33 artistes et 3 collectifs d’artistes ont bénéficié en 2024 du soutien à un projet artistique pour 34 projets, à la suite de la commission dédiée qui s’est déroulée le 14 mai 2024.

Simon Asencio

Les mains gauches

New Narratives est un mouvement d'écriture expérimentale apparu à San Francisco à la fin des années 70 autour d'ateliers d'écriture organisés à la librairie Small Press Traffic par Bruce Boone et Robert Glück. Issue des mouvements féministes, de libération homosexuelle et noire aux États-Unis, la New Narrative se forme autours d’un crew de poète·esses, d'écrivain·es, de performeureuses et d'activistes à la recherche de formes poétiques susceptibles d'aborder leurs vies. Par des écrits personnels, relationnels et transgressifs, les expériences de la New Narrative ont généré une approche active et émancipatrice du langage.

Au lendemain de l’élection de Reagan, les membres du mouvement ont imaginé une conférence pour convier différents groupes poétiques et réfléchir ensemble aux politiques de leur vie. La conférence Left/Write !, qui s'est tenue en 1981, fut une tentative d'élaborer une solidarité politique par le biais des pratiques poétiques. La conférence a rassemblé 300 écrivain·es sur 3 jours dans le cadre d'ateliers, de discussions, d'expositions et d'événements. La conférence n'a eu lieu qu'une seule fois et n'a jamais été répétée.



Il me semble que cette assemblée, historique, manque à l’Histoire. Assumant la position de celui ‘qui n'y était pas’, je me lance alors dans une reconstitution fragmentée avec l'espoir de pouvoir tirer des leçons de ce ‘là-bas’ et de cet ‘alors’ afin d'examiner nos engagements envers les ‘ici’ et les ‘maintenant’.

Elisabeth Ballet

Tōgo Murano au Japon

L'exposition The Prolific World of Togo Murano est à l'origine du projet d’exposition auquel je participe. Elle présentait à Hiroshima un ensemble de maquettes réalisées par des étudiant·es en architecture. Chacune reconstituait un bâtiment réalisé par Murano. Leur diversité rendait physiquement compte de la particularité de son travail : abondance des styles et des constructions, soin extrême porté aux textures, aux matériaux et aux détails, abolition des hiérarchies entre le site, la façade et l'intérieur du bâti.

Comment transmettre l'expérience de cette architecture, comment rendre physiquement sensible le travail de Murano ?Il s'agit pour moi de réfléchir à comment je pourrais traduire son art aujourd'hui, avec quels éléments saillants, comment et pourquoi ils impriment mes sens et ma mémoire.

Theodora Barat

Superform

Superform est un projet de sculpture, de photographie et d’un film court. Il s’intéresse à la naissance de l’énergie nucléaire à Chicago et à la manière dont les formes (techniques, mémorielles ou fictionnelles) engendrées par cette découverte, sont porteuses d’une idéologue politique moderniste.

Le projet se concentre principalement sur deux formes : la sculpture-monument d’Henry Moore The Nuclear Energy et un élément de décor du film de science-fiction Supernova.

The Nuclear Energy donnera lieu à une série de prises de vues photographique et vidéo mettant en évidence ses caractéristiques formelles en relation avec son environnement direct, l’Université de Chicago. Dans le projet de film, ces vues seront articulées avec des déambulations dans Chicago, berceau absolu de l'architecture moderne. Cela prolongera la réflexion sur les formes en tant qu'incarnation de cette idéologie politique moderniste. Le projet sculptural s’attachera au Chicago Pile-1 (1er réacteur nucléaire) ainsi qu'à l’Artefact de Supernova, conçu par la cheffe décoratrice Nancy Nye.

 

Yves Bélorgey

Un tour en Amérique du Nord

Le projet est de peindre deux ensembles de logements emblématiques de l’architecture moderne : Habitat 67 à Montréal et Lafayette Park à Detroit. Ils sont presque contemporains, (1963-1967), mais s’opposent sur les plans constructif, matériel et urbain.

Travailler sur ces motifs est l’occasion de mettre en œuvre la technique pigmentaire initié il y a 5 ans sur l’expression de la transparence et de l’opacité. Les visiter et les documenter presque simultanément est un moyen de travailler à en comprendre finement l’histoire et le contexte.

Romain Bobichon

Pomme terrestre

La recherche que je propose est une extension de mes recherches sur les couleurs, à partir de la visite de la Forbes Pigment Collection situé à l’Université d’Harvard, aux Etats-Unis. Cette recherche porte sur les rôles de la peinture dans le corps social.

Aujourd’hui située au Straus Center for Conservation and Technical Studies, la collection constituée par Edward W. Forbes date du début du XXème siècle et regroupe aujourd’hui environ 3 000 échantillons de pigments naturels et chimiques.

