Quand je n'aurai plus de feuille, j'écrirai sur le blanc de l'oeil
Sculpture composite : muqarnas et alphabet géométrique. Bois, peinture et cuivre jaune. Dimensions variables. Courtesy de l'artiste
Production : Fenduq. Photographie par Mohamed Alouane lors de l’exposition « Archive(s) Sensible(s) » curatée par Laura Scemama au Cube – independent art room.
L’exposition collective Quand je n’aurai plus de feuille, j’écrirai sur le blanc de l’œil réunit les artistes M’Barek Bouhchichi, Abdessamad El Montassir et Sara Ouhaddou, dont les œuvres mettent en lumière des narrations fondamentales mais inconsidérées qui circulent entre les lignes de pratiques artisanales et poétiques au Maroc.
Depuis plusieurs années, l’écriture de l’Histoire est remise en question par la prise en considération d’archives manquantes, fugitives ou écartées qui viennent troubler notre rapport à des positions que l’on pensait objectives et immuables.
C’est dans ce contexte et à son échelle que l’exposition Quand je n’aurai plus de feuille, j’écrirai sur le blanc de l’œil nous amène vers des récits cachés ou considérés comme marginaux et à leurs pouvoirs émancipateurs dans nos sociétés contemporaines. Elle invite trois artistes qui s’intéressent aux potentiels des pratiques artisanales et de l’oralité ; pratiques qui, au-delà de l’ornement ou de la célébration, transmettent des messages et des récits fondamentaux pour les communautés. Si ces savoirs et leurs contextes sont mis dans l’ombre de formes historiographiques plus admises et se perdent dans les chaînes de production de pensée, M’Barek Bouhchichi, Abdessamad El Montassir et Sara Ouhaddou proposent de revenir à ces expressions ancestrales de savoirs, gratter leur surface pour nous plonger dans les interstices ainsi ouverts des récits et contextes qu’elles portent.
Ainsi les œuvres présentées dans l’exposition font écho à différents contextes dans autant de régions au Maroc.
Les installations de M’Barek Bouhchichi se penchent sur les savoirs et pratiques des artisans et des hommes de la terre dont les gestes se perpétuent dans la résilience des nouveaux procédés industriels, systématisés et sérialisés. C’est aussi plus spécifiquement la question de la place des marocains noirs dans la société actuelle que l’artiste adresse à travers ses projets. Ces derniers sont réalisés en collaboration avec des potiers, ferronniers, dinandiers ou orfèvres, pour mettre en exergue tant leur statut que les spécificités de leurs savoir-faire.
Sara Ouhaddou travaille avec des artisans dans plusieurs régions du Maroc et met en place des collaborations au sein desquels les gestes et techniques sont bousculés, questionnés, creusés, invitant chacun à reconsidérer les codes de sa propre pratique et les récits qu’ils portent. Ses projets sont de véritables espaces de rencontres entre chaque artisan et Sara Ouhaddou, où la forme finale de l’œuvre se dessine au fur et à mesure de la collaboration. Dans un même temps et à une autre échelle, c’est aussi la question de l’économie et de l’autonomie de ces travailleurs que Sara ouvre à travers ses projets et les échanges qu’ils instaurent.
Abdessamad El Montassir s’appuie quant à lui sur les poésies transmises oralement dans le Sahara au sud du Maroc et sur les savoirs non-humains (des plantes et des paysages) pour déployer des narrations qui font face, en creux, au silence de l’Histoire. Ses films et ses installations sonores et visuelles racontent les savoirs, les oublis et les non-transmissions de l’Histoire de cette région, tout en respectant le droit à l’oubli revendiqué par les anciens et en considérant les traumas d’anticipation de ses contemporains.
Ainsi, à la faveur de processus au long cours, les œuvres de M’Barek Bouhchichi, Abdessamad El Montassir et Sara Ouhaddou réunies dans Quand je n’aurai plus de feuille, j’écrirai sur le blanc de l’œil, révèlent les spécificités de ces savoirs qui, hérités depuis des siècles et en perpétuelle réinvention, nous renseignent sur des réalités et trajectoires actuelles.
Commissaires d'exposition
Horaires
Du mardi au dimanche de 14h à 18h30
Tarifs
Accès mobilité réduite
Adresse
Comment s'y rendre
Accès via les transports en communs : terminus TRAM 17
10 minutes à pied depuis la gare d’Annemasse