Séances d'automne : Ghazel, Jean-Philippe Lemée & Yves Trémorin, Thomas Sipp

Ghazel, Jean-Philippe Lemée & Yves Trémorin, Thomas Sipp

Avec Ex-aequo, Le Jour des frites et Madame B., Thomas Sipp réalise des portraits filmés d'une grande délicatesse mais non dénués de drôlerie. "J'ai toujours eu, précise-t-il, un attrait pour le cinéma burlesque, de Chaplin à Tati, en passant par Buster Keaton, Harry Langdon, Laurel et Hardy ( ...). Et puis, le burlesque est une critique de la société, mais sous un mode ironique. C'est le grain de sable dans l'engrenage, c'est Chaplin avalé par la machine" (entretien avec Thomas Sipp in Parade, n° 5, juin 2005).

Des grains de sable dans des engrenages, c'est bien ainsi que l'on pourrait qualifier les scènes tournées par Gahzel depuis 1997 sous le titre générique Me. On y voit toujours une femme voilée, seule, dont les actions, au départ issues d'expériences vécues par l'artiste, cherchent depuis peu à dépasser ce cadre autobiographique. Gazel, qui se définit aujourd'hui comme une nomade du monde, joue désormais des multiples situations qu'elle rencontre. Aujourd'hui, la série compte 620 scènes, en autant de courtes séquences décalées, saisissantes, parfois saugrenues.

Jean-Philippe Lemée, quant à lui, manque si peu de projets qu'une vie ne suffirait à les réaliser. D'ailleurs on connaît l'équation : bien fait égale mal fait égale pas fait, et ce sont autant de projets d'installations, de peintures, de performances mais aussi de chansons qu'il nous présente pour ce qu'ils sont : des projets de projets. Avec l'aide d'Yves Trémorin, ces Projets de projets sont devenus réalité, et consistent en de courtes vidéos montrant en plan fixe un homme se livrant à la lecture de projets possibles - "incomplets, gratuits, libérés du devoir de finitude", comme les désignent les deux artistes - d'oeuvres d'art.