23 lauréats, dont 7 en post-production et 16 en développement, ont bénéficié en 2024 du soutien Image/mouvement, à la suite des deux sessions de la commission dédiée qui se sont déroulées le 20 juin et le 9 octobre 2024.

Projets soutenus en post-production

Ad Libitum pour le film de Dominique Cabrera

Le cinquième plan de La Jetée

Pendant l’exposition Chris Marker à la Cinémathèque, mon cousin Jean-Henri s’est reconnu dans "La Jetée". Il était là de dos, avec ses parents sur la terrasse d’Orly dans le cinquième plan du film. Si c'était lui, il était le héros du film, enfant. Toute la famille les a reconnus, j’ai été happée par sa vision et par les chemins secrets qu’elle ouvrait dans l’histoire de notre famille et dans celle des images : c’est par Orly que notre famille était arrivée d’Algérie en 1962, quant à Marker…

Kinoelektron pour le film de Bani Khoshnoudi

Point de fuite

Des maisons abandonnées, des objets survivants porteurs de mémoire. Exilée d'Iran après l'interdiction de son film, la cinéaste Bani Khoshnoudi brise le silence familial au sujet d'une cousine disparue, exécutée lors des purges dans les prisons politiques en 1988. Aux prises avec son éloignement, elle utilise des fragments, des archives, ainsi que ses images diaristiques des années passées à Téhéran pour réfléchir à ce tabou collectif, tout en contemplant la résistance qui continue de croître au sein de la société.

Les Films Hatari pour le film de Virgil Vernier

Hidden Hills

Jason dirige une compagnie de traitement de nuisibles à Los Angeles. Avec son collègue Joe, ils forment Laura, une nouvelle recrue. Jason reste marqué par la grande mission de sa carrière lorsqu’il y a quelques années, il s’est occupé de la maison de Kim Kardashian et Kanye West à Hidden Hills, Calabasas.

Mujo pour le film d‘Anouk Moyaux

Selegna Sol 

Après avoir vécu vingt-deux ans à Los Angeles, Gibran, un jeune homme de 37 ans d’origine mexicaine décide de retourner vivre à Tecate au Mexique, son village natal. C’est à la préparation de ce projet qu’il s’installe pour quelques années à Glassell Park, East Los Angeles, le quartier où il a grandi auprès de ses amis de toujours Claudia et Joel. Alors qu’il cherche les conditions économiques et pratiques de son départ, Gibran redécouvre peu à peu les liens émotionnels, relationnels et historiques qui l’attachent à la ville de Los Angeles qu’il souhaite quitter. Le film construit tel une tranche de vie, explore la question: “What is it that makes a place a Home” du point de vue américano-mexicain.

Salaud Morisset pour le film de Maxime Garault

Sa Rafale

Guillaume est un ami. Il est schizophrène. Il a déjà été hospitalisé quatre fois. En 2015, Guillaume quitte Paris pour s’adonner pleinement à son activité de peintre. Le 1er mars 2020, je suis hospitalisé à mon tour dans un service de psychiatrie. Là-bas, je prends beaucoup de notes. Je pense à Guillaume. Lorsque je sors, il me donne justement de ses nouvelles. Il aimerait que l’on refasse un film ensemble. Cela tombe bien, je voulais lui proposer de faire le portrait des patients que j’ai rencontrés à l’hôpital, sur la seule base de mon récit. Je lui fais part de mon idée, il accepte avec enthousiasme. Le 1er août, je le rejoins.

Shatamata Production pour le film de Randa Maroufi

L'Mina

Jerada est une ancienne cité minière au Maroc. Cette ville a eu son un âge d’or qui naquit dans les années 30 et son déclin fut enregistré en 2001. Depuis lors : récession, fronde qui gronde dans la population.

