UC-98, Sonar souls

La principale caractéristique des écoles de pensée du XXème siècle était de travailler sur le modèle du projet envisageant le temps comme un espace linéaire avançant vers le futur avec une idée de progrès.

Le XXIème siècle amorce une désagrégation de ce projet. Il opère un remodelage du temps vers un présent continuel, un temps devenu circulaire où tout change en permanence mais ne se développe pas vers un objectif défini.

Pour penser ce changement de paradigme le sociologue polonais Zygmunt Bauman a avancé en 1998 le concept de liquidité. La vie liquide, qui se vit dans la société liquide, ne peut pas conserver sa forme première, ni respecter une trajectoire de manière durable. C’est dans le flot, ou le flux, permanent dans lequel toute chose doit aujourd’hui être conçue et comprise.

UC-98 est une nouvelle fiction proposée par Hoël Duret, au cours de l’année 2016 déclinée en quatre étapes présentant chacune de nouvelles oeuvres du corpus. Elle met en scène les observations d’un banc de méduses piégé dans le noeud d’un câble de fibre optique sous-marin par lequel passent nos données numériques. Comme tous les câbles de ce type, il est identifié par un nom : UC-98. Depuis plusieurs années les corps mous, gélatineux et translucides des méduses sont traversés par la lumière d’UC-98 qui transporte les milliards d’informations mises en circulation par les hommes via le Web.

L’exposition UC-98 Sonar souls présentée à la galerie est la première étape de ce nouveau projet. Elle constitue l’amorce narrative d’une fiction qui dépeint un état sociétal fantasmé du monde. Hoël Duret y propose une première plongée dans la cosmogonie qu’il met en place.
Un a un, les éléments de cette fiction se révèlent et invitent à une flânerie dans cette histoire en volume. Des formes flottantes évoquant le banc de méduses dialoguent avec des corps mous sortis des comic book sur la quatrième dimension. Les tubes aux lignes fluides, références aux structures mobiles du design des années 1950, supportent des écosystèmes dont la lumière irradie pour envelopper ce qu’elle atteint.
Imaginant des paysages sous-marins inexplorés, Hoël Duret propose pour l’espace de la galerie un environnement à partir de l’une des composantes clé de son nouveau récit : la transmission par la lumière.

Katell Jaffrès et Hoël Duret

Après des études d’histoire de l’art, Katell Jaffrès effectue différentes missions au sein d’institutions culturelles en France et en Europe. En 2005 elle rejoint l’équipe de la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Elle est, depuis 2007, curatrice au Palais de Tokyo.

The main characteristic of 20th century schools of thought is that they modelled their work on a vision that saw time as a linear space advancing towards the future with an idea of progress. 

The 21st century is beginning a disintegration of this vision. It is remodelling time into a continuous present, a time that has become circular, in which everything is constantly changing but does not develop towards a definite objective.

To conceive this change of paradigm, in 1998 Polish sociologist Zygmunt Bauman advanced the concept of liquidity. Liquid life, which is lived in liquid society, cannot preserve its primary form, nor durably follow a trajectory. It is in this permanent stream, or flow, that everything must be conceived and understood today.

UC-98 is a new fiction created by Hoël Duret in 2016, divided into four stages, each of which presents new pieces from this set of works. It presents observations of a swarm of jellyfish trapped in the knot of a submarine fibre-optic cable that transmits our digital data. Like all cables of this kind, it is identified by a name: UC-98. For several years, the soft, gelatinous, translucent bodies of the jellyfish have been crossed UC-98’s light, which transports billions of data circulated by human beings via the Web.

The exhibition UC-98 Sonar Souls presented at TORRI is the first stage of this new project. It constitutes the narrative beginning of a fiction that depicts an imagined societal state of the world.
Hoël Duret offers us a first dive into the cosmogony he is establishing.
One by one, the elements of this fiction reveal themselves and invite us to wander through this three-dimensional history. Floating forms evoking the swarm of jellyfish enter into dialogue with soft bodies out of comic books on the fourth dimension. Tubes in flowing lines—references to the mobile structures of 1950s’ design—support ecosystems whose light irradiates, enveloping everything it reaches.
Imagining unexplored submarine landscapes, in the space of the gallery Hoël Duret offers an environment based on one of the key components of his new narrative: transmission through light.

Katell Jaffrès and Hoël Duret

After studying history of art, Katell Jaffrès worked in different cutural institutions in France and in Europe. In 2005, she joined the Cartier Foundation in Paris and since 2007 she has been curator at the Palais de Tokyo.