Endetter et punir

Le Printemps des Laboratoires #6
Annonce
Les Laboratoires d'Aubervilliers Aubervilliers

Mouvement Chipko, ca.1970, district himalayen de l’Uttar Pradesh en Inde © Tous droits réservés

Le week-end du 15 et 16 septembre propose un temps fort consacré aux réflexions menées depuis octobre 2017 autour de la thématique de la sixième édition du Printemps des Laboratoires : Endetter et punir.

Loin de nous focaliser sur la seule dimension financière, qui concentre bon nombre de débats politiques aujourd’hui, nous rappelons que d’une part, la pensée économique est inséparable de la pensée politique et que la dette, au-delà de la relation à l’argent qu’elle comporte, impacte nos manières d’agir et notre être fondamental, entraînant des privations de libertés. Autrement dit, elle est un dispositif de pouvoir qui contrôle et modèle nos formes de vie. Or, si la dette fait intrinsèquement partie de notre être à la fois social et individuel ― nous sommes nés endettés et prolongeons cet endettement sur les futures générations ―, il nous faut nous éveiller à la construction de nouvelles subjectivités humaines non oppressives. 

Contre la « dette infinie », caractéristique de la modernité et assimilée comme destin inéluctable, contre son économie et sa morale qui prend racine dans la culpabilité et la peur, nous nous employons à explorer des stratégie de résistance et de lutte, capables de proposer des points de fuite, des nouveaux modes d’être ensemble, des procédures d’attention autres, tout ce qui peut aider à décoloniser nos pensées, décapitaliser et dépatriarcaliser nos structures sociétales.

 

Samedi 15 septembre 2018, de 11h à 23h

 

10h30 Accueil café

 11h ― Vers une économie qui mette la vie au centre / Conférence inaugurale par Yayo Herrero (anthropologue et activiste écoféministe)

Nous vivons dans un moment où l'économie et la politique hégémonique sont bâties à côté de et contre ce qui soutient la vie humaine. L'objectif de croissance économique détruit les minéraux, les forêts, l'eau ... ainsi que le tissu même de la communauté et de la société. Transformer les systèmes socio-économiques pour qu'ils aient la priorité de la durabilité de la vie est urgent. Ce qui est vraiment coûteux (dans le sens de ce qu’on continuera à payer pour toujours) c’est de ne rien faire.


13h Pause déjeuner


14h30 ― Les Colloques Sauvages  /  Rencontre conçue et menée par Josep Rafanell i Orra (psychologue et psychothérapeute)

Après trois ans de rencontres dans le cadre du séminaire "Pratiques de soin et collectifs" et “Quelles autonomies”, Josep Rafanell i Orra propose une rencontre en deux temps: le le 15 septembre aux Laboratoires, puis le 29 septembre dans une friche parisienne. Des membres de Groupes d'entraide mutuelle, du Réseau d'entendeurs de voix, de l'école Maïa, accueillant des enfants autistes, le collectif Dingdingdong (institut de coproduction de savoirs sur la maladie de Huntington), des jardiniers de l’École spéciale des espaces libres, du Pôle d'exploration de ressources urbaines qui travaillent sur l'hospitalité dans nos espaces métropolitains, des chercheurs... nous ferons part de de leurs pratiques dans un contexte où nous avons plus que jamais besoin d'affirmer des formes de coopération et de résistance face aux institutions, de nous lier à partir de modes d'existence hétérogènes. Créer une trame entre des manières singulières de faire exister nos expériences, des formes communales de coopération, nous semble être une des plus fructueuses hypothèses politiques d'aujourd'hui. À ceux qui prétendent nous gouverner en instituant un climat de peur et d'hostilité généralisées, nous pouvons répondre par le partage comme forme d'émancipation qui repeuple le monde.


16h00 ― Les bons comptes font les bons amis ? Dettes multiples et dettes invisibles  / Table ronde avec Margaux Le Donné (doctorante en science politique) et Jeanne Burgart Goutal (professeure de philosophie)

Cette table ronde se propose de décliner la notion de dette dans une perspective écoféministe. Dette écologique, dette (post)coloniale, dette des hommes à l'égard des femmes, des humains à l'égard de la nature, endettement des paysans, dette à l'égard des générations passées et des générations futures... l'écoféminisme déploie cette notion dans toute son ambiguïté, entre dénonciation d'injustices héritées et célébration d'interdépendances cachées. Les luttes pour la reconnaissance de tous les processus et tâches permettant la subsistance et la régénération du vivant génèrent leur lot de questions : à l’heure de bouleversements globaux, qui doit quoi à qui ? Depuis quand, jusqu'à quand ? Comment « rembourser » tout en récusant la marchandisation du vivant ? 


