La visite des lycéens, Ruppert et Mulot

Exposition
Arts plastiques
Bande dessinée, illustation
Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers Colomiers

Si Ruppert & Mulot sont des maîtres incontestés du 9ème art (la BD), leur expositionà Colomiers cousine avec le 2ème, le 3ème et le 5ème art (la sculpture, le dessin, la littérature) tout en s'intéressant très sérieusement au 6ème art et au 7ème art (le théâtre et la danse, le cinéma). Cet éclectisme est il la marque de leur formation en art contemporain à l'école des beaux-arts de Dijon, où ils se sont rencontrés il y a plus de 10 ans? Pour le moins, vous découvrirez ici l'insolente et mordante liberté qui caractérise leur oeuvre. 

Première exposition de Ruppert & Mulot dans un centre d'art, La visite des lycéens est un récit que vous êtes invités à réactiver. En circulant de gauche à droite parmi les installations laissées par d'impertinents lycéens, vous reconstituerez des bribes d'une histoire à l'humour noir certain. À vous de jouer...

Florent Ruppert & Jérome Mulotsont nés en 1979 et 1981. Auteurs de longue date de la maison d'édition L'Association. On retrouvera dans cette exposition - la première d’une telle envergure pour ces deux auteurs issus de la BD indépendante - ce qui caractérise leur création : la narration, la mise en jeu du corps et la volonté de faire participer le public. La visite des lycéens est une exposition où chaque installation est l’épisode d’une histoire. Les auteurs passent de la page à l’installation. Sans être oubliée, la bande dessinée apparait alors comme un mode d’expression et comme un médium artistique parmi d’autres auxquels ils s’essaient quand on leur en donne l’occasion, pour faire ce qui les anime par-dessus tout : raconter des histoires. On croisera ainsi dans cette exposition des animations vidéo, des dispositifs pré-cinématographiques, des installations et un humour noir certain. Une bande dessinée qui déborde des cases et de la page.

LA NARRATION : ENTRE LA RÈALITÈ ET LA FICTION

Les auteurs réfléchissent aux questions de narration dans les différentes formes de leur production - que ce soit la bande dessinée, les conférences, les expositions. Tandis que la spécificité de leurs albums réside dans la volonté de tester de nouveaux modes de narration et de faire voler en éclat l’utilisation classique de la page et des cases, au Pavillon Blanc, l’espace d’exposition est envisagé comme un lieu narratif fait de scènes où le spectateur active le récit. A la lecture de la bande dessinée Le Royaume, déjà, l’histoire débordait de la page : le lecteur doit loucher pour regarder des images en stéréoscopies produites par un personnage de la bande dessinée, s’identifiant ainsi au personnage. Son implication dans la lecture du livre est physique. Dans l’exposition, le visiteur se met en scène. Dans l’installation La masse, l’espace est découpé en trois pans de murs qui peuvent figurer des cases de bande-dessinées. Les spectateurs créent l’image : tandis que l’un des spectateurs s’assied sur la chaise, l’autre empoigne le manche de la masse faisant mine d’assommer son comparse. Les textes sont écrits au feutre dans des bulles pré-dessinées sur un tableau blanc. Les ingrédients d’une narration sont posés, les spectateurs s’en emparent pour la construire. La réalité devient fiction.

FAIRE PARTICIPER, SURPRENDRE & PROVOQUER LE VISITEUR

Dans l’exposition, la narration s’amorce avec des ingrédients disposés dans l’espace, une hache ou une masse, des objets autour desquels les visiteurs pourront se mettre en scène. Parfois, le dessin permettra au visiteur de comprendre que ce qu’il regarde pourrait lui arriver. Dans l’installation avec un tapis de sol et une anamorphose, c’est l’effet, la surprise et la tautologie qui intéressent les auteurs. Le spectateur se couche sur le tapis pour découvrir l’image qui montre un personnage dans la position où il est lui-même et ce qui pourrait lui arriver en étant ainsi positionné. Ruppert et Mulot abordent des thèmes qui frisent le tabou, tels la violence, les addictions. Traités avec humour et insolence, les narrations incitent à rire plus qu’à s’indigner. Ruppert et Mulot soulèvent des voiles. L’exposition devient un point de départ pour enclencher un dialogue entre les enseignants, les parents, les adolescents, les enfants et tous les spectateurs. Sous un angle faussement bête et méchant, sous des airs de potaches, l’exposition de Ruppert et Mulot nous invite à interroger notre société, à prendre une distance critique.

DE LA PAGE AU VOLUME, DU PERSONNAGE AU SPECTATEUR, DE LA CONFUSION ENTRE L’ART POPULAIRE ET L’ART NOBLE

Ce n’est pas tant la sculpture ou l’installation qui intéressent Ruppert et Mulot que les possibilités narratives. Dans la scène du Saint-Sébastien, le spectateur monte sur une estrade et est invité à se positionner de telle façon que des flèches semblent lui transpercer le corps à l’image du fameux Saint. Le personnage du Saint-Sébastien existe aussi dans la BD « Le Tricheur » tout comme on retrouvera la scène de la hache plantée dans la tête du personnage dans Sol Carrelus (2008) ou l’utilisation d’une trappe dans le sol dans La maison close (2010). Les dessins qui figurent dans l’exposition déroulent une fiction qui a pu se passer lors de la visite des lycéens. Le spectateur est invité à prendre l’espace laissé libre par le personnage parmi les décors et les ustensiles qui deviennent les ingrédients de la narration. Il y a une circulation des personnages entre l’espace du livre et celui de la salle d’exposition, une confusion des rôles entre personnage et spectateur. Confusion aussi entre les genres : si le dessin, dans la bande dessinée, s’exprime dans un registre populaire, il revêt ici un statut d’oeuvre d’art, encadré par une marie-louise, se présentant dans un cadre noir très conventionnel. On ne sait plus très bien entre les tableaux où les installations manipulés par le spectateur ce qui fait office d’oeuvre. Finalement l’oeuvre ne réside-t-elle pas dans la création du récit activée par le spectateur ?

