TERRES ALLIÉES

TERRES ALLIÉES

Demi-cercles, triangles, sphères surmontées d’excroissances nuageuses..., les sculptures en grès et porcelaine de Beatriz Trepat sont petites par la taille (moins de douze centimètres de hauteur en général), mais immenses par ce qu’elles suggèrent : un monde dans lequel chacune de ses pièces est un « microcosme instable qui semble vouloir se métamorphoser ». La même citation peut également définir les artistes de TERRES ALLIÉES.

Les animaux en faïence émaillée de Rémy Pommeret qui telles des chrysalides — inspirées par le dessin académique naturaliste comme par le cinéma fantastique — se transforment en offrant une relecture des Fables de La Fontaine. En témoigne son écureuil émergeant d’un cocon en forme de chou, et parasité par une fleur blanchâtre, qui incarne à lui seul la vie, la mort, la vanité. Des symboles qui habitent les Lucky Charms de Myriam Mechita, assemblage énigmatique de têtes, de crânes, de mains… Les corps ont disparu, ne reste que des fragments auréolés d’anneaux ou perlés de larmes, dont les couleurs rehaussent ce monde en souffrance d’un brin de poésie… Et d’humour. Un défi auquel répond Matias Karsikas en mariant ses fleurs en faïence, en grès ou en porcelaine à des morceaux de bois. Cette suture entre la branche non traitée et la glaçure sophistiquée s’apparente à la démarche de Réjean Peytavin, connu pour la manière dont il s’empare d’objets populaires pour mieux les détourner, créant ainsi des formes composites. Formes qui s’accordent à merveille aux boîtes à couvercle-sein de Raphaëlle Sabattié. « Mes sculptures sont des corps hybrides », dit-elle. N’est-ce pas là le fil d’Ariane entre ces six artistes dont les œuvres écrivent les mythologies du XXIe siècle ?

Sabrina Silamo

Rédactrice en chef de La Revue de la céramique et du verre