Mon séjour aux Etats-Unis nourrira un travail d’écriture, un long poème basé sur mes rencontres avec des scientifiques, des faits historiques et mes observations. Pendant mon séjour, je partagerai mes recherches avec les étudiant.es du département son de la TUFTS University de Boston, pour travailler à partir de la Forbes Collection et ainsi imaginer et concevoir des œuvres sonores.

 

 

Cécile Bouffard

 Dear Rocke

J’aimerais pouvoir développer un projet d’album, où mes dessins s’entremêleraient avec des textes commandés à six auteurices qui parleraient de pierres : que ce soient des cailloux dans la chaussure, des graviers dans les poches, des pierres qui avancent seules dans le désert, des ricochets sur l’onde, des rocs qui résistent aux intempéries et d’autres qui s’érodent et s’effritent, des roches qui suintent, des pierres brutes ou polies, qui lapident ou dilapident, mais surtout font bloc : ensemble comme un roc.

Ce projet part de la polysémie du mot anglais « dyke », qui en argot américain désigne les lesbiennes : forgé comme une insulte, il a depuis largement été réapproprié comme une fierté. Mais au départ, un « dyke » est un terme géologique qui désigne « un filon de roches qui s’est injecté dans une fracture de la roche locale », ou un « phénomène intrusif dans une fissure d’ouverture ». Si l’origine du mot d’argot est comme souvent confuse, il est tentant de penser que les lesbiennes ont été affiliées à des phénomènes intrusifs, formées dans les fractures et interstices de la société hétéropatriarcale : des roches différentes des autres, qui perturbent et transforment nécessairement leur milieu.

Gregory Buchert

La Faillite Anticipation

La faillite Anticipation est un projet d’œuvre-conférence mêlant texte oral, projection d’images vidéo et diffusion de témoignages sonores. Il fait suite à un projet de nature similaire intitulé Le Musée domestiqué, que j’ai eu l’occasion de présenter pour la première fois en 2015 au festival Hors Pistes du Centre Pompidou, et entré en 2017 dans les collections du CNAP.

Cette nouvelle conférence mettra en scène, par une multiplicité de médias venant enrichir son propos, la trajectoire de sept à huit artistes contemporain.e.s ayant fait le choix de renoncer à leur pratique (ceci pour des raisons personnelles, politiques ou écologiques).

Loin d’être un objet théorique ou une analyse sociétale, cette enquête impressionniste et incarnée partira à la recherche de celles et ceux qui acceptent de ne plus laisser de traces (par nécessités personnelles ou convictions militantes), et empruntera (en espérant être à la hauteur de ces références) aux errances para-policières de Patrick Modiano, aux constructions auto-fictives d'Enrique Vila-Matas, à la poésie des mises en scène de Patrick Corillon.

Pierre Charrié, Lily Alcaraz et Léa Berlier

Armadillo, mobilier tissé

Le projet Armadillo est le fruit de la collaboration entre les tisseuses Lily Alcaraz et Léa Berlier et le designer Pierre Charrié. Ensemble, nous explorons les applications du tissage dans le domaine de l'objet et du mobilier.

Après un projet de lampe en papier tissé, dont un modèle a été acquis par le Cnap en 2020, nous travaillons sur du mobilier en bois tissé. Notre premier prototype, la malle Armadillo, nous a permis de faire la démonstration d'un couvercle flexible alliant les propriétés esthétiques et fonctionnelles du tissage mis au point par Lily et Léa.

Nous souhaitons développer le projet en mettant au point un nouveau système d'ouverture vertical qui nous permettra de réaliser un prototype de buffet, puis de décliner le principe par la suite sur d'autres typologies de meubles. En parallèle nous souhaitons également poursuivre les recherches autour des matériaux constitutifs du tissage. 

Marcel Devillers

Les yeux réversibles

Mon projet Les yeux réversibles se déclinera en une phase de recherche et une phase de production qui donnera lieu à la création d’une vaste série de poèmes-images sous forme de collages associant gestes de peinture, diverses formes textuelles et images.

Dans un premier temps, je mènerai un travail de recherche autour des expérimentations de la Poesia Visiva italienne des années 60 qui a donné lieu à une forte production poétique et éditoriale alternative, dont les compositions hybrides associaient mots, images, signes et figures.

Le procédé de « collage numérisé » me permettra de réaliser un très grand nombre d’images et de produire ainsi une vaste archive de gestes de collages/découpages/superpositions. Des poèmes, que j’écrirai spécialement pour ce projet tout au long de ma recherche, apparaîtront dans les collages sous formes de fragments et parfois dans leur intégralité.

Au carrefour de la poésie, de la peinture, du collage et de l’image numérique, ce travail hybride de l’image et de la poésie se prolongera également dans les registres de l’oralité et du son par le biais d’enregistrements vocaux des poèmes que j’aurai écrits et de performances.

