Sylvie FAJFROWSKA

Exposition
Arts plastiques
Artothèque d'Angers Angers

CDD pour 15,30m2 (détail), 30x50cm, colle et cire sur toile, 2010 / photo : Christophe Fouin

Sylvie Fajfrowska fait partie des artistes qui portent aujourd’hui en France les plus hautes ambitions de la peinture, en conjuguant l’intuition et une constante détermination. Elle cherche à réinventer la peinture en gardant la forme héroïque du tableau mais en refusant de choisir entre abstraction et figuration. A partir d’un premier geste spontané sur la toile, elle construit peu à peu la composition et l’image dont celle-ci est indissociable, en introduisant aussi bien des motifs abstraits que des objets ou figures, empruntés à l’actualité quotidienne et simplifiés par un dessin épuré. Posés sur ces fonds, les objets ou personnages échappent à toute narration réaliste et semblent choisis uniquement pour contribuer à l’organisation rigoureuse de la surface du tableau, tandis que des bandes de couleurs superposées prennent la forme d’un meuble ou la fonction explicite d’un motif décoratif. Le choix du vinyle et de la cire vient ensuite figer l’image et maintenir le spectateur à distance, quelque soit le format de la toile. Pourtant la peinture de Fajfrowska possède une très grande force d’attraction qui s’exerce physiquement sur le spectateur. Sans doute du fait de la dimension des figures, légèrement au-dessus de l’échelle réelle, de celui du format des toiles qui nous permettent d’entrer dans l’image : notamment la série récente des Rencontres de deux mètres par deux mètres. L’emprise des peintures vient plus directement de l’extraordinaire vitalité des couleurs qui, même dans les valeurs basses, fondent la construction sinon l’existence même du tableau. A fréquenter l’artiste et son atelier, on mesure combien la peinture est, au centre de sa vie, le mode de construction de sa relation au monde, non seulement à l’histoire de l’art, mais à la vie contemporaine, à la rue, aux images de tous les jours. C’est pour elle une pratique de haute intensité et une liberté qu’elle construit d’œuvre en œuvre. L’exposition rassemble une majorité de peintures très récentes associées à quelques dessins inédits du même format que ceux qui sont entrés en 2006 dans la collection de l’Artothèque, format unique de trente par trente centimètres. Une toile carrée de la série des Rencontres impose, au rez-de-chaussée, la vibration de ces deux rouges et ouvre un dialogue avec quelques dessins inédits. A l’étage, l’accrochage joue sur la répétition de formats identiques qui intensifie les jeux optiques à partir de deux séries différentes. Une série de formats très étirés en hauteur bloquent l’apparition de figures diversement colorées et habillées dans une petite largeur. La double amputation latérale stimule une vision abstraite des figures. A l’inverse, une deuxième série de petits formats horizontaux obéit à la contrainte de départ de construire un rectangle avec deux carrés. Elle installe en réalité une architecture illusionniste comme celle des peintures italiennes de la pré renaissance, accompagnée par des toiles de même format qui ne respectent pas la loi de construction gémellaire en introduisant de nouveaux motifs, comme celui du carton d’invitation. Des petits formats carrés ponctuent l’accrochage de l’exposition de rotations de couleurs superposées sur un fond uni, différent pour chacune. Peintes d’un seul geste ou dissociées en virgules allègres, ces bandes de couleurs concentrent la tension entre figuration et abstraction, présente dans l’ensemble du travail. Ce qui pourrait prendre la forme d’un manifeste gagne la légèreté d’une espièglerie, par la vitalité des couleurs, le mouvement qui les anime et le format réduit de ces petits carrés.

Horaires

du mardi au samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous en dehors de ces horaires.

Adresse

Artothèque d'Angers Repaire Urbain 35 boulevard du Roi René 49100 Angers France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020