Werner Reiterer

Des objets du quotidien, une apparence inoffensive… Soudain, l’oeuvre bascule dans le rire de l’artiste, métaphysique et distancié, et celui du visiteur, pris au piège et bousculé dans ses a priori. Pourtant, ce rire prend l’art au sérieux et assigne à l’oeuvre une fonction : Werner Reiterer souhaite « étudier les différents mécanismes qui déterminent notre perception du monde ». Pour ce faire, minutieusement, il prépare son coup, avec des dessins qui sont moins des projets d’installation en puissance que des preuves de la préméditation de ses forfaits. Ces preuves doivent être scrupuleusement conservées, car un jour vous deviendrez la victime d’une oeuvre de Werner Reiterer, pris au dépourvu mais reconnaissant de l’avoir été. Vous aurez en effet abordé avec l’artiste des sujets profonds – la mort, la religion, la société. Il n’aura pourtant fallu que peu de choses, un dispositif singulier, une sculpture qui n’a l’air de rien, une incitation à participer (« Criez aussi fort que possible », « Approchez-vous », etc.) et vous aurez été happé par l’oeuvre, acteur involontaire d’un art qui donne à réfléchir sur ses limites et le reste du monde. Les oeuvres de Werner Reiterer touchent juste, ses dessins frappent là où ça fait mal et se transforment en installations peuplées de respirations haletantes, de bombes, de gaz hilarant, d’effets lumineux et surtout d’une bonne dose d’humour noir. A l’occasion de sa deuxième exposition personnelle à la galerie Loevenbruck, Werner Reiterer présente un ensemble de dessins accompagné de quatre sculptures inédites. L’espace d’exposition se présente comme une sortie de secours, permettant de fuir temporairement la vie ou le monde qui nous entoure. L’artiste se donne un rôle de démiurge sans limites, permettant au visiteur de jouer avec la paix dans le monde, de connaître son espérance de vie, ou encore de découvrir ce que fait Dieu dans tout ça, et surtout de réaliser qu’il ne répondra pas à ses appels. Daria de Beauvais