Carole Douillard

UNKNOWN GESTURES, Vivantes archives

A la fois projet de recherche collaboratif et projet de création, UNKNOWN GESTURES consiste en la constitution d'un ensemble de documents d'archives de performances peu connues (et donc peu répertoriées par l'histoire de l'art) engageant les questions d'identité sous toutes leurs formes.

A partir de ces documents, et donc d'un temps de prospection et de recherche dans des archives artistiques, il s'agira de produire des formes plastiques (performances) qui reprendront ces archives (reenactment) afin de les remettre en jeu.

Les performers qui interpréteront ces scripts seront recruté.es en fonction de leur volonté d'interroger, via le travail d'artistes qui les précèdent, leur propre identité ou/et leurs propres questionnements de genre, de race, de classe, etc.

Vadim Dumesh

 NO PAIN NO GAIN NO MERCY

NO PAIN NO GAIN NO MERCY est une démarche de co-création documentaire au sein du Boxing Club Roubaix qui explore les mutations des notions de succès et d'autoreprésentation dans le contexte socio numérique.

Ma pratique s’appuie sur une immersion collaborative de longue durée dans des microcosmes de la classe populaire, pris dans des mutations de dispositifs socio-économiques plus larges. J'ai l'intention de m'installer à Roubaix  pour poursuivre un processus de co-création avec des bouxeurs.euses du Boxing Club Roubaix.

Je proposerai de me mettre à leur service pour co-créer les contenus pour leurs réseaux sociaux. Les vidéos qui nous produisons ensemble mettront en relief le sujet - l’effacement des espaces de la vie et de la culture communautaire par les nouvelles exigences de la marque personnelle et de l’hypercapitalisme, ainsi que la mutation de la notion de succès et d'accomplissement pour les jeunes issus d’origines diverses.

Vincent Epplay

ALLOTOPIE – Les répondeurs du monde

ALLOTOPIE – Les répondeurs du monde est une fabrique à histoires, une expérience mémorielle qui mêle plusieurs mediums, enrichie des années 1980 à 1990 : films 8mm, enregistrements sonores, photographies, écriture, dessins et mises en scène. Elle compose un objet syncrétique, rassembleur, et connecté aux ondes cosmiques, loin des flashbacks d’une réalité terrestre. Comme un journal filmé et bavard, issu de captations à l’origine faite dans l’intention inavouée d’avoir une prise sur les instants furtifs et les rencontres de cette période.

Cet ensemble d’enregistrements sons / images devient une véritable capsule temporelle d’où resurgissent des connaissances de passage ou des ami.es artistes comme Timo van Luijk, Michel Potage, Christophe et Mathilde Malaval, Jac Berrocal ou Mona Soyok du groupe KaS Product ; un concert à l’hôpital de la Borde initié par Félix Guattari ; mais aussi des lieux disparus, des paysages, des lumières, des mouvements fugaces inscrits sur les pellicule et bande magnétique.

Les cassettes de répondeur – instigatrices du projet – se sont révélées riches de conversations ou monologues, de messages codés, de complaintes imaginaires, et de récits inventés – expressions d’une cosmologie collective singulière devenue extra-terrestre avec le temps. Les messages enregistrés dans ces appareils enregistreurs / émetteurs sont peut-être le révélateur commun pour relire son propre récit intérieur afin de retrouver le bruit de la conversation avec un autre hypothétique.

Régis Fabre

Barricades

Sous le titre Barricades, je présente une série de projets diversifiés. Évitant la simplification manichéenne, malgré le risque apparent de verser dans les lieux communs souvent véhiculés par les médias, cette démarche explore la dualité présente au sein de chaque camp de part et d’autre de la barricade.

De la rhétorique des manifestants aux obstacles matériels en passant par l’équipement des forces de l’ordre, cette étude ne se contente pas de prendre parti, mais met en lumière la circulation des symboles de la contestation et du pouvoir dans l’espace public, cherchant à décrypter les dynamiques qui influencent la pérennité de ces représentations au sein de notre société.

 

Florian Fouché

Fin de partie prélude

Le projet consiste à prolonger Manifeste assisté sous la forme d’une adaptation vidéo-performée de la pièce de Samuel Beckett Fin de partie (1957).



Débuté en 2020, Manifeste assisté est un ensemble protéiforme de vidéos, environnements filmiques et sculptures dont le point de départ est une enquête perceptive et une expérimentation vidéo-plastique sur la « vie assistée ». 

Manifeste assistéFin de partie prélude offre la perspective d’une expérimentation vidéo avec Philippe Fouché comme acteur principal ; pour la première fois, des « actions proches » seront articulées à un texte de fiction et à un territoire spécifique. Nous poursuivrons l’invention de la « caméra bigle » (Fernand Deligny) avec de nouveaux principes de montage.

