Yann Toma : Ouest Lumière

Exposition
Arts plastiques
Passerelle Brest

Du 25 mars au 21 mai 2005 Yann Toma « ouest lumière » Yann Toma revisite les codes sociaux à travers une entreprise fictionnelle, Ouest Lumière. Il interroge ainsi la place de l’artiste dans le champ économique et politique en s’appropriant la figure de l’entreprise comme forme culturelle. Pour Passerelle, l’artiste ouvre une agence Ouest-Lumière à Brest. L’exposition est constituée d’installations ainsi que de dispositifs vidéos.

Complément d'information

OUEST LUMIERE

Le centre d’art Passerelle accueille du 25 mars au 28 mai 2005 l’exposition "OUEST-LUMIERE" de l’artiste Yann Toma.

Yann Toma, né en 1969, vit et travaille à Paris. Depuis 1991 son travail interroge la mémoire collective et le rapport de l'humain à l'entreprise. Il a exposé plusieurs fois en France et à l'étranger à la fois dans des institutions culturelles, des galeries et des lieux alternatifs. Plusieurs de ses oeuvres se trouvent dans des collections privées et dans des fondations.

Artiste et chercheur, Yann Toma revisite les codes sociaux à travers une entreprise fictionnelle, Ouest Lumière, ayant existé avant EDF et qui fête cette année ses 100 ans. En réactivant des éléments d’archives de l'ancienne compagnie d'électricité Ouest-Lumière au début des années 90, il s’est approprié un réseau symbolique, une infrastructure dont il a fait son territoire de recherche et la matière même de son activité. Si différents champs d'opération reflètent aujourd'hui les manifestations de Ouest-Lumière, il s'agit avant tout d'un réseau immatériel que l'artiste a constitué patiemment, un réseau de résistance souterraine reposant sur la notion de mémoire. Cette entreprise mime le fonctionnement d’une entreprise réelle. Elle a un président, des actionnaires, des agents et des abonnés.

La reprise ainsi que la réactivation artistique de Ouest-Lumière s'inscrit dans un mouvement global épousant les notions de gratuité et de responsabilité. L’entreprise fictionnelle représente aujourd’hui un réseau d’influence composé de milliers de personnes. Yann Toma place prioritairement la compagnie Ouest-Lumière dans une logique publique d'intervention et d'expansion de son Capital fictionnel.

« Avec son réseau tentaculaire d’abonnés, son ubuesque président à vie, manipulant avec de grosses ficelles des légions d’agents subalternes et de détracteurs cooptés, Yann Toma a su faire de Ouest-Lumière une fiction heuristique. Heuristique car à cette fiction correspond une réalité économique : une colonisation esthétique du monde vécu par le capitalisme, rendue possible par la généralisation du travail immatériel, dont l’artiste constitue l’idéal type. Entreprise immatérielle, Ouest-Lumière est emblématique de ces métamorphoses dans la composition anthropologique du travail dans nos sociétés, où à l’économie fordiste basée sur la production d’objets se substitue une rationalité post-fordiste fondée sur la production de sujets à consommer des objets. Les « dispositifs de subjectivation » dont parle un Gilles Deleuze, que le monde de l’art contemporain s’emploie - à son insu peut-être, sinon à son corps défendant - à mettre à la disposition des industries de l’immatériel, sont ici mis en évidence pour ce qu’ils sont : à savoir, des dispositifs de production de nouveaux secteurs d’accumulation capitaliste. Trop souvent, aujourd’hui, le rapport de l’art avec le réel est imaginé en termes exemplifiés par les mésaventures de Don Quichotte et ses tentatives de remettre de l’ordre dans le monde : sa méconnaissance sublime mais auto-destructrice du statut de la réalité conduit à la conclusion mélancolique selon laquelle l’art serait bien inspiré de demeurer dans sa propre sphère, au lieu de combattre un ordre de réalité qui lui est intrinsèquement étranger. Ouest-Lumière renverse cette logique, suggérant qu’aujourd’hui le rapport conventionnel entre la fiction et la réalité s’est lui-même inversé. C’est là la dimension politique de l’entreprise fictionnelle de Yann Toma ; c’est là aussi sa profonde ambivalence. Et la raison pour laquelle il faut abolir Ouest Lumière. »
Stephen Wright (Faut-il abolir Ouest-Lumière ?)


