Résultats 2022

« Natures Mortes » Recherche et écriture d’un essai sur l’art et la ruralité

Ce projet se propose d'étudier les nouvelles formes d'art contemporain produites en contexte rural au prisme du genre de la nature morte. Comprend-on mieux le foisonnement et la grande diversité de ces pratiques si nous l’inscrivons - non pas dans l’héritage de l’art conceptuel et de l’esthétique relationnelle, bien que cette histoire joue un rôle majeur dans l’émergence de ces pratiques - mais dans l’histoire plus longue de la nature morte, c’est-à-dire de l’importance accordée aux choses ?

La république (Cynique), une contre-histoire de la Performance

Ce projet de recherche sur la performance entend proposer une approche historique et temporelle différente de cette pratique dont en général les chercheurs des « Performance Studies » ont coutumes d’avoir. En effet au lieu de prendre comme point de repère pour l’apparition de cette pratique du mouvement et du geste qui se distingue du théâtre ou du ballet des auteurs du XIXe siècle ou du début du XXe siècle comme par exemple Alfred Jarry ou Antonin Artaud, Bertold Brecht ou Jerzy Grotowsky, ou des artistes comme Isadora Duncan ou Marcel Duchamp, Mary Wigman ou LoÏe Fuller, cette étude propose de revenir à des sources bien plus anciennes : le cynisme ancien.

Transverbérer. Pour une trans*écologie du mouvement

Il y a en moi des mouvements qui ne sont pas de moi, mouvements de la respiration, des hormones, de la digestion, de la gravité qui me lient aux autres êtres qu’humains qui m’entourent. L’écologie, comme activisme et comme domaine d’étude, nous apprend à les reconnaître et à nous accorder à eux. Les arts, la danse et la performance en particulier, ont elles aussi un rôle à jouer pour aiguiser les sentis de nos solidarités avec d’autres entités qu’humaines. Transverbérer est une enquête sur ces danses transécologiques.
Son terrain privilégié lui est fourni par un préfixe, «trans*», qui signale la traversée, le changement ou le dépassement des binarités, et qui s’attache en particulier, mais pas univoquement, aux personnes qu’on dit trans ou non-binaires et à leurs transitions, c’est-à-dire à leurs manières de quitter le genre, le sexe, ou la persona sociale qui leur ont été assignées, pour aller voir ailleurs.
Les performeureuses trans* ont une longue histoire de dialogues, de mélanges et d’hybridations, non seulement entre les genres, mais aussi avec les autres êtres qu’humains, ouvrant les luttes de genre à l’écoactivisme, et proposant des alliances entre quantité de créatures que l’humanisme moderne/colonial a laissées de côté.
Comment apprendre et intensifier, en dansant, ces alliances au cœur des transécologies du mouvement ?

Post Performance Furniture : c'est que Jack Spicer m'a fait

Découvrir et étudier les textes de performance inédits de Jack Spicer à San Francisco, réaliser une série d’entretiens avec des artistes et poètes contemporains afin de restituer sa pratique dans le contexte de la post-performance future. La voix de Jack Spicer a besoin d’être entendue, ses textes joués, sa poésie dite, lue. Pour cela, je propose de rechercher les pièces inédites de poésie à performer et d’effectuer une recherche sur le rapport à une post-théatralité qui tend vers une performance ancrée dans le quotidien via les objets scéniques. Per-furniture: réfléchir aux formes produites à partir de la notion de mobilier acté. Aux sources de la performance, le
« parfournir »: donner forme. Il s’agit de penser en écho à la poésie de Spicer : « les mots  comme le mobilier du langage ». Pour cela, analyser le fonds conservé à la bibliothèque universitaire de Berkeley, notamment les tapuscrits et manuscrits afin de voir les indications didascaliques. Découvrir des pièces inédites et relier le travail à la recherche poétique. Réaliser des entretiens avec des artistes et poètes.

Journaux de classe. Typographie et littératie dans la pédagogie Freinet

L'enseignement des écoles Freinet offrait aux élèves du primaire la possibilité d'apprendre en travaillant. Les enfants rédigeaient des textes lors d’exercices d’écriture libre, puis les imprimaient ensemble à l’aide de caractères typographiques. Rapidement, la pédagogie Freinet se développa en un mouvement international. De nombreuses écoles correspondaient, s’envoyant les textes sous forme de petits journaux. Le but de cette recherche est de découvrir ce que le potentiel expressif et émancipateur de ces textes imprimés peut signifier pour les pratiques contemporaines du design graphique et pour la façon dont nous abordons aujourd'hui la littératie.