Johanna Grégoire

TRAS KAAN

Tras Kaan est un projet de recherche et de création convoquant innovation et tradition.

Articulé autour de l’art du tressage de la feuille de canne à sucre qui perdure difficilement à La Réunion et de la relance du bagapan (matériau de construction produit à partir de la bagasse), cette recherche constitue le deuxième volet d’une recherche menée autour des histoires créoles.

Le premier volet m’a permis d’explorer la bagasse: déchet de la canne à sucre après extraction de son sucre. Je ressens maintenant le besoin de valoriser la plante dans sa globalité sans recourir à la séparation des éléments qui la constitue (de la tige à la feuille).

Travailler l’ensemble permet de réaliser des objets mobilisant les déchets issus de la culture de la canne pour en faire en un objet unique. Ainsi, je souhaite continuer à étudier la possibilité d’une pensée créative créole à travers une figure singulière: la canne à sucre et les coproduits de cette industrie agricole.

Vir Andres Hera

Amoxtli

Amoxtli est un projet collaboratif d'installation mêlant des questions cinématographiques et de spatialisation sonore. Le projet cherche à explorer le concept de Nepantla, la zone frontalière décrite par l'écrivaine chicana Gloria Anzaldua: l’espace entre deux mondes, l’espace-limite dans lequel on n'est pas ceci ou cela, mais on change. Nepantla est un territoire fragmenté et fragmentaire, fait de bribes, un espace qui permet de relier l'intimité au politique. 

Dans une forêt de cactus orgue à perte de vue, quelque part au Mexique, le paysage se peuple avec des corps dissidents et de leurs secrets, secrets inaudibles. Eloisa Diez, l'ingénieure son du projet, est la première à écouter, elle écoute notamment le coeur des cactacées avec ses microphones qui captent les vibrations de la terre, Alexandre Cabanne court après la golden hour, qui au Mexique arrive différemment qu'en Europe et qu'en Afrique, il cherche une lumière qui rende la beauté des peaux des performeureuses: ces nombreuses peaux que Gato que pinta habille et maquille pour les transformer toustes en chola. 

Pendant ce même moment, Xaneri Damian rentre dans le lieu sacré pour réveiller les âmes des muxes du passé réveillées par son encens magique; H. raconte une histoire en anglais et en espagnol, comme plein de mexicain·e·s traversées par les expériences de migrationDaniel Engels cite les mots d'un poète autochtone venu du futur, et enfin, Lo Coletti transforme les cendres d'un champ brûlé en un espace incendiaire de souvenir et de célébration. Iels sont dans un temps antérieur à la colonisation, mais iels sont aussi dans le futur. Iels sont venu·e·s récupérer quelque chose qui leur a été ôté. 

Ensuite, une deuxième communauté se donne rendez-vous aux pieds des Alpes pour parler à partir des images créées en amont, mais aussi "avec", "à-côté" et "à proximite de".  Yve Lizra parle en langues chicanas, elle parle en amour Dyke et langue(s) de fluides corporels, Shakti Aniorte prend soigneusement les mots, avec poésie et justesse, elle traduit les mots dits ici et là, les re-signifiant, les insufflant de ses propres histoires. Aneth édite une partie des images, iel est conscient d'être observateurice et observé, iel est conscient du pouvoir émancipateur et restaurateur des représentations. Vient aussi Serge Ghazale, insufflant des airs de musique qui lui ont été chuchotés, quelque part entre le fleuve et la mer, des sonorités engagées et engageantes, et enfin, il y a Mahesh Batsou, celui qui les écoute toustes pendant les journées exténuantes de tournage, qui rend leurs mots distillés en atmosphères, en mondes.

 

 

Esther Hoareau

Grap Zétwal

Grap Zétwal signifie amas étoilé en créole. Mon projet est une expérience de célébration du vivant entre science et spiritualité. Il interroge les notions du sacré à travers de petites scènes fictives ainsi que des créations autour de l’eau et des gestes observés dans la culture hindoue constituante de mon identité réunionnaise, en jouant du mouvement, de la lumière, des sons.

Cette quête fictive me permet d’approfondir la part animiste de mon travail, dimaginer des accords plastiques et un ensemble de pièces, à la fois intime et universel.

En cassant la forme dentité narrative en vidéo et par la spatialisation de boucles et séquences, je voudrais immerger le visiteur, le déstabiliser, l’émerveiller, faire de lespace dexposition une sorte de vaisseau avec de grandes ouvertures sur limmensité de lunivers en mouvement. À lintérieur de cette nef, des échantillons du vivant, éléments sacrés à conserver et à faire pulluler à destination : eau, souffle, végétaux, animaux. Le son et la musique baigne lensemble.

