VIEWS ON POLITICS AND POETICS

Exposition
Chez Valentin Paris 03

L’exposition collective « Views on politics and poetics » rassemble les travaux d’artistes

dont l’ancrage formel et conceptuel atteste d’une pratique instruite par une histoire des formes,

héritage dont elle interroge la descendance non sans dissidence. En jouant sur les ambiguïtés

catégoriques du modernisme artistique et de ses possibles réversibilités, chaque oeuvre libère un sens

multiple, laissant apparaître ses sources tout en remettant en question leur légitimité. En usant de

stratégies de contournement, par des effets d’ambivalences formelles, ces oeuvres échappent à la

pure opposition frontale avec l’histoire qu’elles convoquent et dont elles assument pourtant

porter les stigmates.

En choisissant de présenter ces travaux dans un même champ spatial, il s’agit alors de penser une

unité dispersée pour (ré)inscrire l’oeuvre dans un devenir qui échapperait à toute interprétation

systématique ou totalisante, à tout discours global sur la pratique d’un artiste, bref à tout contexte

d’interprétation qui précèderait l’oeuvre . C’est aussi proposer de s’arrêter, simplement, en regard

ou en pensée, sur des oeuvres qui se seraient échappées de leur contexte originaire de monstration,

soustraites aux limites factuelles de leur propre actualité pour engendrer de nouvelles perspectives

d’interprétation.

Ces pièces, aussi divers soient les matériaux qui les façonnent, les motivations esthétiques ou

conceptuelles qui président à leur création, les références qu’elles convoquent, ont en commun de

questionner la notion d’objet par la reprise de motifs symptomatiques et/ou symboliques de notre

modernité, éléments qui participent d’une archéologie visuelle dont elles interrogent la pertinence

par de multiples réappropriations et déplacements. La notion de reste, d’empreinte ou de trace

opère comme un leit-motiv visuel et il semblerait que ces travaux, avec les singularités qui leur

sont propres, entendent poser la question d’un renouvellement des formes, ceci dans les termes

d’une écologie politique et poétique de la "reprise" ou d'un recyclage mental.

Ici, le tapis fonctionne comme cadre, hébergeant des oeuvres qui échappent à la simple opposition

binaire peinture/sculpture, ramenant à un même champ des formes qui à la fois investissent et

excèdent leur propre ancrage historique. Parce que la peinture et la sculpture renvoient ici dans

leur process toujours à autre chose qu’elles-mêmes, la généalogie d’une oeuvre ne peut être tracée

que dans la rupture, entre retour et renouvellement, "déjà vu" et disjonction, répétition et

décollement. Les modèles, les influences sont souvent pleinement assumés, et même lorsqu’elles

demeurent à l’état de trace, la force de ces oeuvres tient dans leur capacité à en creuser les écarts

anachroniques, ironiques ou même nostalgiques. L’image devient symptôme, son sens, sa forme

sont à géométrie variable. Laissant le temps y inclure ses métamorphoses, oeuvrant à champ

ouvert, l’artiste affirme la dimension intempestive de son geste. Appelées à se déplacer dans le

temps, par l’action du regard qui la visite mais aussi par la mise en contact, la confrontation avec

d’autres images, d’autres « pairs », les oeuvres présentées gagnent une nouvelle lisibilité. Ainsi, il

apparaît que l’enjeu de cette confrontation d’oeuvres, au-delà de toute perspective inventoriale ou

de cristallisation d’oppositions catégoriques, est bien plutôt d’ouvrir des brèches, de mettre à jour

des points de contact inusités sur le mode d’une actualité différée. L’autonomie de l’oeuvre entre

alors en résonance avec le collectif, loin de l’isoler elle l’ouvre à un dialogue en constante

rénovation.

Clara Guislain

Commissaires d'exposition

Autres artistes présentés

Michael BAUER,
Donelle WOOLFORD

Adresse

Chez Valentin 9 rue Saint Gilles 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020