Société Acéphale pour le film de Mathilde Girard

Les épisodes - recherche Médée

Comment reconnaître Médée? Que peut-elle nous révéler de nous-mêmes? Je la cherche avec Alice, Élise, Nino et les ami·es, au carrefour de nos questions urgentes sur la vie, l’amour, les enfants. Entre l’intimité et le texte, celui d’Heiner Müller Médée-matériau, chacun·e apprend à se raconter. Peut-être cette fois saura-t-on entendre.

Projets soutenus en développement

1988 Films pour le film de Liv Schulman

Un circulo que se fue rodando. Volet II

En 2025 dans les rues des villes de El Dorado et Posadas Misiones en Argentine un groupe de 25 personnes portant des T-shirts sur lesquels sont imprimés des axiomes évolue dans une étrange chorégraphie dispersée en six plans séquence. La caméra se déplace sur les routes rouges tropicales, dans les ruines d'un hôpital psychiatrique abandonné, errant dans des boîtes de nuit et des bars isolés. Elle saisit des mots et les arrange pour composer un long poème qui dépeint le portrait psychiatrique d'une société en crise économique, politique et contraceptive.

Bootstrap Label pour le film de Fleur Albert

Ingrid Caven Variation 

Ingrid Caven Variation compose le portrait diffracté d’Ingrid Caven, actrice, chanteuse, égérie de Rainer Werner Fassbinder, Daniel Schmid, Jean Eustache et Yves Saint Laurent, héroïne du prix Goncourt 2000 qui porte son nom, écrit par Jean-Jacques Schuhl.
Vrai faux biopic, le film déploie des points de vue sur cette « muse » en une dizaine de variations, le temps d’un tournage où se mêlent le casting d’une Ingrid Caven imaginée et imaginaire et la présence de la vraie femme d’aujourd’hui telle qu’en elle-même, ainsi que des images d’archives de ses multiples prestations. D’autres comédiennes et comédiens français et allemands — toutes générations confondues, tels que Joana Preiss, Pascal Greggory, Paula Beer — joueront et reconstruiront Ingrid Caven et ses mythes.

Darjeeling pour le film de Chloé Galibert-Laîné

La Grande Vacance

La Grande Vacance est un projet hybride, à mi-chemin entre l'essai documentaire et la fiction spéculative, sur les images de l'épuisement, et sur l'épuisement par les images. Prenant pour point de départ une vidéo trouvée sur la plateforme de streaming en ligne Twitch, qui montre un internaute se filmant en train de dormir afin de monétiser son temps de repos, le film mène une enquête critique sur l'articulation contemporaine entre fatigue, (auto)-exploitation, et pratiques des écrans connectés.

Les Films de la Villa pour le film d‘Emmanuelle Demoris

Avancer

Depuis l'aujourd'hui de 2024, notre regard se tourne vers l'arrière pour raconter une enquête faite au tournant du millénaire. Emmanuelle Demoris avait voyagé pendant neuf mois pour enquêter sur les rapports des vivants avec les morts, de Paris jusqu’à Gaza, en voiture. Raconter cette aventure avec les images de l'époque, c'est découvrir des imaginaires qui déploient librement leurs visions de l’humanité à une jonction légère de la métaphysique et de l’histoire. Mais la raconter aujourd'hui en inscrivant notre rétrospection depuis le présent par quelques escales en 2024, c’est aussi donner à voir et à éprouver les bouleversements qui ont touché notre monde et ses images depuis 1999. Le récit du film est un voyage dans l'espace et dans une matière du temps où le passé fait voir le présent, y trace une route.

La Huit pour le film de Mina Saidi Sharouz

Depuis que je suis partie - des jardins dans les ruines

40 ans après le terrible tremblement de terre qui a secoué la région de Tabas en Iran, un collectif de jeunes entreprend la rénovation du village en terre, détruit et abandonné par leurs parents. Je reviens en ces lieux que je connais et décide de suivre le combat de ces hommes et de ces femmes dans un pays fracturé.