Charlie Jeffery

WE HOVER, WE FLOAT, WE FALL TOWARDS THE HORIZON

Mon projet est un dialogue avec mon atelier d’Ouroux-en-Morvan (le village dans lequel je réside, au coeur du parc naturel du Morvan), une ancienne auberge et ses dépendances laissée à l'abandon et remplie de toute sorte d'objets, outils, matériaux anciens. Il se décline en trois domaines reliés entre eux:



La peinture: production de séries de peinture inspirées directement par des objets et images trouvés in situ.



La sculpture: la réalisation de sculptures réalisées elles aussi à partir d'objets trouvés in situ ou matériaux neufs (plexiglas, argile, résine, béton, plâtre, cire...).



Une série de films super 8: à partir d'un premier film, Dead Artists Club, dont cet atelier est le sujet même, exposé à Paris en 2021, je souhaite réaliser une série de films où le studio deviendrait le décor ou l'écrin d'une série d'interventions ou d'inventions filmiques.

 

Alain Josseau

UAV Factory

UAV Factory est une chaîne de production et d'assemblage, de destruction et de reconditionnement de drone de combat en résine. Concrètement, UAV Factory prend la forme d'une chaîne de montage mécanisée et informatisée de 10 m de long à l'esthétique industrielle.

La chaîne de montage consistera en plusieurs tapis roulant sur lesquels se déplaceront des maquettes au 10ème d'un drone tueur qui passeront comme devant des postes de travail automatisé, disposé dans un ordre établi et qui simuleront la succession d'opération d'assemblage puis de destruction de ces appareils puis de reconditionnement de ceux-ci.

La chaîne de montage est à lire ici comme la métaphore du cycle militaro-industriel de la guerre, de la fabrication à la destruction puis de nouveau à la fabrication... elle est aussi à lire comme l'image de nos guerres et conflits contemporains ultra technologiques visant à l'automatisation et la virtualisation généralisée de ceux-ci.

Géraldine Kosiak

Tableaux brodés : Mon cher, ma chère

Mon cher, ma chère est une série de reliques d’admirations, concernant des femmes artistes au parcours singulier. Sous forme de broderies et de techniques mixes sur tissus (160cm x110cm), je compose des tableaux brodés à partir d’œuvres de chaque artiste choisie (un tableau, une artiste). Pour la réalisation, je compose, brode, et collabore avec différentes structures associatives ou artisanales.

Mon projet est la réalisation de 5 broderies, techniques mixes sur tissus, sur 5 artistes femmes: Leonora Carrington, Valentine Schlegel, Mirabelle Dors, Chana Orloff, Dora Maar.

J’aimerais pour la broderie hommage à Dora Maar collaborer de nouveau avec l’association de réinsertion Le grenier du Tremplin (qui se situe à Villeurbanne à coté de Lyon, la ville ou j’habite), avec laquelle j’ai réalisé la broderie Un nuage sur le bateau, des gants et une tasse, hommage à Meret Oppenheim , avec une jeune brodeuse, et avec une manufacture de tissage- broderie afin de montrer plusieurs savoir-faire.

Thomas Laigle

 Luciférine

Luciférine est une performance sonore et lumineuse mettant en scène des bactéries bioluminescentes dans une sculpture en verre tentaculaire. Il s’agira de proposer aux spectateur·ice·s une expérience sensorielle, esthétique et collective : écouter une musique produite par les émissions lumineuses d'organismes marins microscopiques, des parents proches de ceux à l’origine de la vie sur Terre.

À une époque où la bioluminescence terrestre se raréfie avec le déclin massif des insectes, Luciférine sera l’occasion de découvrir ce phénomène envoûtant des profondeurs sous-marines. C’est l’expérience d’un voyage immobile que l’œuvre propose, voyage rendu possible par l’immersion dans le son et la lumière, voyage exceptionnel également : rares sont ceux - a fortiori à notre époque et à nos latitudes européennes - qui ont déjà été témoins de phénomènes de bioluminescence. Le temps de la performance, Luciférine sera l’occasion de figurer un monde désirable semblant presque à portée de main, dans lequel humains et non-humains sont co-créateurs, et où les énergies biosourcées sont valorisées.

Christophe Lemaître

Caractère

Essai filmique expérimental prenant pour point de départ la re-découverte des marionnettes du typographe William A. Dwiggins et sa pièce d’anticipation Cedar Hill (1934) pour raconter une histoire contemporaine alternative et critique de l’automatisation du vivant et de l’esprit. Avec pour voyage initiatique la visite des dernières archives Dwiggins dans le Massachusetts, le projet convoque les rapports entre corps et esprit, libre-arbitre, l’apprentissage machine et l’intelligence artificielle.



