Stephen Maas

(re) Configuratio
Exposition
Arts plastiques
Galerie Bernard Jordan Paris 08

CAOS (THEN&NOW), École Guy Môquet, Ivry/Seine, 2007

(re)Configuratio (re) : cette parenthèse initiale renvoie moins au motif de la répétition qu'à celui de la reprise et inscrit d'emblée le travail de Stephen Maas ici exposé sous le double signe du temps et du multiple. En s'emparant d'une terre cuite grecque « Tanagra », qu'il reconfigure, il fait acte de réappropriation, mais cette réappropriation même est ici à double fond puisqu'elle constitue la poursuite ou la reprise d'un précédent travail réalisé à partir de Tanagras du Louvre. La démarche de (re)Configuratio porte alors autant sur la statuette originale, que sur l'installation de Stephen Maas à Ivry constituée d'un groupe de quatre figures ayant pour titre CAOS. Lauréat en 2004 de la Bourse d'Art Monumental d'Ivry/Seine, Stephen Maas a réalisé pour l'école primaire Guy Moquet en 2007 un groupe de quatre figures en résine verte, répliques agrandies de quatre terre cuites Tanagras du Louvre auxquelles correspondent au plafond quatre disques de plexiglas noir dont le diamètre est équivalent à la hauteur des statuettes originales. Dans cette première reconfiguration, Stephen Maas s'est alors réapproprié ces figures produites entre – VI av. J.C et – III av. J.C leur faisant subir une série de déplacements. Du moulage manuel il est passé au fraisage numérique, de l'argile fragile à la résine résistante, de la polychromie au monochrome, du léger au pesant, du très petit au grand. Dans CAOS, les jeux d'échelle et de métamorphoses de la matière révèlent sur le mode sensible le passage du temps, renvoient à la singulière plasticité de l'enfance, et soulèvent la question de ce qui fonde l'identité et l'essence d'un objet, d'un sujet : sa taille, sa couleur, le matériau qui le constitue, sa fonction sociale, son degré de résistance, sa capacité à devenir autre, à se réfléchir… Mais par un effet de retournement paradoxal cet acte de réappropriation restitue aux originaux des qualités que leur destin de pièces de musée leur avait dérobées. Les Tanagras, objets de culte domestiques, oeuvres modestes étaient obtenues par moulage, de multiples tirages en étaient réalisés. Productions de masse, elles s'apparentaient ainsi à une forme archaïque d'art sériel, leur reproduction par des procédés numériques quelques vingt siècles plus tard leur (re)conférant cette qualité. Poursuivant ce travail, Stephen Maas revient aux Tanagras dans cette exposition et se concentre ici sur une figure unique, celle de la Pleureuse déjà présente dans CAOS, que l'on trouve cette fois reproduite sans changement d'échelle, mais en cire bleue et non plus en résine verte, en cire bleue et non plus en argile. De la pleureuse, on retrouve aussi sa partie inférieure ayant été soustraite à la figure originale son buste, sa tête et ses bras. Cette base dont la forme rappelle celle d'une cloche est, elle, agrandie ; elle est constituée de plaques de mousse polyuréthane collées et fraisées numériquement. Ce procédé de collage laisse apparaître à la jonction verticale des plaques, des lignes courbes qui sous un certain angle redessinent la silhouette même de la cloche. C'est alors la ligne, le dessin qui reconfigurent la forme et reposent la question de l'identité dans la transformation, ainsi que celle des rapports qu'entretiennent la ligne et le volume. Qu'advient-il lorsque le volume, la sculpture se trouvent transposés dans le dessin, un autre type de reconfiguration ? Cette interrogation sur le devenir des formes doit être entendu aussi bien au sens diachronique, la Pleureuse de la Grêce antique à 2008, qu'au sens synchronique puisque Stephen Maas fait dialoguer dans l'espace de l'exposition différentes variations autour de la même forme. L'exploration des modalités sous lesquelles la figure est présente et (re)présentée se poursuit avec une autre pièce, qui renverse la perspective, en invoquant la Pleureuse par son absence. Stephen Maas revient à la résine verte et superpose horizontalement les plaques dont ont été extraites les figures d'Ivry, les faisant apparaître cette fois en négatif, en réserve. Agrandir, soustraire, superposer, coller, dessiner, extraire, autrement dit, rendre visible la performativité de la forme, son activité, c'est-à-dire aussi rapporter son essence aux catégories de la perception, le temps et l'espace. Aux disques de plexiglas noirs de CAOS répondent dans (re)Configuratio trois plaques du même plexiglas placées en appui les unes contre les autres et posées verticalement sur le sol. De disque, ici, il n'est plus question, mais de trois carrés en expansion, trois carrés dont les angles s'étireraient vers l'extérieur, cette forme dynamique, cinétique même, fait écho aux bras levés de la pleureuse, qui dans sa pose de désespoir se prend au sens propre (et figuré ?) la tête entre les mains. Or, ces carrés en expansion, dessinent par leurs angles étirés un cercle absent. Les disques noirs de CAOS se voient ainsi reconfigurés en cercle, de la forme il ne reste que le dessin, sous sa forme minimale : la ligne absente. Hélène Boulard

Horaires

La galerie est ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Bernard Jordan 2Bis Av. Franklin Delano Roosevelt 75008 Paris 08 France

Comment s'y rendre

 

 

Dernière mise à jour le 2 mars 2020