Yves Chaudouët

Panoramique
Exposition
Arts plastiques
Les coopérateurs Limoges

Yves Chaudouët, Peinture bavarde: Pigfish, 2006 / Acrylique sur toile, 90 x 120 cm / Collection FRAC Limousin / Photo: D. Djuric

“ Yves Chaudouët est probablement poète autant qu’artiste. Voilà qui ne va pas faciliter les choses. La réception de son travail est déjà assez compliquée par le fait qu’il apparaît trop divers, polymorphe à l’excès – comme si ça pouvait être un défaut, non un caractère ”(1). Anne Bertrand ne croit pas si bien dire. Il est souvent difficile de saisir la démarche d’un artiste “ généraliste ” capable, avec des outils différents, de donner forme à un langage inédit. Et pour certains, la liberté consiste à ne pas se laisser réduire à un style reconnaissable (un produit ?). -Ernest T. ou Gilles Mahé nous reviennent en mémoire - quitte à disparaître momentanément ou à passer inaperçu pendant longtemps. Pour le commissaire d’exposition, la tâche peut être aussi délicate. J’en veux pour preuve les hésitations sur le choix des oeuvres, et même celui du titre fut l’occasion de nombreux échanges tant les jeux de langage sont une occupation qui lui est familière, elle aussi. Alors, par où prendre cette oeuvre plurielle, quel fil d’Ariane dérouler ? Objectivement, nous avons choisi le titre “ Panoramique ” pour dire l’étendue du champ de vision, en référence au cinéma, bien sûr, mais nous avons décidé de l’utiliser comme un titre générique. Plutôt qu’une exposition monographique quelconque, celle-ci est panoramique, même si le point de vue proposé n’est pas dominant, mais s’enfonce de plus en plus dans les ténèbres des profondeurs. Résumer en quelques lignes l’oeuvre d’Yves Chaudouët semble impossible. Récemment, certains essayèrent de l’envisager par le biais de la musique, après que d’autres aient tenté le nomadisme, le voyage, la fragmentation parmi d’autres approches. Puisqu’il décrit lui-même sa démarche comme “ enracinée dans la littérature ”, je suggère d’être simplement attentif à certains livres qu’il a lus, et à d’autres qu’il a publié depuis quinze ans. Parmi ses dix auteurs favoris, on trouve Herman Melville, Stéphane Mallarmé et Alfred Jarry, ou encore Samuel Beckett, James Joyce, John Cage et Lie Tseu, et, plus près de nous, Edward Ruscha, l’inventeur des livres d’artistes(2). Ses racines puisent donc dans le symbolisme, la pataphysique, le bouddhisme, ...et il considère le livre comme un espace plastique spécifique de l’oeuvre. Sa bibliographie débute en 1989 avec le bien nommé “ Il ne faut pas confondre monotype et célibataire ”. Cinq ans plus tard, il édite un jeu de cartes postales (“ Dieu ”), et deux modestes ouvrages aux titres évocateurs : “ Je ne fais que passer ” (en hommage à l’homme qui l’a élevé), “ The late late blues ” (dédié à Paul Bley). En 1996, il reprend un texte de Jean de la Fontaine (la vie d’Esope le Phrygien), puis les années suivantes sortent “ Lichens ” et “ Suspens/Détails/Témoins ”, livres qui combinent photographies et détails de monotypes. En 2001, “ Suspens ” à nouveau, avec des textes de Mallarmé, et “ My truck is a boat ” (mon camion est un bateau). L’année suivante, “ Observers ” (observateurs), un nouveau jeu de cartes postales paraît, avant la faste année 2003 où trois ouvrages très importants sont publiés : “ Film ” (ensemble de cent monotypes), “ Où allons-nous ? et Que faisons-nous ? ” d’après John Cage, et “ Poisson abyssal ” qui ouvre une nouvelle séquence de travail de sculptures lumineuses évocatrices de l’univers sous-marin. Ces trois livres sont des clés essentielles pour saisir les méandres récents du parcours de l’artiste. Dans cette exposition “ panoramique ”, on trouve des oeuvres très variées – images et sculptures - regroupées par analogie formelle, parfois thématique, mais le plus souvent par affinité de contrastes lumineux, sur un mode cinématographique. L’exposition présente pour la première fois des ensembles d’images (gravures anciennes, photographies en couleur, peintures murales, tableaux, monotypes, dessins) de différentes époques, aux thèmes (paysages, scènes d’intérieur, portraits), formats et techniques divers, présentés par blocs ou isolément, sans souci chronologique, qui, associés à des sculptures, forment des ambiances, des climats, des micro-paysages. Les titres de ses livres semblent résonner dans les salles : je ne fais que passer, suspens, observateurs, film, détails, témoins, où allons-nous ?, poisson abyssal. Mais, rassurez-vous, ce voyage filmique vers les profondeurs n’est pas du tout oppressant. S’en dégage plutôt un paisible sentiment de sérénité, d’humour et de légèreté. “ Yves Chaudouët transforme le monde en images qui frappent et qui demeurent ”. La formule d’Anne Bertrand est parfaite. Yannick Miloux (1) Anne Bertrand, 2006, dans dépliant/invitation de l’exposition ESBAM Marseille (2) catalogue «Critique et utopie », Rennes – Limoges 2001

Complément d'information

à noter :
lectures de l’exposition de 18h30 à 19h30 - entrée libre
> le jeudi 13 mars 2008 : par Yannick Miloux, directeur du FRAC Limousin
> le jeudi 17 avril 2008 : par Didier Mathieu, directeur du centre des livres d’artistes (Saint-Yrieix-la-Perche)

Nuit des Musées :
> le samedi 17 mai 2008 de 20h30 à minuit

Artistes

Partenaires

Le FRAC Limousin reçoit le soutien de la Région Limousin et de l'Etat (Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Limousin)

Horaires

mardi à vendredi: 10h - 18h samedi: 14h - 18h

Adresse

Les coopérateurs Impasse des Charentes 87100 Limoges France

Comment s'y rendre


 

Dernière mise à jour le 2 mars 2020