STILL LIFE
Still life signifie « Nature morte », désignant un sujet artistique particulier, constitué d’objets, d’animaux, de végétaux, d’éléments inanimés… Une notion qui à travers le temps a subi une évolution sémantique ; tour à tour choses naturelles, vie silencieuse, vie immobile, pour finalement devenir l’un des grands thèmes de l’histoire de l’art.
Cette cinétique linguistique oscille entre vie et mort, choses et nature, vie et silence. Un mouvement révélant l’équivoque de la thématique puisqu’elle touche à ce moment de flottement entre deux états, difficilement définissable par nature.
En réunissant objets, installations, dessins, photographies et peintures, Lucie Bayens et Franck Garcia réinterprètent le thème et les termes de la Nature morte autour d’une proposition contemporaine de ce sujet, soutenant une affiliation à ce genre afin de (se) questionner sur ses ambiguïtés, explorer les limites sensibles de la vie et la mort, de l’énergie et du silence, des réflexes et de la culture…
Lucie Bayens s’interroge sur un retour possible à la nature. Se jouant des archétypes avec humour, elle produit des pièces comme les traces d’une errance : « artiste du sensuel, je remets en cause avec jubilation les principes d’esthétisme dans le respect d’une certaine éthique. Je cultive un « vivre comme si nous étions déjà morts » avec délicatesse et sauvagerie ». Elle glane les matières qu’elle tisse comme des questions suspendues dans les résidus du quotidien. Comment l’instinct survit-il en nous ? Renaîtra-t-il ? Nous portera-t-il encore ?
Franck Garcia a adopté la peinture comme unique médium mais également comme source de réflexion. Il propose souvent un sujet seul, frontal au premier regard, dans l’intention qu’il s’échappe ensuite en chacun d’entre nous, libre, hors de l’espace même du tableau. Des tableaux dont la toile n’est pas toujours totalement recouverte, parfois en demis châssis, sous-entendant un espace présent mais invisible, parfois sur la face arrière habituellement cachée (“dos au mur”), ou encore sur des formats assemblés sans dimensions définissables.
Les thèmes s’imposent d’eux-mêmes à l’artiste, par leur force et l’émotion qu’ils lui suscitent. Ils abordent le sensible, le souvenir persistant, le regard détourné, l’a priori des images et leur pouvoir à déclencher l’imaginaire. Une fois dessinés, les sujets deviennent des espaces, des formes, des prétextes à l’acte de peindre où l’état d’équilibre et d’évocation est alors en jeu.
Comme un rituel proche de celui de la chasse et du repas, lors duquel les artistes revitalisent la matière inanimée pour retrouver l’esprit de vie et provoquer nos sens, attirances et répulsions spontanées, Still Life est conçue comme un dialogue, une synergie née de la confrontation des travaux présentés, comme des joutes, proposant leurs approches respectives tout en cherchant les points de convergences jusque dans une installation commune réalisée in situ. Une sorte de cabinet de curiosité, un jeu de plume et d’os, probablement une morte nature composée de représentations d’un réel cru, d’analogie avec la grâce de la charogne.
Complément d'information
vernissage jeudi 27 octobre à 19h
entrée libre du mercredi au samedi de 14h à 18h
rencontre avec les artistes samedi 5 novembre de 14h à 18h