Pour en finir avec la fin du monde

Johanna Rocard
Exposition
Arts plastiques
La Crypte d’Orsay Orsay
"Faire des cabanes donc : braver les destructions, les expulsions et les laideurs, prendre l’air, en finir avec la fin du monde. Écouter pour cela toutes les idées du monde — les idées qu’a le monde, les idées qu’ont les choses, qui n’en manquent pas — et les suivre, s’en remettre à elles, soutenir les vies qui s’essaient, tenter des liens, repousser, faire avec toutes sortes de vivants. »Marielle Macé, Nos cabanes, édition verdier, 2019.Le quinzième jour, Hiroshima se couvrit de fleurs. Sur les cendres radioactives se mirent à pousser bleuets, glaïeuls, volubilis et belles d’un jour, avec une vigueur inconnue jusque-là. On dit que la chaleur de la bombe, identique à celle du soleil, libéra des graines fossilisées, en latence depuis des milliers d'années. Les chercheurs parlent de « floraison après catastrophe », de la même manière que l’on sait aujourd’hui que de petites fleurs de quelques millimètres se mirent à éclore après la catastrophe planétaire du crétacé-tertiaire. Ainsi les plus fragiles des organismes vivants bravent les environnements dévastés.Il n’y aura donc peut-être pas de fin, du moins pas celle que l’on croit, mais reste la nécessité de (re)trouver comment fleurir les terres brûlées et dynamiser les sols où nous poussons. L’entreprise semble si grande qu’il nous faut convoquer des puissances alliées. Nous, à qui l’on dit que nous ne croyons plus en rien, invitons la pensée magique comme alternative.Millefeuille achillée, camomille, ortie, écorce de chêne rouvre, pissenlit et valériane, ce qui importe c’est de réincorporer des forces vivantes afin de jouir à nouveau du droit du sol. Le droit de marcher, de traverser les frontières, de construire des cabanes, de faire pousser ce qui nous semble bon.A force d’avoir trop prédit et écrit des apocalypses, les voilà comme des bêtes qu’il nous est impossible de contrôler. C'est toute la puissance de la fable qu’il nous faut convoquer pour les contrer ; avec ses faits sauvages, ses créatures imaginaires et ses mondes possibles. Fabuler sur l’avenir ne revient pas à une fuite vers l’imaginaire mais plutôt à un corps-à-corps avec le réel, un entraînement qui fait le pari du mouvement vertueux. Avec lui, c’est tout un ensemble de gestes et de corps spéculatifs qui apparaissent et demandent des refuges pour mieux se renforcer. Il est temps de retourner dans la caverne.

Commissaires d'exposition

Horaires

Mercredi et vendredi de 15H à 18H Samedi et dimanche de 15H à 19H

Adresse

La Crypte d’Orsay 4, avenue Saint-Laurent 91400 Orsay France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020