Vrai Nord - Maurizio Savini

Savini se sert du chewing-gum depuis plus de 10 ans, matériau, peu conventionnel, apparu en Europe à la fin de la seconde guerre mondiale, il est devenu cette base de sa création artistique. Tout d’abord utilisé sous sa forme finie, sa couleur rose en fait un élément pictural ludique, et l’odeur en fait oublier la lourdeur du thème approché. Cette fois, utilisé sous sa forme la plus pur, blanc, Savini chauffe le chewing-gum, y incorpore parfois du pigment et le manipule comme l’argile, pour finalement l’étirer, le modeler et l’appliquer sur ses supports. Il invente de nouvelles cartes géographiques aux points d’ancrage moralement reliés entre eux par sa propre pensée. En ces périodes de grands bouleversements géopolitiques et économiques, les continents se peuplent de nouvelles identités ethniques éloignées de leur propre origine culturelle ; C’est alors que l’Art devient comme une image à la surface d’une eau stagnante dans le bassin d’une fontaine. Le monde, à la recherche d’une boussole vers une nouvelle morale, est plus dirigé par les banques et leurs stratégies économiques que par les réels besoins de l’Humanité. Ainsi prend forme une sorte d’apocalypse, où comme sur mes cartes, la mer noircit et les déserts se couvrent de glace. Cette exposition se veut être une recherche d’espérance, une espérance hors des schémas catholiques : une revendication au droit de vivre. Au centre de l’espace de l’exposition, se tient une architecture de style classique, dressée sur une carte géographique faite de sable, aux continents imaginaires, mais cependant assez proches de la réalité. Des branches d’arbres se reflètent sur certaines fenêtres donnant l’illusion que l’immeuble est entouré d’un paysage de nature sans limite, loin de tout urbain. Des tuyaux sortant du bâtiment par de petits trous apportent l’air nécessaire aux globes terrestres qui l’entourent afin de les faire se gonfler et dégonfler en rythme alterné. L’édifice représente l’histoire de notre planète sur laquelle nous vivons et dans laquelle nous sommes immergés quotidiennement. Mais pas seulement. Les nombreux globes respirent cote à cote invitant ainsi le spectateur à voir un monde difficile à reconnaître, de points de vue changeants, et dont les modifications subies, ont redessiné la géographie du « Vrai Nord » aux frontières délimitant l’exclusion aux dépens de la tolérance.