Seumboy VRAINOM :€

Dans cette exposition, je jongle avec une centaine d’oeuvres générées avec l’intelligence artificielle Midjourney. Ces créations sont le résultat d’instructions textuelles, ainsi que de la fusion de multiples images, qu’elles soient populaires ou personnelles. On retrouve le sourire de ma grand-mère, les vêtements d’une tante, le regard de mon frère mais aussi des arbres, symboles de vie, de famille, de transmission. Symboles d’un temps plus long qui s’étend des racines aux fleurs, ils résonnent avec les problématiques de la diaspora africaine en France.

Comment vivre dans le pays qui a formaté la mémoire de nos ancêtres ? Peut-on se retrouver dans les portraits ethnographiques réalisés par les missions coloniales en 1950 ? Comment visualiser une histoire qui échappe à la domination et à l’étude occidentale ?

J’ai cherché des solutions du côté de l’intelligence artificielle avant de comprendre qu’elle ne proposait qu’un reflet des archives visuelles du monde. Des archives qui représentent peu de personnes noires. Des archives qui ne montrent pas la complexité des parcours diasporiques.  Demandez à Midjourney de générer un jeune garçon à la table d’un restaurant parisien, il sortira blanc. Est-ce à dire qu’un français issu de la diaspora africaine n’existe pas ? Une chose est sûre, l’intelligence artificielle voit les couleurs. Il faudra lui préciser que le garçon est noir pour qu’il me ressemble. Et encore, elle risque de déplacer la scène en Afrique.

Dans l’exposition « Il manque des images pour s’en rappeler », je propose une série d’images qui empruntent à des esthétiques passées (du médiéval au contemporain), pour inscrire dans l’histoire la présence de figures noires. Se pose la question de l’uchronie. La réécriture de l’histoire. Entre fiction et urgence vitale, entre amusement et activisme politique, cette exposition nous fait voyager dans mon rapport à la vie, à la mort, à l’histoire et l’espoir.

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