Grande Terre

Exposition
Arts plastiques
Passerelle Brest
vue de l'exposition Grande Terre de Laura Henno, 2023 - Passerelle CAC, Brest

Laura Henno, vue de l'exposition Grande Terre, 2023 - Passerelle Centre d'art contemporain, Brest

Pour la première fois, Passerelle participe à l’initiative « Une traversée photographique en Bretagne » qui propose tous les deux ans un parcours d’expositions de photographie dans toute la région. Cette monographie de Laura Henno intitulée « Grande Terre » fait partie d’une présentation plus large de la grande commande photographique « Radioscopie de la France » destinée aux photojournalistes et portée par la Bibliothèque nationale de France (BnF). Lauréate de cette bourse, Laura Henno a poursuivi un travail artistique, engagé, poétique et quasi sociologique qu’elle mène à Mayotte depuis 2013, date de son premier séjour aux Comores, archipel à laquelle l’île appartient. Dans son œuvre, elle témoigne des différentes formes de résistance à l’oppression ; c’est précisément à quoi elle s’attache à Mayotte en suivant les vies de bandes d’adolescents qui survivent sur le littoral de ce territoire contrasté et longtemps oublié par l’hexagone.

Pour comprendre les recherches de l’artiste, il est nécessaire de se pencher sur l’histoire de Mayotte, intrinsèquement liée aux mouvements d’autodéterminations et d’indépendances de l’après-guerre. Les Comores, alors sous protectorat français, se prononcent pour l’indépendance en 1974. Le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing refuse alors le résultat positif du référendum et conserve une des quatre îles, Mayotte, dans le giron de la République française. L’occupation devient alors illégale et condamnée par l’Organisation des Nations unies. En 1995, les visas sont rendus obligatoires pour les comoriens afin d’accéder à Mayotte. Pourtant, les populations de l’archipel allaient et venaient depuis toujours entre les différentes îles, tant pour voir de la famille que pour travailler. Cette scission géographique a créé une immigration clandestine qui n’existait pas auparavant, mais aussi sociale en exacerbant la haine des plus aisés envers les plus démunis.

Laura Henno s’est tout d’abord intéressée aux sans-papiers de la communauté comorienne vivant à la Réunion dans un complet dénuement, lors de résidences sur l’île entre 2009 et 2012. Elle voyait alors un parallèle entre l’histoire du marronage et la clandestinité imposée aux migrants. Le marronage était le nom donné à l’époque coloniale à la fuite d’un esclave hors d’une plantation vers des zones sauvages et inaccessibles. Il est devenu, par extension, un moyen de résistance contre l’esclavage. Cette première expérience la pousse à passer du temps aux Comores, puis à Mayotte, à la rencontre de ceux qui participent au système de l’immigration illégale dont des enfants passeurs.« Je fais résonner des existences et des voix plurielles qui cohabitent en marge de la société. En me concentrant sur des populations isolées, en situation migratoire ou de survie, j’explore la dimension créatrice des résistances qui s’y révèlent. Ma pratique de la photographie et du cinéma privilégie une approche immersive au sein des communautés que je suis sur plusieurs années. » révèle Laura Henno qui passe des mois entiers à suivre les mêmes groupes de jeunes. C’est lors d’un de ses voyages que, de nuit, elle perçoit des sifflements et des aboiements autour du village où elle réside. Cette atmosphère sonore très particulière l’envoûte, comme si le surnaturel surgissait de la forêt. Elle cherche alors à entrer en contact avec les jeunes hommes qui élèvent ces meutes de chiens en liberté, les entrainant notamment la nuit. Pourtant la population comorienne, très largement musulmane, bannit cet animal de la vie quotidienne. Laura Henno voit dans cette étrangeté de nombreux symboles dont celui de la réappropriation d’un moyen de domination : autrefois les chiens de chasse étaient utilisés pour traquer les marrons – les esclaves en fuite – et sont désormais aux mains de jeunes abandonnés. L’artiste choisit de restituer cette symbiose incongrue entre humains et animaux. La série de photographies qu’elle présente à Passerelle est ainsi le récit à la fois engagé et sensible de ses rencontres hors du commun.

Additional information

Ces photographies ont été produites dans le cadre de la grande commande nationale Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire financée par le ministère de la Culture et pilotée par la BnF

Dans le cadre d’Une traversée photographique en Bretagne en partenariat avec le Frac Bretagne

Avec le soutien de la Galerie Nathalie Obadia, Paris-Bruxelles

Exhibition curators

Artists

Partners

Dans le cadre de la grande commande nationale Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire financée par le ministère de la Culture et pilotée par la BnF

En partenariat avec le Frac Bretagne

Avec le soutien de la Galerie Nathalie Obadia, Paris-Bruxelles

Opening hours

Ouvert du mar. au sam. sauf les jours fériés, de 14h à 18h30 (le mar. jusqu’à 20h)

Prices, rates

Plein Tarif
- 3.00€

Accès mobilité réduite

Oui

Adress

Passerelle 41 rue Charles Berthelot 29200 Brest France

Means of access

Tram A – Saint-Martin ou Octroi

Updated: June 29 2023