 

LLUM pour le film d‘Olivier Derousseau

"A"        

Les protagonistes de ce film sont de jeunes adultes en proie au spectre autistique. Tous les mardis depuis 11 ans, à Antony, dans l'hôpital de jour où ils sont accueillis, ils et elles expérimentent des instruments électro-acoustiques et chantent au gré de leurs présences. 

Cette formation, à géométrie variable, s'appelle Les Harry's et se produit aussi en concert.

Local Films pour le film de Natacha Nisic

Laulima - Thousand Hands

En août 2023, la ville de Lahaina, ancienne capitale du Royaume de Hawaï, a été dévastée par un incendie fulgurant. Depuis, les questions posées par la reconstruction de la ville sur l’île de Maui font émerger une histoire enfouie et bafouée, celle des autochtones de la communauté de Hawaï. 

Le film Laulima - Thousand Hands est une tentative de faire émerger leurs récits et redonner leur dignité à des êtres profondément blessés et d’accompagner leur chemin pour se reconstruire.

L'œil vif productions pour le film de Sebastian Pinzón Silva et Canela Reyes

Gigante

La grande Ceiba de la Liberté, ce précieux kapokier qui se dressait sur la place principale d'une petite ville colombienne, s'est effondrée au milieu de la nuit. De nombreux habitants sont éplorés tandis que d'autres se souviennent de la fameuse prophétie: le jour où l'arbre tombera, la ville de Gigante s'affaissera lentement dans le sol.
Tourné entièrement par ses protagonistes, Gigante est une fable documentaire sur l'effondrement imaginaire de la ville, une réflexion sur la perte collective et le pouvoir du cinéma participatif.

Morituri pour le film de Jacques Kebadian

Un souvenir tel qu'il brille à l'instant d'un péril

Lazare, cinéaste engagé, reçoit de son cousin Stéphane, producteur, une commande très sensible: réaliser une fiction documentée sur le foyer arménien de Courbevoie, où vécurent leurs parents exilés en France suite au génocide de 1915. Point de départ : un magnifique album d’images encore méconnues, réalisées au début des années 1930 par Phébus (pseudonyme de Jacques Semerdjian), photographe de la communauté arménienne francilienne et proche ami de Khoren, le père de Lazare.

Perspective Films pour le film de José Luis Guerin

En marge

Histoires d'un quartier suburbain qui vit la transition du monde rural au monde urbain. La population du quartier espagnol de Vallbona est majoritairement composée d’émigrants venus d'Andalousie au XXe siècle et de la nouvelle immigration mondiale au XXIe (latino-américains, marocains, pakistanais, ukrainiens...). Leurs histoires sont similaires à celles des « 3 000 foyers » à Séville ou celles de toute autre périphérie d'une grande ville d'Espagne ou, plus largement, de n'importe où dans le monde.

Poulet-Malassis pour le film d’Éric Baudelaire

En d'autres termes

En d’autres termes est l’histoire d’un homme, R, dont le métier est de porter la voix des autres, et qui existe à travers les récits d’autrui. « Visiteur de prison » pour le Comité international de la Croix-Rouge, R part en tournée tous les trimestres pour rendre visite aux détenus de Guantanamo. Il écoute scrupuleusement leurs histoires, puis se rend dans diverses villes et villages au Moyen-Orient et en Europe pour les restituer oralement aux familles. Depuis quelques mois, il commence à déraper, à transgresser, à s’insérer dans les histoires plutôt que d’en être un simple passeur neutre. La perte de son emploi, et le risque de voir se dévoiler ses transgressions incontrôlées, mènent à un bouleversement du fragile équilibre de sa vie au service des autres.

S.E.L pour le film de Véréna Paravel

Sick Soul's Sorrow          

Dans un champ sans contre-champ, un étrange analyste reçoit des patient.e.s venu.e.s des 4 coins du monde mais aussi des fermes et villages environnants. 
Dans son cabinet-étable i(e)l accueille aussi des analystes qui réinterrogent, déconstruisent les fondements de la psychanalyse et tentent ensemble de tisser des relations avec les corps, les classes et les identités qu’elle a exclus. 
Sur le divan, ielles questionnent la nécessaire mutation de leur discipline pour qu'elle puisse survivre et se réinventer en se laissant instruire par d'autres expériences érotiques et politiques.

