Tiger is a tiger is a tiger is a tiger

Exposition
Arts plastiques
Galerie Dix9 Paris 03
tissu, rembourrage en polyester et mousse, 110x30x44 cm

Tigre en polyester et mousse habillé d'un tissu utilisé par les femmes azeris pour se confectionner des robes

Coincidence ou acte délibéré ? la première exposition de l’année 2022 à la Galerie Dix9 est placée sous le signe du tigre, animal emblématique de la nouvelle année qui s’ouvre le 1er février dans le calendrier chinois, mais aussi symbole d’imageries dans la culture azéri. Glorifié comme «animal sacré», «maître des montagnes», «roi des animaux», le tigre a été adoré et vénéré par les Chinois depuis l’antiquité. Symbole de force et d’exorcisation des maux, il est encore aujourd’hui imprimé ou brodé sur des chapeaux ou des chaussures pour porter chance à de nombreux bébés.
Le tigre est aussi un animal vénéré et riche de symboles dans d’autres civilisations, notamment en Azerbaïdjan, pays qui fut sous l’influence successive des empires persan, ottoman et russe. Si Bakou est aujourd’hui devenue un kaléidoscope de coutumes, de traditions et de rituels, elle nourrit les recherches anthropologiques de l’artiste Farhad Farzali qui s’emploie à fouiller les multiples racines culturelles de son pays. Le tigre s’est ainsi révélé être une marque toujours présente de l’identité d’un Azerbaïdjan indépendant.

Complément d'information

Pour sa première exposition personnelle en France, FarhadFarzali a conçu avec Azad Asifovich et Asli Samadova, tous deux commissaires azeris, un projet inédit pour la Galerie Dix9. Com-binant culture traditionnelle, esthétique populaire et analyse de la situation géopolitique de l’ex-Union Soviétique, l’artiste propose une forme convaincante de catalogage du folklore post-soviétique qu’il développe autour de l’image du tigre.
Le titre de l’exposition, "Tiger is a tiger is a tiger is a tiger", renvoie à la citation de Gertrude Stein: "Rose is a rose is a rose is a rose", dans son poème "Sacred Emily" paru en 1922 dans le recueil "Geography and Plays". Cette citation invoque la force polysémique du mot « rose », qui représente autant un prénom qu’une fleur ou une couleur, tout en soulignant la loi de l’identité qui stipule que toute chose est ce qu’elle est. Les glissements de sens n’échappent donc jamais à une unité expressive et un ensemble de modèles communs, voire universels.

Dans le contexte azéri, le tigre est un symbole chargé d’histoire et d’imageries. Exterminé à ce jour dans l’enceinte du pays, le tigre incarne le passé païen de l’Azerbaïdjan, et plus précisément un attribut divin mésopotamien, qui représente le prestige et la chasse victorieuse. Au fil du temps, le tigre demeure un élément de décor essentiel, présent dans les mosaïques persanes de l’antiquité jusqu’à l’époque moderne, en tant que proie chassée et prisée. Il est l’annonciateur d’une apparition angélique dans certaines traditions islamiques. Dans la culture contemporaine, le tigre est devenu un symbole de virilité et de pouvoir masculin. Ces
échos anachroniques forment l’arrière-plan du travail de Farhad Farzali, et de son attachement à la figure du tigre.
Farhad s’intéresse particulièrement à la question du pelage félin. Sa série de tigres en peluche est fabriquée à partir de vêtements tigrés, portés de nos jours par les femmes azéris. De tels motifs sont considérés comme traditionnels dans la culture populaire en Azerbaïdjan, alors qu’ils proviennent de l’industrie internationale du textile. Si la symbolique du tigre est répartie de manière binaire entre les genres, Farhad en propose une interprétation non binaire et transgressive : le vêtement féminin contemporain sculpte une peluche dont l’iconographie est celle du tigre majestueux et virilisant. De plus, la peluche féline est un cadeau de mariage commun en Azerbaïdjan. L’artiste combine donc les codes et références afin d’interroger la valeur de ce symbole et de sa charge.
Dans une suite de peintures récentes, tels des portraits de félins, l’artiste fait varier les expressions faciales de ses têtes de tigre, dans un esprit systématique qui rattache le tigre à son statut d’image malléable et variable. Entre inspiration de miniatures persanes pour leur stylisation, et anthropomorphisme cartoonesque, ces têtes de tigre tendent à concilier les imaginaires.

Commissaires d'exposition

Artistes

Partenaires

Association Dialogue France Azerbaidjan

Horaires

mardi-vendredi 14h - 19h, samedi 11h - 19h

Tarifs

entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Dix9 19 rue des Filles du calvaire 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

métro ligne 8, station Filles du Calvaire

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022