Cosa mangiare de Nicolas Daubanes
Nicolas Daubanes, " Four ", 2016, deux plaques électriques, deux poêles.
La cuisine, centre d’art et de design, présente Cosa mangiare, de l’artiste plasticien Nicolas Daubanes. Réalisée à la suite d’un atelier-résidence à la Maison d’Arrêt de Montauban, Cosa Mangiare inaugure Les Passagères, série de petites expositions s’invitant de manière fugace et transitoire dans la programmation du centre d’art du 2 avril au 22 mai dans les Fourneaux de La cuisine.
Né en 1983, Nicolas Daubanes poursuit depuis plusieurs années une réflexion sur le monde carcéral, l’isolement et l’enfermement qui l’a conduit à réaliser des projets en France et à l’étranger, de Temps mort en 2012 pour le centre d’art contemporain Le Lait à Albi (81), à La Vie de rêve, actuellement présentée à Angle, centre d’art contemporain de Saint Paul Trois Château (26). www.angle.fr
Dans le cadre du programme Culture/Justice, porté par la DRAC Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Nicolas Daubanes entame en 2015 une série d’ateliers à la Maison d’Arrêt de Montauban, coordonnée par La cuisine, centre d’art et de design de Nègrepelisse. L’artiste y a traité la question de l’enfermement à travers le prisme de la nourriture, interrogeant les rapports sociologiques qui se tissent autour de l’alimentation. En prison, le principe du « bon de cantine » permet aux détenus d’acquérir de la nourriture complémentaire et des ingrédients de cuisine, améliorant ainsi leurs conditions matérielles d’incarcération. Secondé par l’enseignante Bénédicte Faury et avec l’intervention du cuisinier Pascal Boursier, Nicolas Daubanes a proposé aux détenus d’utiliser leurs « bons de cantine » comme un marché de matières premières. Les aliments, détournés et transformés, leur ont permis de travailler à l’écriture et à la réalisation de nouvelles recettes lors d’un atelier de cuisine.
L’atelier sollicite la participation active des détenus. C’est eux qui apporteront la dizaine de recettes réunie dans un livret – objet mis en page par le duo de graphistes Rovo, singeant les fiches administratives de la Pénitencière. Moins qu’un livre de recette, l’ouvrage traduit en creux, à travers le geste apparemment simple de se faire à manger, toute la complexité d’un quotidien marqué par les restrictions dues à l’enfermement. Y baigne une énergie et une débrouille pour dépasser le cadre restreint de la prison et rétablir, dans un contexte où le temps n’a pas de valeur, une forme vitale de sociabilité, un plaisir du repas confectionné et partagé.
Cosa mangiare, « qu’est ce qu’on mange » en italien, s’intéresse moins au contenu des recettes glanées en prison, qu’aux processus humains et techniques mis en œuvre pour les réaliser. Partant de ce constat, la restitution de ce projet au cœur des Fourneaux de La cuisine, souhaite prendre une forme furtive et dynamique, à mi-chemin de l’atelier, de la conférence et de l’exposition. Alors, Cosa mangiare ?
Tarifs :
Gratuit