TOUJOURS

Pour son exposition inaugurale, pal project propose un ensemble scénographiquement audacieux. Toujours confronte les œuvres de Geoffrey Benhamou, Jean André, Hugo Capron, Pierre Clément, Maxime Fragnin, Valérian Goalec, Martin Kähler, Tommy Lecot, Raphaël Matieu, François Patoue, Pedro Ruxa et Maxime Souvent dans un premier commissariat de POURCEUX, maturé depuis plus d’un an. Des huiles ou acryliques sur toile sont confrontées à une installation aux couteaux, des céramiques ou des impressions sur œuf. Les médiums classiques y sont mis à mal et liés dans leur diversité par des artefacts expographiques étonnants. Sont notables les modules en bois vernis qui déconstruisent et dynamisent le placement des œuvres en instaurant avec elles un rapport intime et désacralisé. Prenant l’envers du white cube, ces modules décalent, avancent, brisent le lien classique de l’œuvre au mur ou au socle. 

Est de fait délaissé un mode d’exposition uniquement centré sur l’objet pour aborder une vision plus globale de l’ensemble visant à inclure totalement le visiteur dans l’espace. Les murs sont badigeonnés de peinture bleu ciel donnant une impression de flottement des œuvres dans un environnement poétique. Inspiré de l’architecte-designer Carlo Scarpa, dont le travail scénographique à Venise a marqué les esprits dans les années 1950-60, le commissariat de POURCEUX est un véritable engagement visuel. Selon Carlo Scarpa, un objet scénographique contemporain ne peut intervenir dans l’espace qu’à condition de révéler ce qui est déjà créé, pensée qui se retrouve dans la présentation de TOUJOURS. Ce dispositif d’exposition qui replace la galerie dans la lignée des recherches muséographiques du XXème siècle délaisse la vitrine pour assumer un projet curatorial affirmé dans un temps donné. “Exegui monumentum aere perennius” dit le poète Horace : la poésie et l’éphémère peuvent être plus durables que l’airain. Une exposition peut dépasser sa temporalité et une œuvre sa finitude, ce que disent précisément “Toujours” et “pour ceux”, compléments de phrase qui appellent à une suite. Ouvrant sur une édition indépendante, pal mag, que l’équipe souhaite renouveler pour les prochaines expositions, le pal project donne avec Toujours un ton aussi libre que pensé.