Thierry Girard
Photographie : Thierry Girard
Pour la dixième édition de la résidence d’artiste Figure imposée, le Centre d’art la Chapelle Jeanne d’Arc invite Thierry Girard à porter son regard photographique sur les paysages de vallées du nord des Deux-Sèvres.
La représentation du paysage ne commence pas avec l’Histoire de la photographie ! Le paysage en tant que tel, dégagé de sa symbolique religieuse (la représentation de la Jérusalem céleste), se développe à partir de la Renaissance avec l’art italien et flamand. Le paysage peut être imaginaire, symbolique, réaliste, il sert néanmoins le plus souvent (du moins jusqu’à l’aube du XIXème) de prétexte et de décor à un certain nombre de « scènes » : scènes mythologiques, religieuses, rurales, marines, épiques, sublimes, paradisiaques… Ou plus simplement, scènes de la vie ordinaire et profane, notamment dans la peinture moderne.
Mon approche de la photographie s’est toujours nourrie de l‘Histoire de la peinture, et il m’est déjà arrivé d’établir des liens précis entre l’une et l’autre : par exemple, des vues « romantiques » à la David Caspar Friedrich lors de mon travail sur le Danube (Jaillissement & dissolution) ; ou une adaptation de l’Ukyio-e des peintres d’estampes (Hiroshige et Hokusai) à un travail sur le paysage contemporain du Japon (La Route du Tôkaidô).
Avec ce nouveau projet, j’ai voulu aller plus loin en inscrivant dans le paysage authentique et « pittoresque»“ (presque sans âge) du Thouarsais des mises en scène inspirées très librement de diverses époques de la peinture classique ou moderne (voire parfois d’oeuvres très précises). Les « acteurs »de ces scènes sont des hommes, des femmes, des enfants vivant sur le territoire et invités à participer à des situations parfois à la frontière du possible et de l’improbable. Plutôt que de traquer des situations réelles - ce qui est la contrainte naturelle de la photographie -, j’ai préféré retrouver la liberté du peintre qui
« invente ». C’est aussi une manière d’échapper au tropisme naturaliste de ce genre de photographies de paysage, et sans doute une invitation pour les « usagers » de ces lieux à les considérer sous un autre angle.
Thierry Girard