MOUVEMENT DU CORPS & INTÈRACTIVITÉ

Florent Ruppert a fait de la danse contemporaine durant ses études tandis que Jérôme Mulot travaillait sur l’image et le cinéma. Il y a dans leur travail un intérêt pour le mouvement et les procédés cinématographiques. Dans l’installation « Dans le futur on volera mais pas très longtemps » exposé au Pavillon Blanc, on retrouve un procédé ancien d’animation des images. Il s’agit de séries de dessins montés sur un socle mobile (ici une platine de disque) qui crée l’illusion de mouvement.

QUAND LE REGARDEUR DEVIENT JOUEUR

Le travail de Ruppert et Mulot est marqué par la gestualité. Ainsi toutes les propositions d’amorces de récit qu’ils mettent à disposition des visiteurs jouent avec le corps. Si vous vous prêtez au jeu, vous moulerez votre corps dans les postures proposées par les artistes : s’asseoir sur une chaise avec une masse au-dessus de la tête, poser les doigts dans des trous sous une hache, s’allonger au sol pour pouvoir observer un dessin… Il n’est pas anodin qu’une des installations vous invite à vous projeter dans une figure gymnique ou bien à fabriquer des avions en papier. Dans leurs propositions, le corps n’est pas statique, le regardeur devient joueur. Ainsi, l’expérience du spectateur et la mise en jeu de son corps sont les ingrédients de l’exposition comme de sa réception. L’interactivité est une des bases du travail de Ruppert et Mulot. Ici, l’image n’existe pas sans la participation du spectateur.

CONCEVOIR DES BD, EXPOSER

Ruppert et Mulot se servent du livre comme d’un espace d’intéraction. A Colomiers, ils se servent de l’espace d’exposition comme d’un espace narratif. Les visiteurs sont invités à rejouer des scènes que l’on retrouve parfois dans leur BD. L’espace d’exposition devient une scène de théâtre, un livre en 3 dimensions. Le va et vient entre l’image et le volume est permanent, par le biais de l’appareil photographique dont l’utilisation est suggérée aux visiteurs. Narration, exposition et performance s’imbriquent pour ne former qu’une oeuvre globale, déroutante, provocatrice et qui renouvelle profondément le champ de l’art contemporain et de la bande-dessinée.

BIOGRAPHIES - FLORENT RUPPERT & JÈROME MULOT -  www.succursale.org

Florent Ruppert et Jérôme Mulot, nés respectivement en 1979 et 1981, se sont rencontrés à l’école des beaux-arts de Dijon. Ils font leurs premières armes en réalisant des fanzines, notamment Del Aventure, et en allant de festivals en festivals, à une période de leur parcours où l’art contemporain leur semble semé d’embuches. Dès leur sortie de l’école des beaux-arts, ils décident de se tourner vers la bande-dessinée. Initialement publiés dans des revues alternatives à petite diffusion (Bile Noire, Le nouveau journal de Judith et Marinette), ils publient dès 2005 dans Ferraille Illustré et initient leur collaboration avec l’Association. Ils ont été invités dans des événements ou des expositions d’art contemporain ces dernières années. « La visite des Lycéens » constitue leur première exposition monographique dans un centre d’art contemporain.

BIBLIOGRAPHIE SÈLÉCTIVE: 

La Grande Odalisque avec Bastien Vivès, Dupuis, coll. « Aire libre », septembre 2012

Le Royaume L’Association, janvier 2011

La Maison close, L’Association, coll. « Ciboulette », janvier 2010

Irène et les clochards, L’Association, coll. « Ciboulette », novembre 2009

Sol Carrelus, L’Association, coll. « Éperluette, novembre 2008

Le Tricheur, L’Association, coll. « Éperluette », 2008. Sélection officielle du Festival d’Angoulême 2009, mai 2008

GoGO Club, L’Association, coll. « Mimolette », mars 2007

Panier de singe, L’Association, coll. « Ciboulette », septembre 2006

Safari Monseigneur, L’association, coll. « Ciboulette », août 2005

Complément d'information

Interview des artistes : https://vimeo.com/77485151 

Programmée et produite par le centre d'art de Colomiers, l'exposition a été ensuite montrée au Festival Pulp, à la Ferme du Buisson (https://www.lafermedubuisson.com/la-visite-des-lyceens) au festival BD fil de Lausanne (http://www.bdfil.ch/archives/edition-2014/sommaire-des-expositions/rupp…) et au Rurart de Rouillé (Vienne)

https://www.fanzino.org/production/production-exposition-constellations/

 

Commissaires d'exposition

Partenaires

Festival BD de Colomiers Graphéine - réseau Pinkpong MAGP, centre d'art de Cajarc Région Midi-Pyrénées Conseil général de la Haute-Garonne

Mécénat

Caisse d'Epargne de Midi-Pyrénées

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers 1 place Alex Raymond 31770 Colomiers France

Comment s'y rendre

bus de ville gratuit Lignes 5 et 7 (arrêt Mairie) Lignes 2 et 3 (arrêt Bd. E. Montel) bus Tisséo Lignes 21,64 et 118 (arrêt Bd. E. Montel) train/métro Métro Ligne C (arrêt gare SNCF) voiture Parking gratuit de 190 places (place Alex Raymond, face à la Mairie)

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022