Stefan Nikolaev

Les oeuvres de Stefan Nikolaev, si elles s’articulent autour d’une mémoire, s’inscrivent formellement dans le temps prosaïque du quotidien occidental. Il est un voyageur en transit. Son univers : une boutique duty free. Et, renvoyant à la notion de «chrono», son travail nous introduit dans un «temps intermédiaire», un temps de l’attente. Entre langue maternelle et langue d’adoption, l’artiste, à partir du vocabulaire international des objets et des marques, développe son propre langage, son propre outil de communication. Mobile Nokia, home trainer, cigarettes Pall Mall, néons et karaoké en constituent, parmi d’autres, les termes usuels. Mais l’efficacité de ce langage codé, qu’elle soit réelle ou fantasmée, ne doit pas occulter la complexité du texte qu’il est supposé résumer.
Qu’il soit cyclique ou linéaire, littéral ou métaphorique, le temps - celui qui passe, mais peut-être encore plus, celui qui est passé - imprègne presque entièrement le travail de Stefan Nikolaev. De la même façon qu’en sport, on parle d’un temps de référence à partir duquel le champion va tenter de «faire un chrono», on ne peut évoquer le travail de l’artiste sans se référer à ce temps, fantomatique aujourd’hui, des années 70-80 dans les pays de l’Est, qui constitue son temps de référence - celui à partir duquel il élabore une oeuvre dont on découvre progressivement la cohérence et la singularité.
L’épreuve du temps, de la distance. L’expérience de l’éloignement.