James Robert Baker, une oeuvre vidéo inconnue de la scène californienne

Cette recherche entend parcourir les archives et œuvres inédites de James Robert Baker (1946-1997), vidéaste, poète, romancier et scénariste ayant fait partie de la contre-culture gay californienne. Personnalité oubliée qui persiste dans l'histoire par sa caricature d'anarchiste à l'homosexualité menaçante, son œuvre est pourtant prolifique, complexe et offre une analyse acerbe des mythologies cinématographiques hollywoodiennes. Si l'on s'en souvient par ses romans qui ont connu un intérêt chez un lectorat gay dans les années 1980 et par son film satirique, Blonde Death, référence chez les vidéophiles amateurs de séries B, il est pourtant à l’origine d’une œuvre vidéo foisonnante, composée d'un ensemble de vidéos autoproduites dans lesquelles il se met en scène. Cette œuvre n’a jamais été prise en charge, ni par le milieu cinéphile, ni par celui de l’art contemporain, bien qu’elle s’inscrive directement dans la tradition des pionniers de la vidéo américaine : Mike Kelley, Paul McCarthy ou Wolfgang Stoerchle. Aucun ouvrage n’a été consacré à son œuvre depuis son suicide en 1997.

Printed Matter Matters : les pratiques artistiques d’écriture de Jean-Noël Herlin

Jean-Noël Herlin est un artiste, actif comme libraire, archiviste et expert, né à Paris en 1940 et vivant à New York depuis la fin des années 1960. En 1972, il y fonde J. N. Herlin, Inc., une librairie d’antiquariat spécialisée dans les sources primaires relatives aux arts visuels ainsi qu’à la performance et dans les livres d’artistes alors émergents. À partir des années 1980, il consacre sa vie à la constitution d’une archive d’éphémères grâce à un réseau d’artistes et de critiques qui lui échangent ou vendent leur courrier de la veille. « When art is concerned, I am a junkmail junky », affirme Jean-Noël Herlin. Basé à Manhattan, il est le témoin privilégié des expérimentations de la scène newyorkaise contemporaine et se nourrit intimement des nouveaux paradigmes artistiques qui s’y développent, comme l’art conceptuel ou Fluxus. Alors qu’il est admiré par les libraires spécialisés et sollicité pour ses expertises d’œuvres ou de fonds d’archive par les plus prestigieuses institutions américaines, il continue de travailler dans les marges.

Depuis ma première visite dans l’appartement de Jean-Noël en 2014, une relation de confiance s’est construite, lui qui a toujours été ouvert à la transmission mais réticent à toute forme d’enregistrement. Mon enquête porte sur ses multiples pratiques d’écritures – éditer un catalogue de libraire, indexer, classer, constituer des dossiers, rédiger compte rendu d’expertise mais aussi dessiner – et s’appuie sur les outils de l’anthropologie visuelle. Documents, œuvres, sons et vidéos seront présentés dans une installation rendant compte de son parcours exceptionnel de vie dans l’écrit.

Jean-Luc Godard / Jean-Christophe Averty. Héritiers de la page imprimée au cinéma et à la télévision. Une étude comparée sous le prisme du graphisme

Confronter les productions de Jean-Christophe Averty et de Jean-Luc Godard sous le prisme du graphisme s’impose en raison de l’attention particulière que chacun a porté à l’écrit et à la mise en forme graphique. La distinction normative entre télévision et cinéma n’a pas favorisé un réel dialogue entre les deux hommes. En raison de son domaine de production — la télévision — jugé peu digne d’intérêt par la critique, Averty est demeuré, malgré sa notoriété, dans un angle mort de l’histoire culturelle. Il a toutefois joué un rôle d’éclaireur en se désignant comme « metteur en pages de télévision ». Alors qu’on pouvait le considérer comme un recycleur avisé et inventif du cinéma de Godard — indépassable dans les années soixante —, que ce soit par l’humour, la parodie ou en raison de goûts convergents, sa production permet de dégager des rapports d’influence inattendus. À bien des égards, Averty précède Godard dans ses modes d’agencement et ses trucages vidéo, notamment dans Histoire(s) du cinéma. Le rapprochement des expérimentations visuelles de ces deux auteurs contemporains est le plus souvent négligé par les historiens de l’art. Cet essai visuel et théorique vise à y remédier et à enrichir ainsi l’histoire et la théorie des arts contemporains, à l’aune de la question graphique.

Cookie Mueller Project

À partir de septembre 2022, j’intègre la résidence AirLab créée par l’Université de Lille en partenariat avec le Conseil Régional Hauts-de-France avec le soutien du Fresnoy Studio des arts contemporains. Dans le cadre de cette résidence, associés à 11 chercheur·euse·s et 3 laboratoires de recherches, nous effectuerons un travail collaboratif de traduction et d'interprétation du livre How To Get Rid of Pimples de Cookie Mueller et des extraits de sa rubrique Ask Dr Mueller. Si ce travail dans le cadre de cette résidence a pour finalité une exposition, nous souhaiterions, avec le Laboratoire CECILLE (Centre d’Études en Civilisations Langues et Lettres Étrangères), profiter du caractère inédit de cette recherche afin d’envisager une publication. Elle comprendrait une iconographie actualisée autour de Cookie et de son œuvre littéraire et des articles produits par différent·e·s chercheur·euse·s. C’est dans le cadre de cette publication que je souhaite effectuer une recherche menant à un essai autour de nos temporalités, nos généalogies et nos futurs queers.