Cedar Hill est l’unique pièce du répertoire pour marionnettes de Dwiggins qui intègre parmi ses personnages plusieurs machines et mécanismes abstraits. Elle raconte l’histoire d’une lutte de groupuscules humains entrés en résistance contre la domination autoritaire de machines dotées d’intelligence et de conscience d’elles-mêmes.



Cedar Hill sera le point de départ d’un essai filmé qui prend la marionnette comme une possible allégorie. La marionnette, toute marionnette, serait l’allégorie des rapports entre corps et esprit. Composé d’un texte (l’essai susceptible de devenir un voice-over), d’une collection d’objets (produits ou extraits des archives Dwiggins), de lieux documentés, et peut-être de marionnettes reconstruites, le film accueillerait également différent/es acteur/ices dont le point commun serait d’apparaître dans un état modifié de conscience (comme l’hypnose).

Camille Llobet

Renflement de terre

Le terme moraine vient du savoyard et signifie renflement de terre. Les moraines sont des amas de débris rocheux transportés par les glaciers : un mélange de limon – gravier – cailloux et blocs de toutes tailles pouvant atteindre les dimensions d'une maison. Les moraines se retrouvent dans les creux, les béances qui éventrent les flancs de montagne, empreintes des gigantesques masses glaciaires disparues. Elles modifient la pratique de la haute montagne : avant d'atteindre les parois d’ascension, il faut traverser des heures durant ces collines instables et changeantes.

Cette recherche filmée et enregistrée en haute montagne sera menée avec des "performeurs" – guides de haute montagne qui pratiquent ce terrain au quotidien. Il y aura d'une part une étude chorégraphique et cinématographique de ce milieu : comment rendre par l'image et la montage une compréhension kinesthésique du terrain sur lequel l'humain évolue. Et d'autre part une exploration sonore de ces espaces de résonance, mis à jour par le retrait des glaciers.

 

Paul Loubet

Digital Cave

Digital Cave est un projet de jeu vidéo d’exploration spéléologique et d’écriture sous la forme d’un terminal informatique faisant le lien entre les tracés digitaux rupestres, et les premiers dessins assistés par ordinateurs. Dans le jeu, le joueur explorera une grotte à l’aide d’une torche, partira à la recherche de traces écrites par les anciens joueurs, et laissera sa trace en gravant la roche virtuelle.



Ce jeu d'exploration spéléologique virtuelle, compte mettre en lumière les similarités entre les méthodes rudimentaires des premières manifestations artistiques préhistoriques et informatiques.

Lisa Mouchet et Marine Prunier

Décomposition

Le projet Décomposition (titre de travail) rassemble un projet performatif et une édition. Décomposition se construit autour de ce qu’on pourrait appeler aussi le non-vivant : la mort.



Une première collaboration a vu le jour en 2023 pour le projet Manger, boire, offrir pour l’éternité, une performance adaptant une histoire archaïque. Ce moment de performance était pensé comme un rituel ou une offrande, qui ouvrait des questionnements formels sur ce qu’on ingère, ce qu’on inhale et ce qu’on met sur notre peau jusqu’à la dernière heure. Cette soirée s’intéressait poétiquement à l’après-vie, et questionnait le moment où le sol comprend ce que nos corps ont ingéré.



Qu’est-ce que les mort.e.s nous font faire? C’est la question que nous allons continuer à explorer avec le projet Décomposition, autour d’une soirée performative et au sein d’une édition. Nous imaginons ce projet d’édition et de performance comme une œuvre commune expérimentale et poétique, nourrie par nos recherches théoriques, la pratique de Marine dans des services funéraires, et la rencontre avec le public.

Collectif les éditions Burn~Août

Une variante de la Times New Roman: pour une esthétique par défaut inclusive

Ce projet a pour but d'étendre le jeu de glyphes de la Free Serif, une police de caractères graphiquement très proche de la Times New Roman, en lui ajoutant 92 nouveaux glyphes inclusifs et post-binaires. La Free Serif est la police de caractères à empattements du projet GNU FreeFont, une famille typographique libre dont l'objectif est de fournir une série de caractères couvrant un maximum des entrées du jeu universel de caractères.

Cette nouvelle police de caractères, nommée la Légitimes, sera éditée et diffusée par nos soins sous licence libre. Dans un premier temps, la Légitimes prendra une place centrale dans l'identité graphique des éditions Burn~Août, en particulier dans la nouvelle version de notre site internet que nous sommes en train de concevoir. 

Ce projet donnera accès à une variation inclusive et post-binaire de la Times à chacun·e souhaitant l'utiliser, et si un jour ces glyphes inclusifs devenaient la norme, ceux de la Légitimes seraient déjà prêts à être intégrés et pourraient ainsi rejoindre l'encodage de la Free Serif, notamment sur les navigateurs utilisant la Times comme police par défaut.

