la colline elle-même, se présente comme une installation monumentale en basalte, « une pierre qui épouse parfaitement le lieu », composée de plusieurs (trois ou quatre) éléments qui dialoguent entre eux et avec la nature: un grand siège pour accueillir le passant, une fenêtre orientée pour y recevoir le dernier rayon du soleil, un sarcophage et un labyrinthe. Oeuvre matrice, l’artiste a voulu y «représenter les trois positions du corps, assis, debout, couché. Les limites de l’homme ». Une demeure perchée sur la colline, « et pour toit, la voûte céleste ». Chaque été, au moment du solstice, une création théâtrale ou musicale dialogue avec le Site Transitoire et y réunit 500 personnes.

 

D’autres réalisations monumentales témoignent d’un même vocabulaire avec les formes de mémoire universelles, telle cette Marelle intitulée Entre Terre et Ciel, La Tour Méridienne constituée de 9 cases de jeu, d’une tour haute de 8 mètres en 7 éléments, d’une barque solaire au milieu d’un bassin et d’une roue brisée en deux; installée initialement près de Viareggio, puis à Anvers, puis dans le Parc Royal de Bruxelles, elle est à présent définitivement installée Rue de la Porte de Namur. La monumentale Marelles, Mémoires et Miroirs composée de 43 blocs de granit façonnés durant un an en Egypte dans les carrières d’Assouan (23 mètres de long par 15 mètres de large) et de deux bassins d’eau qui se trouve installée dans le Jardin International du Caire. Comme le souligne Jean-Paul Philippe, « Le jeu de marelles est universel, ses règles sont similaires sous toutes les latitudes, seul son dessin diffère selon les époques, les croyances et les civilisations. Chez nous la forme familière que nous lui connaissons, celle de notre enfance, apparaît vers l’an mil. Entre Terre et Ciel, elle s’inspire du plan des églises…Parvis, nef, transept et chœur ». N’oublions pas la dernière œuvre monumentale en date, De l’Eau à l’Air, des boues à l’éther… pour la nouvelle unité de traitement des eaux de la Seine de Paris et sa région installée à Seine-Aval où Jean-Paul Philippe a conçu les murs, pierres et miroirs qui évoquent dans l’espace un diagramme du cycle de l’azote. Le Parc adjacent abrite une installation de l’artiste intitulée Miroirs du Ciel installée sur site en 2010.

 

La récente exposition au Musée d’art contemporain de Fernet-Branca à St-Louis a permit de montrer une large palette des œuvres de l’artiste à travers une habile scénographie pour mener le visiteur dans l’univers de l’artiste. Notre exposition, plus modeste, se propose de faire découvrir, à travers un choix resserré d’œuvres sculptées, façonnées ou dessinées gravitant autour du Site Transitoire, des Marelles, des Stèles, Sièges ou Piéta, l’œuvre de Jean-Paul Philippe. Proposant un cheminement au sein de la matière - à travers les formes simples du basalte, du granite, du marbre, du bois ou plomb, des miroirs et verres gravés, des toiles de charbon, d’huile, d’acrylique et de pigments, ou encore des boites de conserves brunies par le soleil égyptien… - le visiteur est amené à ressentir une confluence de cœur et pensée, de temps et d’espace, une présence « où notre maintenant entre dans le toujours » comme l’a si bien défini Bernard Noël dans ses mots sur l’artiste. 

 

Cette exposition a été pensée conjointement par Véronique Jaeger et Jean-Paul Philippe pour l’espace de la rue de Seine, prolongeant ainsi l’intérêt initial de la galerie pour cette œuvre exposée par Jean-François Jaeger à plusieurs reprises depuis les années 1980.

Complément d'information

Exposition présentée du 9 février au 31 mars 2012

Adresse

Galerie Jeanne-Bucher 53 rue de Seine 75006 Paris 06 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022