Raymond Poïvet

le pionnier de la bande dessinée
Exposition
Cité internationale de la bande dessinée et de l'image Angoulême

Riche de plus de 50 planches originales, illustrations et esquisses, l’exposition Raymond Poïvet, le pionnier de la bande dessinée permet de plonger dans l’univers graphique classique et foisonnant d’un des grands maîtres de la bande dessinée française de l’après-guerre, qu’on connaît surtout pour la série de science-fiction Les Pionniers de l’espérance.
L’exposition permet également de saisir à quel point le dessin aura été pour Poïvet le lieu permanent d’une expérimentation et d’une recherche personnelles. De ce point de vue, bien avant Druillet, bien avant Moebius et leurs pairs, Poïvet aura été le pionnier d’une bande dessinée d’auteur.
Présentée chronologiquement et thématiquement, elle est en outre accompagnée de l’audiovisuel Croquis d’un artiste, réalisé par Marc Rouchairoles, grand spécialiste de la vie et de l’œuvre de Raymond Poïvet.
Pour accompagner le lancement de cette exposition, neuvièmeart 2.0, la revue électronique de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, met en ligne un copieux dossier sur Raymond Poïvet, abordant les jalons les plus importants de son œuvre et analysant quelques-unes de de ses créations les plus marquantes.

 

Tarifs :

entrée libre

Complément d'information

Extrêmement réputé parmi les dessinateurs et les professionnels, Raymond Poïvet (1910-1999) ne bénéficie pas auprès du grand public de la réputation que son génie graphique mérite. Son nom est attaché la meilleure série de science-fiction de l’après-guerre, Les Pionniers de l’espérance qui, sur scénario de Roger Lécureux, a déployé ses fastes dans les pages de l’hebdomadaire Vaillant/Pif de 1945 à 1973. Mais il a également été dans les années 1950 un illustrateur extrêmement prisé, publiant dans la presse quotidienne et féminine des illustrations au lavis et en couleur d’une élégance intemporelle. Il a même été l’un des rares praticiens français du roman dessiné, forme de narration en images qui requérait une virtuosité sans faille et qui fut détrônée par le roman-photo.

Raymond Poïvet naît en 1910 au Cateau-Cambrésis. Après des études à l’école des Beaux-arts et aux Ateliers de Montparnasse, il se lance dans l’architecture, puis le dessin de mode. En 1940, il débute une carrière de dessinateur de bandes dessinées avec deux récits historiques, sur Napoléon et Christophe Colomb. Débutant dans la presse pendant l’Occupation, Poïvet a surtout été influencé par les grands classiques de la bande dessinée américaine de l’avant-guerre : Hal Foster (Prince Valiant), Alex Raymond (Jungle Jim et Flash Gordon) et Milton Caniff (Terry and the Pirates et Steve Canyon). Il partage avec eux l’élégance graphique, la science du cadrage et un sens très sûr de la composition en noir et blanc.

Comme l’ont remarqué de nombreux spécialistes, Les Pionniers de l’espérance ne sont d’ailleurs, au moins dans les premières années, qu’une démarque brillante de Flash Gordon, qui reprend l’argument du chef-d’œuvre d’Alex Raymond pour en subvertir le message : là où le héros d’Alex Raymond symbolise la supériorité d’une Amérique triomphante, les cinq Pionniers représentent l’alliance de tous les peuples de la Terre vers l’émancipation et la liberté. Poïvet saura s’éloigner de ses modèles en trouvant, par le moyen de l’épure, une expression de plus en plus personnelle. Le trait se fait plus nerveux, les décors sont rendus avec une stupéfiante économie graphique. Recourant à des outils « non-nobles », il ne cesse d’expérimenter. Certains épisodes (comme Le Jardin fantastique, dont des planches, données au musée de la bande dessinée par Dominique Poïvet, fils de l’artiste, sont présentées dans l’exposition) comptent parmi ce que la bande dessinée française a produit de plus accompli dans la seconde moitié du XXème siècle.

