When The Night Falls / Ruddy CANDILLON

Bien déterminé à explorer les pistes qui fécondent son energie...

Bien déterminé à explorer les pistes qui fécondent son energie, Ruddy articule et structure ses pensées, portraits, autoportraits, nature et civilisations en images fulgurantes et enflamées.

Jamais innocent, il touche le coeur de l’homme dans ses troubles les plus insaisissables... Au coeur du projet, sa propre incertitude défit la raison, chaque image révèle une histoire, un vertige dans lequel il plonge, lui donnant sa vérité.

Les figures incarnées se dissolvent et il réinvente un absolu non argumentable. Il peint ce qui sort du noir de la nuit afin d’extérioriser sa propre lumière, tisser des liens, trucider les harmonies trop évidentes en hallucinations devenues réalités. Donnant à voir un instantané qui en fin de compte se prolonge.

Il n’est pas derrière l’objectif, mais devant, invisible, mais présent. Percutant ce qui lui semble bon de l’être. Ses images, parfois du bout du monde, inaugurent de nouveaux délires non programmés qui défigent l’espace. Des histoires dans des histoires racontent ses errances. ses incertitudes sont celles que le monde lui renvoie.

Son message fantasque et écologique détermine ses pulsions créatives, ses photos sont le reflet d’une humanité qui bascule dans quelque chose d’irréparable et d’incertain, qu’il dénonce à travers son énergie, en étant libre d’être lui-même.

Ruddy ne se calme jamais, il électrise l’espace, détournant les logiciels qui aseptisent, préférant les corps qui concrétisent...
Les séance dans lesquelles il se met en action participent d’un rituel sacré et shamanique qui donne à ses images un sens et même l’essence d’une harmonie qui peut soudainement chavirer, comme le monde qui l’entoure, comme il entoure le monde de lumière.

Ses fééries initiatiques nous plongent dans un rêve prémonitoire et atomisé de l’homme dépassé par lui-même, éclaté et décomposé par un soufle incertain, dévastateur et technologique.

Il ne sait pas, mais sa génération verra peut-être le changement global d’une planète irradiée d’invraisemblances et destructurée. Tout semble possible, même une fin où ne survivra que le scorpion.

Ruddy danse la survivance face aux enjeux dont il est conscient.


Denis Fadier