Sister Productions pour le film de Yaqian Zhang

Une femme qui hurle    

Cette femme qui hurle c’est ma mère.
Un jour au téléphone alors que j’étais confinée en France, à 9000 km de chez moi, cette femme qui m’avait « confiée » au pensionnat dès l’âge de 3 ans et dont je n’étais pas vraiment proche, m’a appelée en détresse. J’ai compris que c’était le moment de renouer un lien et peut-être de lui venir en aide. Comme entre-temps, j’étais devenue cinéaste, je suis revenue avec ma caméra.

So-Cle pour le film de Geoffrey Lachassagne

Un film de Noël

Un 24 décembre, à Bort-les-Orgues. Un plan par rue, soit une centaine, souvent fixes, parfois en mouvement. Un barrage immense pèse au-dessus du village, des falaises enneigées l’entourent, les décorations de Noël clignotent çà et là, un chevreuil broute un bac à fleurs… Les humains sont rares, comme si la vie avait en partie déserté le village. Peu à peu se dessinent deux trajectoires convergentes.
Lionel, colosse mélancolique, est l’employé de mairie chargé d’incarner le Père Noël pour les enfants du village. Il est en retard, essaie d’enfiler son costume en marchant, fonce dans son utilitaire et percute un chevreuil, qui meurt sous ses yeux. Incapable d’abandonner sa dépouille aux chiens, il la prend sur ses épaules. Avec son costume de travers et l’animal sur son dos, il offre un spectacle étrange et révoltant et devient le gibier d’une chasse à l’homme.
Katchakine, chanteuse de gala, est en route vers la place du village, pour s’acquitter du concert de Noël. Elle manœuvre son camion dans les ruelles étroites, monte seule son podium, se mue en princesse punk lorsqu’elle enfile son costume de scène rouge sang, et entame une balance dont les stridences envahissent le village.
Traqué par les hommes et les chiens, Lionel finit par s’effondrer déposant le chevreuil comme une offrande devant le podium de Katchakine. Son chant, sauvage et libérateur, s’élève. Des silhouettes sortent de l’ombre. Ça ondule, ça twerke, ça sue. L’animal se redresse, vacille et bondit dans la nuit.

Tact Production pour le film d’Hassen Ferhani

Les Jaracandas

Les jacarandas, essence d'arbres exotiques, ont peuplé Alger en quelques décennies. Mon père journaliste, intellectuel et amoureux attentif de sa ville, en a tiré son premier roman, condensé politique et poétique de l’Algérie de ces quarante dernières années sur fond de faux polar. Cette passion m'interroge. Tandis qu'il cherche un éditeur, je le suis dans Alger. Je cherche à faire le portrait de ma ville à travers son livre.
Mon père meurt prématurément. Son cœur a lâché.
Guidé par les jacarandas, je cherche le moyen de continuer à conter ma ville à travers l’image obsédante de mon père. Dans les rues d’Alger, sa littérature m’accompagne.

Tonnerre de l'Ouest pour le film de Simon Ripoll-Hurier

Le ciel du Nord

Le Ciel du Nord est une exploration ésotérique d’un petit bout de campagne picarde, prenant comme centre un aérodrome et un institut d’agronomie mitoyens, et comme moyen la re-création d’une ancienne radio locale.
On observera des corps tomber du ciel, d’autres mesurer la terre, tandis que des voix et des histoires passeront par les ondes courtes pour se répandre dans l’air et se déposer sur le territoire. 

Dans le Ciel du Nord, les histoires, les mémoires, les rêves et les idées sont faits du même tissu que les organismes vivants, le cycle de l’eau, le forçage anthropique, la guerre et le remembrement.

Dernière mise à jour le 5 février 2025