Pour le centre d’art Passerelle, Yann Toma ouvre une agence Ouest-Lumière à Brest. L’exposition est constituée d’installations ainsi que de dispositifs vidéos.

Dans l’entrée du Centre d’Art est érigé un zeppelin jaune de 15 m de long portant la mention CAPITAL Ouest-Lumière. Autour de celui-ci des vidéos donnent à voir les dirigeants de certains services de Ouest-Lumière. Plus loin, une photographie géante issue de la campagne publicitaire fictionnelle de l’entreprise. L’image comporte le slogan suivant : "Nous assurons votre avenir énergétique".

La seconde partie de l’exposition comporte un dispositif photo et vidéo. Le premier est composé de trois écrans qui exposent un combat verbal inspiré du débat Bush/Kerry. Le débat/combat oppose l'individu à lui-même : le président d’Ouest-Lumière, l’artiste et le citoyen, mettant ainsi l’aspect schizophrénique du positionnement artistique aujourd’hui.
Le deuxième dispositif vidéo présente cinq autres directions de services de Ouest-Lumière. Ouest-Lumière permet à tous de pouvoir devenir abonné, par exemple, en adhérent au service de l'oubli, ou bien même à celui des armes de destructions massives.

En parallèle, l’artiste réalise "Transmission Brest", en collaboration avec les Beaux arts de Brest. "Transmission Brest" est une oeuvre processus dont Ouest-Lumière est le "label" officiel. L’oeuvre est constituée de 100 modules de morse-lumière, petits boîtiers électriques pré-programmés installés aux fenêtres des citoyens brestois participants (les abonnés). Chaque module diffuse en code Scott (morse-lumière) un mot choisi par l’abonné. Ce travail est une oeuvre processus. Elle se déroule en plusieurs temps et implique les habitants de Brest. Ces derniers sont moins des transmetteurs d’informations que des transmetteurs de liens. L’oeuvre a pour ambition de réunir une communauté autour d’un objectif collectif et de s’inscrire dans la mémoire des habitants du quartier. Elle contribue à la constitution d’un sentiment d’appartenance et d’une histoire commune. Par le biais de la prospection effectuée par les agents puis par le jeu du bouche à oreille, c’est bien au-delà du cercle des seuls abonnés, participants actifs au processus, que la connaissance et les informations sur l’oeuvre se diffusent. En haut de la mairie de Brest est disposé un dispositif de lumière morse composant en permanence le nom de tous les habitants de la ville.

Une campagne publicitaire ouest-Lumière est également assurée sur près d'une quinzaine de panneaux 4X3 dans toute la ville (avec le soutien de VIACOM).

Pour clôturer l’exposition une manifestation contre Ouest-Lumière sera organisée dans la ville de Brest.

L’entreprise Ouest-lumière assurera donc pleinement ses objectifs fictionnels durant son séjour à Brest. Elle prendra en charge momentanément l’avenir énergétique des brestois.

Une publication, en collaboration avec l’Université de Rennes 2 (Leszek Brogowski) et le critique Stephen Wright marquera l’aboutissement de cette expérience brestoise.

http://www.passerelle.infini.fr
http://www.ouest-lumière.org

Artistes

Horaires

HorairesLe mardi de 14h à 20hDu mercredi au samedi de 14h à 18h30TarifsPlein tarif : 3 eurosEntrée libre pour les adhérents, les scolaires, les étudiants de -26 ans sur justificatif et les demandeurs d’emploi.Entrée libre le premier mardi de chaque mois.

Adresse

Passerelle 41 rue Charles Berthelot 29200 Brest France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022