Panoramas

Frédéric Cordier
Exposition
Arts plastiques
URDLA Villeurbanne
Frédéric Cordier, Polis 1 (détail), 2020, linogravure, 120 x 160 cm, 10 ex./ vélin de Rives, URDLA éditeur

À l’occasion de la parution de la publication FRÉDÉRIC CORDIER. 2010 – 2022 (2023) sous la direction de Laurence Schmidlin et d’un tirage réalisé en linogravure de 120 par 160 cm sur la grande presse Voirin. Au sein de ses ateliers, URDLA présente pour la première fois l’ensemble des panoramas de Frédéric Cordier couvrant une décennie de production à Villeurbanne.

Avant même que Frédéric Cordier entre en linogravure, avant même qu’il acquiert cette agilité qui tend les traits de ses motifs, chacun des éléments qui composent ses travaux d’aujourd’hui étaient là. C’était il y a presque quinze ans, son portfolio se composait, entre autres, de dessins au stylo Rotring qui manifestaient déjà le goût prononcé pour la tension linéaire ; un oeil affuté qui regarde à la fois le passage du capitalisme industriel au capitalisme financier, à la fois la société de consommation contemporaine ; et enfin, le pas de côté qui relève du witz. Sourire en coin. La première série imprimée et éditée à URDLA, Vedute, s’appuie sur ces trois temps. La reprise du genre classique ne fait pas apparaître dans le cadre Delft ni aucun des canaux de Venise mais les oripeaux de la société industrielle et évacue le point de fuite au profit d’une solution graphique à l’usage des enfants : colorie en bleu les parties aux lignes horizontales, en noir celles avec les points, etc… De cette rigueur graphique surgit la beauté de l’industrialisation massive : accouplement éternel d’Éros & Thanatos.

Cordier tire sa ligne. Depuis les premiers dessins se miment les alentours de l’industrialisation, de la production de masse, à la chaine et de la répétition intrinsèque au fordisme. C’est cette dernière qu’il subvertit. Si les linogravures équivoquent sur la fabrication industrielle et déshumanisée, il y a pourtant une main qui vient creuser chaque blanc et révéler chaque détail. L’ouvrier des Temps modernes a mué : sa main répète, trace, mais l’étendue du temps de travail n’augmente pas la production. Cordier se récupère par une pirouette, les grandes planches de linoléum patiemment gravées manuellement s’impriment sur une presse Voirin construite précisément à la fin du XIXe siècle ; l’outil de production lui-même est détourné de sa visée première.

Pourtant l’inventivité de Cordier se joue également sur un autre registre. Il s’agit d’élaborer des solutions graphiques de représentation de la réalité. La taille d’épargne est binaire : + ou – = trait ou vide. Ce dévoiement d’un langage informatique (0, 1) porte au plus haut point l’insupportable de notre relation au monde : la réalité est décor. Aussi le redouble-t-il par son goût du papier peint qui structurellement équivaut à notre rapport à la réalité – à la nature si nous considérons que l’industrie aujourd’hui s’inclut dans la nature : couvrir d’une image écran le mur qui barre la vue, faire surgir sur la paroi du monde un Monde nouveau.

En somme, les immondices du monde sont sublimés. Mais chez Cordier, la nomination fissure le mirage. L’intrication des deux tendances (fabrication de déchets de masse et beauté de l’industrialisation) point sous les titres de la dernière série de grands formats : DrillBitumarParachemOleum, sous l’apparition de couleurs, bleu pétrole, vert organique, vert industriel qui mettent en jeu une métaphore et sous l’usage, d’une image l’autre, de mêmes solutions graphiques pour traiter les éléments naturels et ceux de l’industrie. Ici réside la puissance des œuvres, insouciantes d’un militantisme sectaire, attentives à l’enlacement d’Éros & Thanatos.

Ce lancement donne lieu à une rencontre et une conversation, programmée le 18 novembre à 17 heures 30 avec Frédéric Cordier, Laurence Schmidlin, historienne de l’art, directrice du Musée d’art du Valais à Sion et directrice de la monographie et Cyrille Noirjean, directeur de URDLA.

Additional information

Ouverture
samedi 18 novembre
de 14 heures à 18 heures 

 

Rencontre et conversation avec Frédéric Cordier, Laurence Schmidlin, historienne de l’art et directrice du Musée d’art du Valais à Sion, et Cyrille Noirjean, directeur de URDLA.
samedi 18 novembre
à 17 heures 30
(gratuit, sur réservation)

 

Frédéric Cordier 2010 – 2022 (2023)

Ouvrage sous la direction de Laurence Schmidlin

Avec des textes de Ji-Yoon Han, Sylvain Menétrey et Laurence Schmidlin
Graphisme d’Emmanuel Crivelli, Dual Room, avec Orfeo Lanz
Coédition art&fiction publications, Lausanne, et Association Ink., Moudon 30 x 24 cm, 196 pages, 100 ill. en n/b et 17 ill. en couleur, FR/ENGL

Patronage

La publication a bénéficié du généreux soutien de :

Canton de Vaud
La Loterie Romande 
Arts Visuels Vaud 

Ainsi que de privé-e-s et d’entités ayant souhaité conserver leur anonymat.  

Opening hours

Du mardi au vendredi, de 10 heures à 18 heures

Le samedi, de 14 heures à 18 heures

 

 

Prices, rates

Entrée libre

Adress

URDLA 207 rue Francis-de-Pressensé 69100 Villeurbanne France

Means of access

Métro A, arrêt Flachet

Vélo'v, station Anatole France

Updated: November 8 2023