Tambour battant
salle principale©CyrilleWeiner
" L’occupation d’un lieu est un acte d’architecture. Pour inaugurer l’ouverture de Salle
Principale, nous décidons de l’aménager. Prendre la place n’est-il pas la meilleure
manière de faire place, et donc la laisser à d’autres ? Produire un lieu ne contient-il pas
en soi son abandon à sa perpétuelle, inévitable et magnifique transformation? Pour
nous, tout agencement appelle sa réversibilité. L’installation de l’espace d’exposition a
donc pour objectif premier de dresser les battants des imaginaires qui s’y ouvriront.
Ce lieu accueillera de multiples regards sur le monde habité, celui qui existe pour qui
veut le voir. Les changements prochains et complexes qui nous attendent dans des
situations chaotiques nécessitent des appréhensions artistiques ouvertes. Pour
entamer cette perçante œillade sur le monde, nous nous pencherons sur ce qui nous
unit. Lire et relire quelques articles fondateurs du code civil, pour tenter d’y déceler si
l’autre monde qui existe est bien dans celui-ci. Faire jouer, résonner et user les
tambours encore vibrants du lecteur de la loi.
Et puisqu’il faut bien faire le premier pas : si nous étalonnions à nouveau l’écart entre
propriété et appropriation ? Statique et mobile ? Meuble et immeuble ? Solide et liquide
? Peut-il exister une propriété diffuse ? Sur ces sujets fondamentaux pour tout acte de
création, que nous disent les textes ? Et surtout, que peut-on y lire pour construire
autrement ? La loi est-elle elle-même appropriable par le citoyen ? Cette première
foulée frappera comme un appel : notre plus grand vœu serait que d’autres s’en
emparent. Contribuer à déclencher des actions constructives. Et continuer de mener,
tambour battant, la transformation du monde que nous désirons. "
Patrick Bouchain