TABLEAUX VIVANTS

SOLO SHOW DE THIERRY CAUWET
Exposition
Arts plastiques
Maëlle Galerie Romainville

 

D’une façon générale, l’art de la performance, relayé par la vidéo, a été un des der- niers avatars du ready-made: mettre le corps vrai, réel, à la place de la figure repré- sentée, Thierry Cauwet est parti de cette évidence qu’il n’y avait pas, en fait, de pire illusion que ce réel là.

Il cite Malraux: «le monde de» l’art est irréductible à celui du réel», et Sollers: «Tout étant signes et ces signes nous forçant à penser, nous devons, si nous voulons pen- ser, agir précisemment ces signes.» Cherchant à remonter l’histoire d’une chute, Cauwet renverse la proposition selon laquelle «le verbe s’est fait chair» et tente que la chair se fasse verbe.

Dans ces premières performance-vidéo, l’artiste s’est en quelque sorte débarrassé de tout le fatras mythologique et de tout le psychologisme régressif induit par l’étude de cette «lisière» entre l’intérieur et l’extérieur, la vie et la mort, le sacré et le profane, la nature et la culture... On le voit, corps désincarné, peint en blanc, s’empêtrer dans un parc à enfant, mimer un accouchement ou encore, corps blanc muni d’une tête de chien noir, face à une femme, corps noir muni d’une tête d’ibis blanche, échangeant avec elle gestes et espace (une moitié de l’écran est noir, l’autre blanc). La dureté du contraste vient heurter de front cet ambiguïté indécidable de l’homme-animal ou de l’homme-femme.

Dans les travaux pus récents comme celui intitulé «rouge, jaune, bleu», l’artiste par- vient à une articulation plus complexe du modèle et de l’image qui le subordonne moins à ses références iconographiques. Des garçons et des filles, le corps entière- ment habillé et maquillé de jaune, de rouge ou de bleu, sont couchés et glissent dans des poses plus ou moins désarticulées sur des bandes de tissu teint dans les mêmes couleurs. Ce qui est le plus troublant, c’est de voir à quel point, en jouant sur le point de vue de l’objectif et sur l’effet optique des couleurs, Thierry Cauwet parvient à re- créer l’espace de certaines gravures ancienne comme l’Apocalypse de Saint Sever par exemple ou de peintures mozarabes où le corps humain est représenté flottant, tournoyant, cadavres parfois morcelés, sans consistance et comme propulsés dans un espace dépourvu de sens. En quelque sorte la réalisation de Cauwet montre le corps des vivants à travers le vide qu’ils ouvrent dans le monde.

Thierry Cauwet a été influencé par Yves Klein. Mais il s’adresse ainsi à lui pour s’en démarquer: «Tes empreintes sont des empreintes de corps pleins, des corps de femmes._ Les miennes sont des trouées d’espace dans l’infinie matière. Elles sont le corps d’un homme.»

Catherine Millet 

Artistes

Horaires

Du mardi au samedi De 14h00 à 19h00

Adresse

Maëlle Galerie KOMUNUMA 29 rue de la commune de Paris 93230 Romainville France

Comment s'y rendre

Adresse 1-3 rue Ramponeau 75020 Paris Transport Métro : Belleville (ligne 11-2) Sortie : Boulevard de Belleville Bus : 96 - Couronnes
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022