Véra MOLNAR

"née en 1924"
Exposition
Arts plastiques
Granville Gallery Paris 14

VÉRA MOLNAR

Née en 1924

 

 

18 janvier – 7 mars 2014

Vernissage : samedi 18 janvier à partir de 15 h


 


 


 


            Si le titre de cette exposition est avant tout une référence biographique, Née en 1924 renvoie aussi à une œuvre qui appartient au cycle plus vaste de l’Hommage à Dürer que Véra Molnar a initié dès 1948. L’artiste y détourne le principe du carré magique, figuré dans la célèbre gravure Melencolia I (1514) du peintre, graveur et mathématicien allemand, en reliant de quelques segments les chiffres  1.9.2.4.

 

            Ainsi se dessine la trame de cette exposition organisée à l’occasion du 90e anniversaire de l’artiste : celle d’un regard porté sur les Hommages rendus par Véra Molnar à quelques figures majeures de l’art moderne, à travers une sélection d’œuvres significatives, pour certaines inédites, qui entendent rendre compte du caractère expérimental qui a toujours présidé à la démarche de l’artiste.

 

 

Née en 1924

 

            Née le 5 janvier 1924 à Budapest, Véra Molnar a reçu une formation académique à l’école des Beaux-Arts, aux côtés de François Molnar, son futur mari, Judit Reigl, Marta Pan et Simon Hantaï. En 1946, elle réalise « Arbres et collines géométriques » (Paris, Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou), une série de dessins qui allait la faire passer d’un art figuratif, encore assujetti à la représentation mimétique du réel, à une abstraction géométrique, dont elle ne cessera plus, dès lors, d’interroger les modalités. Une fois diplômée, en 1947, Véra Molnar décide de quitter la Hongrie pour se rendre à Paris, où elle s’installe ensuite définitivement et où elle fait la rencontre décisive de Sonia Delaunay, et une dizaine d’années plus tard, de François Morellet. Véra et François Molnar travaillent ensemble pendant une vingtaine d’années jusqu’en 1960, date à laquelle François Molnar obtient un poste au CNRS et délaisse sa pratique artistique. Véra Molnar met au point en 1959 la « machine imaginaire », qui l’amène à inventer des programmes simples (de simples idées), qu’elle met en œuvre de manière méthodique pour réaliser ses travaux étape par étape. À partir de 1968, et en véritable pionnière, Véra Molnar remplace ce dispositif imaginaire par l’ordinateur et réalise ses premières œuvres graphiques numériques. L’artiste notera plus tard que l’ordinateur était envisagé comme « un outil qui permet de libérer le peintre des pesanteurs d’un héritage artistique sclérosé » et qui « permet de produire des assemblages de formes et de couleurs encore jamais vus dans la nature ou dans les musées.[1] » Poursuivant une démarche singulière et avant tout expérimentale, Véra Molnar s’emploie à faire qu’« un tableau s’élabore à partir de trois facteurs : 1) un ensemble de formes ; 2) des règles de jeu qui les régissent (les deux parfaitement définissables, formalisables) ; et 3) un facteur totalement inconnu : l’intuition, l’humeur du moment de l’artiste qui fait qu’il choisit entre les milliards d’images que la règle du jeu rend virtuellement possible, tout juste un type spécifique d’assemblage.[2] » A rebours d’un idéal esthétique ou philosophique, qui voudrait que l’œuvre d’art soit nécessairement unique et intangible, Véra Molnar envisage sa pratique comme un formidable terrain d’enquêtes à investiguer, dont les recherches passées, qui sont méthodiquement consignées dans les douze volumes de ses Journaux intimes, véritable boite noire de son œuvre depuis 1976, constituent le matériau.

 

 

Hommages

 

            Se présentant volontiers comme une « créature des musées », Véra Molnar s’est appropriée dès les débuts, les œuvres de ses pairs illustres. Comme elle le rappelle, « le premier hommage fut peut-être à Mondrian parce que son côté très sérieux, très religieux [l]’agaçait un peu… Les autres sont venus au hasard des rencontres formelles.[3]» Certaines œuvres jugées intéressantes à interroger -de Dürer, Malevitch, Klee, Monet, Cézanne, Kupka ou encore très récemment du Bernin et d’Albers- sont révisées et constituent le point de départ de nouvelles considérations plastiques. Ainsi, « il y a quelque chose qui se déplace, qui fait que tout en se donnant autrement, quelque chose de la constance, de la force de l’œuvre interrogée est mis en valeur[4] ». Mais comme le soulignent Amely Deiss et Vincent Baby lors d’un entretien avec l’artiste[5], l’hommage agit sous la double modalité d’une « référence-irrévérence » : en se donnant pour but de poursuivre les recherches engagées par ces artistes et de les interroger, l’hommage constitue le point de départ de nouvelles réflexions tant théoriques que plastiques, qu’il s’agit ensuite de concrétiser sur tout type de support ; mais en ce qu’il peut s’écarter voire déroger intentionnellement aux principes de l’œuvre considérée initialement, il met en crise la doxa originelle qui a été la sienne.

 

            Organisée à l’occasion du 90e anniversaire de l’artiste, Née en 1924 est la première exposition personnelle de Véra Molnar à la Granville Gallery.

 

 

 

Franck Joubin, décembre 2013.



[1] Véra Molnar, « Regards sur mes images », 1984.

[2] Véra Molnar, « L’art et l’ordinateur », 1982.

[3]Repris d’Amely DEISS et Vincent BABY, « Entretien avec Véra Molnar (22 mars 2012) », in Véra Molnar. Une rétrospective. 1942/2012, Paris, Bernard Chauveau Éditeur, 2012 (216 p.), p. 19.

[4] Ibid.

[5] Ibidem 

Artistes

Adresse

Granville Gallery 23 rue du départ 75014 Paris 14 France

Comment s'y rendre

métro Montparnasse
Dernière mise à jour le 2 mars 2020