Wormhole

Pour sa première exposition personnelle à 22,48 m², Max Fouchy investit la totalité de l’espace de sculptures réalisées principalement à partir de bouteilles en plastique, le déchet par excellence de notre société de surconsommation. Cet usage du plastique n’a rien d’extraordinaire pour l’artiste car il a l’habitude d’utiliser et d’intégrer dans ses œuvres les objets qui l’entourent au quotidien. Il reconsidère des objets triviaux en dévoilant le potentiel des matériaux, et propose ainsi de repenser notre rapport au monde et aux choses.

Pour ce projet d’exposition, l’artiste s’est inspiré de la couleur jaune-orange typique des luminaires urbains, que l’on peut également retrouver dans les intérieurs domestiques. Max Fouchy thermoforme des pièces en plastique, qu’il remplit d’eau teintée de pigments colorés, créant des jeux de dégradé selon la densité du liquide. Les formes plastiques industrielles et géométriques prennent ainsi des aspects organiques. L’illusion est stupéfiante : l’artiste semble transmuter la matière plastique en verre. Bien que moins polluant que le plastique et infiniment recyclable, le verre reste un consommateur de ressources fossiles : le sable marin, principale matière première de sa production, ne se régénère pas si vite qu’on pourrait le penser, alors que la demande en sable a triplé en vingt ans.

Les sculptures de Max Fouchy sont pensées pour interagir avec leur environnement. Lumière et couleurs sont mobilisées pour transformer la perception de ces pièces et de l’espace dans lequel elles évoluent. L’éclairage traditionnel de la galerie est éteint pour cette exposition, pour permettre la perception des autres sources de lumière : les rayons de soleil qui se réfléchissent sur les pièces et l’aura propre des œuvres. La question du lustre se pose. Dans l’histoire, les premiers lustres apparaissent uniquement comme des objets utilitaires. C’est à partir du 15ème siècle qu’ils deviennent éléments de décoration et d'ameublement. Depuis, l'évolution du lustre s'est toujours faite dans le sens du luxe, en suivant les différentes modes. Les luminaires étaient un signe de pouvoir et de richesse, ils ornaient les salles des plus beaux palais d'Europe.  

Ce contraste frappant entre l’objet et son matériau est rappelé dans le titre de l’exposition Wormhole, trou de ver, qui en astrophysique dénomme un objet hypothétique reliant deux endroits dans l’espace-temps. Max Fouchy nous montre à travers ses œuvres, un jeu de renvoi entre éléments opposés : lieu extérieur et intérieur, état liquide et solide, verre et plastique, formes géométriques et organiques, objets utilitaires et de décoration, déchet industriel et artefact…

(Un texte de Jack Rothert Garcia accompagnera l’exposition)