Alice Pallot

Là-haut : les algues bleues -  En collaboration avec la curatrice Léonore Chirol Perrain.

En 2022, une équipe de recherche du CNRS Occitanie Ouest, spécialisé dans l'étude des écosystèmes de montagne fait état d’une haute présence d’algues toxiques dites cyanobactéries dans 26 lacs des Pyrénées.

Ces algues catégorisées de toxiques engendrent la mort de plusieurs chiens dans la région et crée un problème environnemental et sanitaire comme c’est le déjà le cas en Bretagne, en Écosse…Avec son équipe, il documente, par un travail de terrain et d’échantillonnage, l’augmentation de la présence de ces cyanobactéries en haute montagne depuis 2016.

Le projet Là-haut : les algues bleues propose, à travers le prisme artistique, une histoire alternative aux futures cohabitations entre les algues toxiques, les eaux lacustres et le vivant qui l’entoure. Telles des créatures lacustres, les algues bleues deviennent ici objet de personnification. Invisibles à l’oeil nu, elles sont les personnages principale de l’exposition.

Guillaume Pinard

PUPA

Pupa est l’étymologie commune du mot poupée et du mot pupe (les chrysalides de certains arthropodes).

Depuis 3 ans, j’étudie la faune des arthropodes d’un terrain de 400m2, mon jardin. Cette étude basée sur la seule capture photographique a déjà̀ donné lieu à̀ la réalisation de 5000 clichés qui permettent didentifier 1500 taxons répartis dans 255 familles (insectes, chélicérates, crustacés et myriapodes).

Au-delà̀ de lidentification des espèces, en découvrant la grande diversité́ et complexité́ dun jardin de bourg apparemment « sans qualités » dans un village rural, jai progressivement envisagé ce terrain comme un observatoire poétique et politique où des questions esthétiques, taxonomiques, biologiques, géographiques croisent des réalités agricoles, techniques et industrielles.

Mon atelier étant accolé à ce jardin, cet espace dexpérimentation et de germination artistique, sest lui-même converti en contrepoint dialectique du jardin.

Babeth Rambault

Pee circulus

Ce projet est inspiré par la combinaison de deux images de nature différentes : celle du souvenir d’une photographie de l’œuvre de Sophie Taeuber- Arp « Coquilles et fleurs », un bas-relief circulaire posé dans l’herbe de son jardin et l’image trouvée sur Leboncoin d’un toilette présentées côté verso.

Les recherches et productions autour de l’acte de s’accroupir que ces formes induisent s’inscrivent comme point de départ dans l’idée de connecter différentes formes avec « l’urine » comme un lien naturel, liquide et économique entre les différents éléments.

Par la technique rudimentaire de l’empreinte, de l’estampage, je veux faire apparaître des récits contenus « en creux » dans leurs reliefs, une forme d’archéologie des stigmates de l’activité humaine. Cette méthode exploratoire aura pour objet de prolonger et de dépasser l’histoire formelle des latrines et de sa seule fonction, vers des fictions.

Parallèlement, je souhaite poursuivre et développer une recherche plastique avec la mousse synthétique d’ameublement, une matière généralement utilisée pour nos assises, matière souple et absorbante, recueil de nos intimités physiques. Matière quasi-prothétique, je l’envisage comme la contre forme industrielle de nos mouvements et postures et pertinente pour interroger les normes posturales.

Tony Regazzoni

High Energy

High Energy est le titre global d'une série d'œuvres polymorphes que je souhaite développer en référence à ce style musical né au début des années 80 à San Francisco.



Mêlant captures visuelles, sonores, slogans de manifestations, éléments graphiques... de l'époque et d'aujourd'hui, imprimés, peints, cousus, sérigraphiés…, j'imagine cet ensemble comme plusieurs énergies qui viennent nourrir un projet global. Et comme des étendards, des symboles d'une lutte et d'un engagement qui renaissent génération après génération.

La musique a souvent été le vecteur de revendications et de révolutions sociales : le jazz, le disco, le hip hop, la techno...La High Energy ne déroge pas à cette règle. Symbole du début de l'épidémie de VIH-SIDA aux Etats-Unis.

Comme un autel dédié à cette musique, je souhaite également réaliser un meuble discothèque, abritant une collection de vinyles High Energy en libre écoute avec les appareils disponibles.

Caroline Sebilleau, Benoit Brient et Emmanuel Simon

Modélisations graphiques pour une mobilisation historique

Ce projet artistique s'inscrit dans un moment de prise de conscience collectif inédit des conditions d'existence des artistes auteur·ices. Une proposition de projet de loi pour une continuité des revenus visant à sortir de la précarité une grande partie des travailleur·euses de l’art a été rédigée et elle réunit un grand nombre de propositions concrètes.