Dans le champ de la bande dessinée, Raymond Poïvet a été de toutes grandes aventures éditoriales de l’après-guerre. Il dessine, outre Les Pionniers de l’espérance déjà évoqués, Mam’zelle Minouche pour L’Humanité, Colonel X pour Coq Hardi, Tumak pour L’Intrépide, Guy Lebleu (sur scénario de Jean-Michel Charlier) pour Pilote… Au milieu des années 50, l’éditeur Cino Del Duca (Nous Deux, Radar, Télé Poche…) lui commande de nombreux récits historiques que Raymond Poïvet réalise entièrement au lavis afin d’obtenir un réalisme proche de la photo en noir et blanc. Il illustre de nombreux articles et nouvelles pour la presse féminine, ainsi que des couvertures pour des revues de mode. À la fin des années 1960, alors que la bande dessinée commence à s’émanciper, il est de la brève aventure de Chouchou (P’tit Gus et les fantômes), et publie en 1971 dans Comics 130 (la revue de la librairie BD Futuropolis) une histoire de science-fiction muette (MIX 315), mettant en scène un guerrier volant sur un grand oiseau dont il est plausible de penser qu’elle a exercé une forte influence Moebius quand il a plus tard dessiné Arzach.

Son unique publication dans le No.23 de L’Écho des Savanes en 1976 (Néfertari, autre récit muet) peut d’ailleurs se comprendre comme la reconnaissance de la génération alors montante des Mandryka, Moebius, Druillet…, à un maître qui les a non seulement influencés mais aussi formés. Car c’est un autre aspect de la personnalité généreuse de Poïvet : friand d’échanges et de rencontres, il avait dès les années 1950 ouvert à ses pairs son atelier de la rue des Pyramides. Ses contemporains Christian Gaty et Lucien Nortier l’ont fréquenté, ainsi que Paul Gillon et Robert Gigi ; Mandryka, Moebius, Druillet, F’Murr, etc., au début de leurs carrières respectives y sont passé, bénéficiant des conseils amicaux d’un créateur dont tous reconnaissaient l’ascendant naturel (Gigi l’appelait « Maître »). « Dans le fond je n’ai rien inventé », remarque-t-il, « les peintres et illustrateurs des siècles passés ne procédaient pas autrement, ils se servaient de modèles, empruntaient les décors à la nature et brassant le tout, accomplissaient leurs œuvres ».

En 1974, Jean-Pierre Dionnet (co-fondateur de Métal Hurlant) lui fournira le scénario de Tiriel, avant que Poïvet ne dessine ses propres récits (les étonnants Échiquier cubique et Opus IV) qui tirent la science-fiction spéculative vers la réflexion métaphysique ou le conte philosophique à la manière du XVIIIème siècle.

Dans les décennies 1970 et 1980, il dessine plusieurs volumes de vulgarisation (L’Histoire de la Chine, Découvrir la Bible…), une Flûte enchantée en bande dessinée d’après l’opéra de Mozart et une adaptation du Faust de Goethe sur scénario de Rodolphe, et passe les dernières années de sa vie à réaliser pour son plaisir d’innombrables illustrations « néo-classiques » (des Vierges à l’enfant, de nombreuses variations sur Judith et Holopherne ou Léda et le cygne) étonnant amalgame d’encre, de feutres de couleur, de stylo-bille dont l’exposition présente quelques exemples…
Passionné dès l’enfance par les beaux-arts et le dessin, Poïvet a renoncé à une carrière de peintre pour se consacrer à l’illustration de presse et la bande dessinée. Exigeant et ambitieux à une époque où la bande dessinée n’était certes pas reconnue comme un art, il a été l’un de ceux qui lui ont permis de s’émanciper et d’explorer des territoires nouveaux.
Le 30 août 1999, Raymond Poïvet décède à l’âge de quatre-vingt-neuf ans à Manou dans l’Eure-et-Loir. Deux ans après sa mort, ses amis dessinateurs créent le « Prix Poïvet » accordé à un dessinateur de bande dessinée pour l’ensemble de son œuvre.

Partenaires

coproduction la Cité, l’équipe MONAC.1 du Centre d’arts plastiques et visuels de Lille, d’Heure Exquise de la Maison de l’Art et de la Communication de Sallaumines et de la Médiathèque de Gravelines.

Horaires

du mardi au vendredi de 10h à 18h samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Cité internationale de la bande dessinée et de l'image 121 rue de Bordeaux 16023 Angoulême France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022