Dans un champ, une paire de ciseaux suspendue

Dans un champ, une paire de ciseaux suspendue.
Alexandre KORZENIOVSKI & Samuel TOMATIS [ artiste invité ]

EXPOSITION // du 09 au 20 janvier 2018
VERNISSAGE // jeudi 11 janvier de 18h à 21h

Hypothèse d’un préambule : gestation de neuf mois sous terre.

lattidude : 46.89310140212275

longitude : 4.600581610906147

altitude (m) : 335 m

Devant nos yeux s’étend un chantier qui présente les caractéristiques de ruines totémiques, d’un sanctuaire vaudou. Plusieurs autels prennent littéralement place dans ce qu’on pourrait considérer comme le résultat d’un triple processus d’abandon - exhumation - composition.

L’enterrement qui semble avoir précédé la remise au monde de certains des objets a laissé une impression, une trace, l’impression d’avoir été oublié, des traces de terre et de fétichisme.

Provoquer l’oubli voilà ce qui semble avoir été voulu.

Cette fabrique archéologique, ce laboratoire de trouvailles transformé rituellement en oeuvre nous fait face et, entre ces objets — qui assemblés deviennent morceaux d’un même corps — se dilate un espace, comme inframince, une sorte de musée mental et passé; des espaces en transit.

Et au milieu s’étend le milieu.

Recrachés, déterrés, les objets se dressent devant nous comme des dolmens, pierres levées qui ne tombent pas.

C’est peut-être ça qui se dégage le plus, cette impression de « toujours là ».

Ces boutures délimitent un espace mental et liquide en précipités de souvenirs dans lequel vestiges de pensées et reliques odorantes bruissent ensemble. Rien que des bouts.

Debouts sur l’intervalle entre profane et sacré, ils se lèvent sales, ils se dressent abimés, comme des gargouilles. À la terre, sans rien lui rendre, ces choses-là lui ont été prêtés — structures fluantes — pour qu’elle les mange un peu, qu’elle les teinte, et qu’ils se déforment, se salissent puis reviennent afin d’émettre un son. Ce son résonne en deçà de la fréquence audible, en infrason. Il produit un effet qu’on a décidé d’appeler silence. 

Le silence qu’on sculpte. 

Sculpte la terre creuse le temps en attendant l’automne.

- Leïla Chaix -