19h Dîner dans le jardin 


20h30 ― Une introduction  /  Performance de Olga de Soto (artiste performeuse) 

La Table Verte, oeuvre mythique du chorégraphe allemand Kurt Jooss, créée en 1932, quelques mois seulement avant qu'Hitler n'accède au pouvoir en Allemagne. Ce ballet en huit tableaux pour seize danseurs, inspiré par une danse macabre du Moyen- ge, est considéré comme une des oeuvres les plus politiquement engagées de l'histoire de la danse du XXème siècle. Spectacle emblématique par les thèmes qui y sont abordés (la montée du fascisme et la guerre), empreint du climat trouble de la période qui précéda la Seconde Guerre Mondiale et, en somme, “visionnaire” face à la réalité sombre d'une époque. Durant le chemin parcouru, certaines questions se sont affirmées : quelles traces restent dans la mémoire de ceux qui ont réalisé un spectacle il y a longtemps ou de ceux qui, par leur travail, permettent qu'il continue d'exister aujourd'hui ? En quoi consiste le travail de transmission ? Qu'est-ce qu'être interprète ? Quels sont la place et le rôle des interprètes dans l'histoire de la danse ? Comment évolue une oeuvre au sein de sa propre histoire ? Et au sein de l'Histoire ? Quel est l'impact d'une oeuvre politiquement engagée dans la mémoire d'un public ? Dans le cadre du Printemps, Une introduction nous interroge sur notre dette vis-à-vis de l’histoire tout en résonnant fortement avec l’actualité politique et la montée des nationalismes qui se jouent à l’échelle internationale, nous rappelant que l’histoire se répète et que nous avons toujours à apprendre du passé.

 

Dimanche 16 septembre 2018, de 11h à 18h


10h30 Accueil café


11h ― Projection du film Bamako d’Abderrahmane Sissako (2006)

Melé est une chanteuse de bar et son mari, Chaka, au chômage s’enfonce dans le silence. Malgré une fille qui les unit, leur couple s’émiette petit à petit. Ils vivent dans une maison qu’ils partagent avec plusieurs familles. Dans la cour, se tient un étonnant événement : le procès de la société civile africaine contre la Banque mondiale et le FMI.


12h00 Buffet dans le jardin


12h00 ― Présence toute la journée de La Permanence, collectif contre les discriminations raciales dans l’art


12h45 ― Lectures de Famille Rester. Étranger

« Mes chouchous je vais vous dire une chose. Avant je parlais. Avant j’écrivais. Avant je pensais. Et je le faisais en français! Ça c’est le passé. Il n’est pas simple. Il est imparfait. Maintenant je suis en FLE. Et ça. Ça veut dire que quelque soit mon niveau je n’écrirai ni ne parlerai plus jamais en français. Jamais est un mot qui laisse un vide derrière lui. Comme quelqu’un qui quitte à jamais son village. Jamais est le chameau. La vache. La chèvre qu’on abandonne à jamais avec son lait dedans. Jamais est une maison qu’on ne reverra plus parce qu’elle a été incendiée. Et parce qu’elle continue d’être incendiée nous allons aller aux Laboratoires 
d’Aubervilliers ».


13h45 ― Agir pour un tournant anthropologique/politique. Penser depuis et avec l'Afrique. Ouverture par Emmanuelle Chérel (historienne de l’art) de l'après-midi consacrée à deux points de vue abordant ces questions Endetter.Punir depuis l’Afrique :

14h00 ― La philosophie africaine comme praxis : penser le vivre ensemble
par Séverine Kodjo-Grandvaux (philosophe)

De quelles manières Endetter.Punir interpellent les philosophies africaines aujourd’hui, comment sont-elles pensées, analysées (quelles manifestations ? quelles conséquences sur les concepts, les imaginaires ?), comment sont-elles reliées à des éthiques, des redéfinitions du lien social, du bien commun et du savoir ?

15h00 ― La démocratie contre la République par Ndongo Sylla (économiste)

L’économiste sénégalais spécialiste du développement reviendra sur l’histoire de la démocratie, du CFA et de la dette financière, de l’organisation économique internationale et exprimera sa vision du vivre ensemble (rapport au travail, mouvements sociaux et leurs organisations, pression démographique, etc.).

16h/17h ― Discussion collective


17h00 ― The school of tender thinking / Performance de Robert Steijn en collaboration avec Ricardo Rubio (chorégraphes et performeurs)

 

 

 

Tarifs :

Entrée libre et gratuite

Autres artistes présentés

Jeanne Burgart Goutal

Emmanuelle Chérel

Yayo Herrero

Séverine Kodjo-Grandvaux

La Permanence

Margaux Le Donné

Rester. Étranger 

Josep Rafanell i Orra

Ricardo Rubio

Ndongo Samba Sylla

Abderrahmane Sissako

Olga de Soto

Robert Steijn

Mécénat

Le Printemps des Laboratoires reçoit le soutien de l’Adagp et de Copie privé.

Horaires

Samedi 15 septembre 2018 (de 11h à 23h) / Dimanche 16 septembre 2018 (de 11h à 18h)

Adresse

Les Laboratoires d'Aubervilliers 41, rue Lécuyer 93300 Aubervilliers France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020