REPRISE

Le processus de création kom.post, rassemble aujourd'hui une vingtaine de jeunes artistes et chercheurs de différentes nationalités et différentes disciplines. Une telle multiplicité se retrouve dans la variété des espaces que le collectif a déjà investis pour ses sessions de travail : le centre de recherche philosophique et d’études culturelles ICI Berlin, la galerie Visite ma tente et le cinéma des années 50 toujours abrité dans le centre français de Wedding. En désir de nouvelles méthodes de travail qui associent le proche et le lointain, la recherche individuelle et celle commune, kom.post crée, en parallèle de ce premier point de rencontre physique basé à Berlin, un autre espace d’échange et de relations ouvertes avec son site internet www.kompost.me Contemporains d’une Europe en construction où les distances se réduisent et où "l’éventuel commun" travaille avec les différences, ces artistes et chercheurs décident d’investir ces données pour les retravailler en propre. C’est depuis leurs singularités et avec leurs modalités d’expression variées qu’ils posent une problématique en partage : Comment, au sein d’un « même », depuis une donne commune (géographique, historique, culturelle), les identités subjectives se construisent, s’inventent et s’expriment-elles aujourd’hui ? kom.post démarre son processus de recherche en se choisissant un compagnon atemporel, une « figure questionnante » qui persiste, avec et de par ses différences, dans une mémoire occidentale: Œdipe et ses multiples interprétations (de l’Anti-Oedipe de Deleuze pour retourner à la tragédie de Sénèque en passant par Freud et ses successeurs). Chaque membre de kom.post travaille cette première matière en son nom et selon son médium (texte, vidéo, proposition scénique…) pour mieux le voir intégrer au processus de création commune. Dans cette alternance de travail solitaire et collectif, les formes prennent et sont reprises, la recherche et l’écriture sont maintenues dans un mouvement permanent, dans une progression qui vaut pour elle-même plus que pour sa finalité de production. Une question se pose alors à ce collectif- collection de formes d’expression multiples : Comment, précisément, kom.post peut-il se dire, se présenter à un regard extérieur aujourd’hui? Comment "donner à voir" un processus de recherche favorisant la mobilité et la transversalité des savoirs, au sein d'un même espace qui demande, pour un temps, une forme précisée? Comment rendre visible le mouvement lui-même sans obligatoirement en arrêter le cours ? Kom.post pousse la question et le défi qu’elle contient jusqu’à son terme en installant sa prochaine session collective dans un lieu d’exposition : la galerie Visite ma tente. La concentration dans un même espace permet à la fois d’établir un état des lieux, de relever les traits qui, aujourd’hui, caractérisent le mieux le procédé de travail de kom.post afin d’aménager l’espace idéal à sa continuation. C’est donc sous le signe de « la reprise-transformation » que la scénographie de la galerie et de ses événements s’organisera. Au sein d’une installation visuelle qui cherche à incarner comme à maintenir en marche, la dynamique de travail actuellement développée, kom.post invite le public à une série de « rendez-vous » significatifs : ateliers avec les artistes et « échanges de savoirs », série d’invitations d’intervenants extérieurs qui, par leurs différentes approchent, peuvent entretenir un dialogue avec kom.post. Psychanalyse pour Oedipe, paysagisme et jardinage pour le compost, études politiques pour l’Europe… Camille Louis