Jean-Pierre PINCEMIN

Orientée pendant son adolescence vers l'histoire de l'art, le cinéma, la musique contemporaine et le jazz, la curiosité de Jean-Pierre Pincemin sera très tôt étendue à un engagement déterminé dans la création. "Etre artiste relevait avant tout d'une décision, non d'un apprentissage ou d'un savoir-faire" disait-il. L'artiste aura ainsi construit son itinéraire autodidacte sur une étonnante diversité de références picturales et dans la recherche permanente de propositions plastiques inovantes. Décomplexé face aux styles, Jean-Pierre Pincemin ne s'est jamais attaché aux seules exigences d'un code de représentation unique. Insatisfait des formules acquises qui auraient pu le cataloguer et le conforter dans une reconnaissance officielle, Pincemin ne craignit jamais de rompre avec les conventions. Au regard de la diversité formelle de ses recherches et ses thématiques, il importait surtout à l'artiste de rattacher son oeuvre à une réflexion issue de l'expérience matérielle et sensuelle de la peinture. Insoumis donc, Jean-Pierre Pincemin l'aura été aussi bien face aux théories et aux mots d'ordre que devant les contraintes techniques. En décloisonnant les frontières entre les styles, son oeuvre s'est installée dans une complexité d'écritures picturales qui, cinquante ans après Picasso, a pu réinventer la figure originale de l'artiste passionné, acharné au travail et totalement affranchi des écoles. L'exposition, si elle fait état du foisonnement de sa production qui touche aussi bien la peinture, la sculpture, le design, la gravure que la céramique, ne se veut pas pour autant une rétrospective. Cette exposition qui renforce la reconnaissance assumée de cet oeuvre majeur est née surtout du désir d'évoquer et de prolonger l'intensité artistique d'un homme trop tôt disparu, dont la présence dans l'Yonne offrit à de nombreuses personnes le privilège de son amitié.