Militant.es et mobilisé.es, nous nous rassemblons en un collectif autour de la conviction qu'un avenir plus radieux est non seulement nécessaire, mais aussi possible. Il s'agira donc de collecter et formaliser des données concernant les conditions de travail et d'existence des travailleur·euses de l'art afin de produire un ensemble d'images imprimées, telles des pages d'un essai visuel reliées par une approche féministe et politique de la data visualisation, et issues d'un travail d'analyses de terrain et d'enquêtes situées.

Ces pages au format poster devront avoir un mode d'existence volatile afin de se disséminer le plus possible et d'accompagner la transformation de cette mobilisation en une modification pérenne de nos droits sociaux.

SMITH

Dami (Anagogê, part II)

Mon travail consiste en une exploration, à travers ma propre expérience, des motifs de la transformation, de la transitivité, des devenirs-multiples : transition de genre, d’état de conscience, hybridations atomiques, mutations biotechnologiques, relations interspécifiques... En 2023, j’ai participé à un vol en gravité zéro dans le cadre de la « Résidence en impesanteur » du Centre National d’Études Spatiales, dans un airbus A320 opérant des figures paraboliques au-dessus de l’océan. Cette expérience exceptionnelle fut pour moi l'occasion d'agrandir le champ de ma conscience corporelle, de faire place à une autre perception du monde, désorientée, extatique, que j'ai rapprochée des états de lévitations rapportés dans nombre d'hagiographies. A mon sens, la lévitation, état impossible du corps “terrien” merveilleusement affranchi de sa condition gravitaire, constitue un état-limite par excellence depuis lequel interroger la question de l’élévation corporelle et spirituelle

Je souhaite aujourd'hui approfondir cette première et brève expérience, accompagné par un technicien opérateur de Motion-capture pour enregistrer l'intégralité de mes mouvements et les restituer dans un film d'animation, présenté sous la forme d'une installation-méditation vidéo. Cette dernière explorera la notion d'Anagogê qui désigne l’élévation de l’âme vers les choses célestes, et poursuivre une enquête de longue-haleine, nommée dami, qui observe à même l'intime, les glissements d’un monde à un autre, la traversée d'une nouvelle dimension où la matière se réorganise à partir du chaos, une transition à la fois corporelle et spirituelle, transcendant la dualité entre esprit et matière, entre terre et ciel.

Yan Tomaszewski

Extatic shifters

Extatic shifters est un projet de vidéo et d’installation dont l’intuition est de relier deux phénomènes d’hallucination contrôlée aux origines radicalement différentes mais dont la rencontre pourrait s’avérer fertile : les voyages en esprit liés aux communautés agraires traditionnelles et le shifting pratiqué aujourd’hui par les adolescents sur les réseaux sociaux.

Cette recherche s’inspire du travail du micro-historien italien Carlo Ginzburg sur les Benandanti, cette confrérie de paysans livrant, en esprit, des batailles collectives contre le mal afin d’assurer de bonnes récoltes. En Corse, une filiation existe entre les Benandanti du Frioul et les Mazzeri, ces augures qui, dans leurs rêves, chassent des animaux qui s’avèrent être des personnifications d’habitants de leur communauté condamnés à mourir. Le shifting, quant à lui, consiste à rêver de manière consciente et à partager ces expériences sur TikTok.

Ces deux pratiques très éloignées chronologiquement ont pour point commun le fait de vivre des expériences perçues comme réelles alors que le corps est au repos. Elles se rejoignent également dans le lien étroit qu’elles entretiennent avec leur communauté : protéger les récoltes d’un village et apprivoiser la mort d’une part, vivre des rêves « analogiques » dans un monde numérique et partager ces expériences avec ses pairs d’autre part.

Les Crafties, Marie-Marie Vergne et Jeanne Martin-Taton

La panoplie

Dans une véritable démarche d’ensemblière, nous voulons développer une série de prototypes en volume, travaillant avec une multitude de corps de métiers. Inspirée des intérieurs considérés comme des espaces totaux, la collection la panoplie veut créer un environnement complet et généreux où le motif s’exprime partout.



La question du paysage panoramique est le sujet de nos créations murales. Nous créons des scènes abstraites ou narratives, puisant nos sujets dans une relecture de l’architecture, la nature, l'ornement et l’histoire des métiers et des savoir-faire, avec un regard singulier et contemporain.

Ainsi, nous nous pencherons sur l’histoire du motif appliqué à l’ameublement, quelles sont ces scènes et éléments qui ont orné et ornent les espaces domestiques, et comment nous pouvons rejouer ceux-ci en posant un regard à la fois critique et de l’ordre de l’héritage.

Dernière mise à jour le 11 septembre 2024