Un nouveau printemps

Exposition
Arts plastiques
Passerelle Brest

Stéphane Calais, dessin préparatoire pour Un nouveau printemps, Passerelle Centre d'art contemporain, Brest, 2014

Si le titre de l’exposition personnelle de l’artiste français Stéphane Calais à Passerelle Centre d’art contemporain résonne comme un heureux augure à l’approche d’un automne breton traditionnellement marqué par des cieux capricieux, il faut peut-être plutôt y lire l’ambition affichée de faire éclore, d’éveiller le lieu par la couleur et le trait.  Il y a, en effet, dans cette installation picturale comme une urgence à saisir l’espace, à figer son expérience première de cet ancien quai de déchargement aussi ample que bas de plafond, introduit par le Patio monumental avec sa poutraison de béton précontraint supportant la verrière.
S’il était besoin d‘analogie, on dirait volontiers que les espaces du rez-de-chaussée de Passerelle investis par Stéphane Calais se donnent à voir en perspective à l’image d’un théâtre à l’italienne. En deux temps et un même spectacle, la charpente freyssinienne s’envole dans une nuée de formes colorées qui en défie l’équilibre dans un ballet gravitationnel tandis qu’une fresque noire vient balayer la profondeur de l’espace du Quai dans une pure tradition painterly[1]. Chantre d’un grand art américain emblématique de cette « condition du peintre », le critique Clement Greenberg voyait dans la peinture de Jackson Pollock une nécessité de l’abstraction en ce sens qu’elle « créait cette apesanteur incorporelle qui ne pouvait transmettre ses effets que dans l’abstraction ». On croit volontiers cette perspective critique pertinente pour tenter une définition de la proposition brestoise de Stéphane Calais dont les formes libres agissent sur la structure même du lieu pour extirper le regardeur du poids de l’architecture. 
 
À l’épreuve du nouveau printemps, le lieu d’exposition devient celui d’une expérience physique que les images auront vraisemblablement bien de la peine à rendre. Tout ici procède de notions d’échelle - démesurée quand l’artiste suspend ses formes aux fermes du Patio, humaine lorsque son trait fulgurant scarifie l’espace ou encore domestique dans la subtile fragilité de ses peintures sur papier.
 
Maniant à loisir des médiums aussi variés que la peinture, la sculpture, le dessin mural, la sérigraphie ou l’emploi d’objets du quotidien, le travail de Stéphane Calais procède de la collusion des références. Ce féru d’histoire de l’art conjugue avec érudition respectueuse et malice critique les canons de l’art du siècle achevé dans une pratique qui ne cache ni sa sophistication ni sa trivialité. Son nouveau printemps rappelle ainsi les expériences pionnières des avant gardes à commencer par la Proun Room d’El Lissitzky qui en 1923 défiait les logiques de l’accrochage académique par le surlignage formel des spécificités et aspérités du bâti existant que la peinture blanche, attribut consacré de l’espace d’art, tend à neutraliser.
 
À Passerelle, paradoxalement, le motif qui inonde les murs, met l’espace à nu. Il projette son abstraction dans une triple fonctionnalité de toise, de révélateur et de contrainte de l’espace. Le motif cercle, limite et ouvre dans un même geste, résolu, implacable.

Tarifs :

3€

Artistes

Horaires

le mardi de 14:00 à 20:00 et du mercredi au samedi de 14:00 à 18:30 fermé les dimanches, lundis et jours fériés

Adresse

Passerelle 41 rue Charles Berthelot 29200 Brest France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022