Alain Declercq, Where you goin' with that gun in you hand ?

Exposition
Arts plastiques
Le Parvis Ibos
Des holsters, non plus cachés sous le costume mais visibles et intégrés à ce vêtement symbole d’une société occidentale, moderne et civilisée. C'est là l’oeuvre-clé conçue par l’artiste pour cette nouvelle exposition. (Du coup, sa référence à Jimi Hendrix dans le titre s’éclaire.) Nous pourrions endosser ces costumes et ainsi entériner un contexte où la menace est normalisée et affirmer sa nécessité pour asseoir notre pouvoir sur autrui. Comme toujours, les oeuvres d’Alain Declercq (né en 1969) éclairent crûment ce qui est là, que nous ne voyons pas et auquel nous participons : procédures de domination et de contrôle inhérentes à notre société moderne économique et politique. (Exposition proposée dans le cadre de l’hommage rendu à Michel Foucault par le Parvis Scène Nationale)

Complément d'information

communiqué de presse

Avec l’exposition consacrée à Alain Declercq, le centre d’art contemporain du Parvis s’inscrit dans l’hommage rendu à Michel Foucault par le Parvis Scène Nationale pendant l’automne-hiver 2004.

Le choix de l’artiste s’est fait en retenant ce préliminaire essentiel de la pensée et de l’action du philosophe, le pouvoir, « cette bête magnifique », s’est construit dans la société moderne sur des procédures de domination basées sur la séparation : ségrégation sociale, différenciation, hiérarchisation, aliénation, enfermement, exclusion...

Les repères sociaux, individuels, sexuels (...) sont tracés : ce qui relève de la folie ou de la normalité, ce qui est licite ou illicite, permis ou défendu.

Il faut alors logiquement « Surveiller et punir *».

Or Alain Declercq s’intéresse tout particulièrement aux structures du pouvoir, aux formes de domination, d’oppression et de sécurité contemporaines et à la manipulation par les médias. Certaines de ses oeuvres font référence explicite à Michel Foucault et à la question de l’enfermement. (Ainsi l’installation Panoptique en 2001 où, sur huit écrans, une même scène d’évasion est donnée à voir en décalage temporel et sous divers angles, de façon froide et abrupte.)



L’exposition d’Alain Declercq au Parvis n’est pas de l’ordre du commentaire sur la pensée de Michel Foucault ou d’une réflexion à partir de cette dernière. Le propos a été simplement de permettre à l’artiste une mise en situation de son oeuvre (avec création et production de nouvelles pièces) dans le contexte si particulier du Parvis. Dans un second temps, bien sûr, l’exposition et ses problématiques résonnent fortement avec des pans entiers de la pensée de Michel Foucault. Pour nous spectateurs, entre l’artiste et le philosophe, le monde devient certainement plus clair. Notre place aussi.





Des costumes-holsters



Ce que nous propose d’abord Alain Declercq au Parvis, ce sont sept costumes ou des pièces de costumes, chemises, pantalons..., masculins ou féminin présentés sur des mannequins, comme dans n’importe quel magasin de vêtement. A priori normal. A ceci près qu’il s’agit de vêtements-holsters et plus précisément de costumes-holsters. L’artiste a donc choisi de rendre apparent un objet habituellement caché sous le vêtement, mieux, de construire le patron du vêtement à partir du holster et d’en faire des costumes, ces symboles d’une société occidentale, moderne et civilisée, sont des vêtements-holsters.

Cette présence cruciale du flingue fait que, du coup, le titre de l’exposition, emprunté à Jimi Hendrix, s’éclaire.



Pour la réalisation de cette « nouvelle ligne », Alain Declercq a collaboré avec les stylistes de la société ie. Ils ont donc créé dans un premier temps une collection « haute-couture », des vêtements-prototypes qu’on imagine pouvoir être déclinés ensuite dans une ligne de prêt-à-porter.

Nous pourrions alors endosser facilement ces costumes et, ce faisant, à la fois entériner un contexte où la menace est normalisée et affirmer la nécessité de cette dernière pour asseoir notre pouvoir sur autrui.

Nous pourrions même nous illusionner haut et fort sur notre défense de la liberté, comme cette maison qui vend des holsters aux Etats-Unis et ouvre son site internet par cette citation d’un discours du président Bush : « Faire progresser la liberté est la vocation de notre temps, c’est la vocation de notre pays » **.



Ainsi, on retrouve dans cette nouvelle production d’Alain Declercq ce qui est le fondement et la qualité de l’ensemble de son travail : cette façon d’éclairer crûment ce qui est là sous nos yeux, que nous ne voyons pas ou sur quoi nous ne nous arrêtons pas forcément et qui sont des procédures de domination (manipulation des médias, obsession sécuritaire...) mises en place par le pouvoir dans la société moderne économique et politique.





Slide show



Cet éclairage crû est le même que celui dont il s’est servi pour photographier les maisons bourgeoises d’un quartier de Montréal, éclairage qui se retrouve sur l’image au même titre que la façade de la maison ainsi violemment exposée. C’est avec cette série d’images que débute son Slide Show, une autre de ses oeuvres proposées au Parvis.

En fait, Alain Declercq a réalisé là une séquence de vingt minutes, une compilation de 400 de ses photos, (séries Bang ! bang !, Manifestes, Welcome Home, Boss ...***).

Les images sont classées par genres, sans que cela soit explicitement énoncé. Alain Declercq prélève tels quels des signes dans notre environnement. On se dit, en les regardant, qu’il a l’oeil et que rien ne lui échappe, ni le dramatique, ni le drôle, ni le touchant, ni le grotesque, ni l’inquiétant. On passera d’une série sur des voitures accidentées à une autre série de bouquets de fleurs commémoratifs sur les bords des routes, à des femmes vêtues de fourrures, naturelles ou non, puis à des chiens habillés et à des animaux morts, etc, etc, etc.

Le déroulement est hypnotique et on y retrouve très fortement la même chose que sur le reste du travail : cet éclairage cru, à la fois explicite et peu bavard d'une réalité dont nous sommes les acteurs. Le sentiment aussi de voir des images tout en étant toujours dans ces images.







Alain Declercq est né en 1969 à Moulins, il vit et travaille à Paris.











* Michel Foucault, Surveiller, punir, 1975, Gallimard.

** www.usgalco.com

*** voir Alain Declercq, WelcomeHome, Boss, 2002, éd. Galerie Loevenbruck

Autres artistes présentés

Alain Declercq

Horaires

mardi-samedi11h-13h et 14h-18h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Le Parvis Centre commercial Méridien - 1er étage Route de Pau 65421 Ibos France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022