Les Beaux-Arts de Marseille
Un établissement de l'Institut national supérieur d'enseignement artistique Marseille Méditerranée

Renouer les fils

Cycle de projections/conférences
Conférence
Film, vidéo
Beaux-Arts de Marseille Marseille
A l’invitation du studio Eden de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Marseille, une programmation établie par Philippe-Alain Michaud, conservateur de la Collection Cinéma du Musée national d’art moderne du Centre Pompidou. Ce deuxième volet du cycle Renouer les fils se déroule les 23 et 24 février 2010 au [MAC], dans la salle de cinéma du musée d’art contemporain de Marseille. Les projections présentées par Philippe-Alain Michaud seront suivies d’une discussion. Depuis le commencement du XXIe siècle, la pratique du film, par delà l’usage de la vidéo et des formats analogiques ou numériques, s’est largement répandue sur la scène artistique, induisant une modification profonde dans l’économie et la définition même des images en mouvement. Cette pratique renouvelée du film, multipliant les interactions avec les autres disciplines –– avec la photo mais aussi la sculpture, le dessin, la peinture, voire avec les arts de la scène – est restée paradoxalement étrangère à sa propre histoire, celle que dessine la tradition expérimentale, aux marges du cinéma industriel, et dont les origines se confondent avec celles du cinéma lui-même. Si désormais l’objet filmique doit tenir compte de ses avatars contemporains et s’envisager dans le cadre élargi de l’histoire de l’art (et non plus seulement dans celui, restreint, de l’histoire du cinéma), il devient également nécessaire de reconsidérer le film en tant que tel à la lumière de son adoption par des artistes qui ne se reconnaissent ni dans son histoire ni dans ses modes de production traditionnels. Ces quatre programmes, conçus comme une suite d’aller-retour entre présent et passé rassemblent des œuvres qui toutes se rapportent aux origines imaginaires du film, traçant dans l’histoire des images en mouvement des lignes d’intelligibilité étrangères à celles que l’expérience ordinaire du cinéma nous a appris à déchiffrer. Ph-A M · Mardi 23 février 2010 à 17h [ MAC ] salle de cinéma – 1er étage III. La scène du rêve Où la scène du rêve sert de modèle à la construction du récit filmique. Dans les durées indéfiniment distendues de ses films, réalisés pour la plupart à partir d’une image unique soumise à d’imperceptibles modifications, Marylène Negro explore la parenté intime qui relie l’image filmique à celle du rêve, parenté qui affleure aussi dans le monologue scénographié par Gina Pane comme une géographie intime et lacunaire, dans le solo silencieux de Trisha Brown filmé par Babette Mangolte en durée réelle et répété au ralenti, ou encore dans les errances labyrinthiques de Maya Deren dans des espaces familiers soudain frappés d’étrangeté. A la manière du rêve où les relations logiques se sont perdues, le film constitue une parole d’avant les mots, une parole dans laquelle les mots eux-mêmes se transforment en images : à la surface de l’écran comme à la surface du rêve surnagent, selon les mots de Freud dans l’Interpétation des rêves, des « fragments tordus et morcelés, réunis comme des glaces flottantes ». Gina Pane, Solitrac, 1968, n.b., son, 16 mm., 9’ Marylène Negro, Vénus, 2009, vidéo, coul., son, 8’20’’ Babette Mangolte, Water Motor, 1978, 16 mm, n.b., 8’ Chorégraphie et performance solo de Trisha Brown Marylène Négro, Message, 2007, vidéo, coul. Son, 35’’ Maya Deren, Meshes of Afternoon, 1943, 35 mm, n.b., son, 13’ · Mercredi 24 février 2010 à 14h30 [ MAC ] salle de cinéma – 1er étage IV. La dématérialisation de l’objet Où la valeur d’exposition de l’objet se constitue en critique immédiate de sa valeur matérielle. Igor et Svetlana Kopystyansky filmant dans les rues le mouvement erratique des sacs en plastique soulevés par le vent ou de simples architectures de carton dont les plans s’enchaînent comme dans un slide show, annulent la teneur matérielle des objet pour les transformer en pures fictions visuelles et retrouvent cet effet, que les formalistes russes ont nommé obranenie et que Victor Schklovsky en 1917 caractérisait ainsi: « « L’objet n’est rien, seule compte la valeur artistique de l’objet. » Clemens von Wedemeyer, dans Silberhöhe, filmant une cité d’Allemagne de l’est désaffectée où le contexte urbain perd sa dimension fonctionnelle pour se trouver, par le jeu des cadrages, changés en purs dispositifs plastiques ; Gordon Matta-Clark découpant des maisons abandonnées (Splitting) ou transformant dans Fresh Kill une décharge publique en composition inspirée de l’expressionnisme abstrait utilisent de la même manière le film pour recueillir les restes du réel et les transformer en images. Igor et Svetlana Kopystiansky, Incidents, 1996-1997, vidéo, coul., son, 15’ Igor et Svetlana Kopystiansky, Architecton, 1979, n.b., sil., 1’17’’ Gordon Matta-Clark, Fresh Kill, 1972, 16 mm, coul., sil., 13’ Gordon Matta-Clark, Splitting, 1974, 16 mm., coul., sil., 11’ Clemens von Wedemeyer, Silberhöhe, 2003, 35 mm, coul., son, 10’

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Oui

Adresse

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Dernière mise à jour le 13 octobre 2022