Pleins Pouvoirs, septembre" de Marc Bauer et "Taste Rico de Bayrol Jimenez

Exposition
Arts plastiques
La Station Nice

Ces deux expositions, conçues indépendamment par MARC BAUER d’une part et BAYROL JIMENEZ de l’autre, trouvent leur point commun dans le choix du médium : le dessin. Leurs styles semblent au premier abord diamétralement opposés : MARC BAUER privilégie le noir et blanc et travaille surtout à partir d’archives et de souvenirs personnels tandis que BAYROL JIMENEZ explore les cultures populaires au travers de dessins saturés de motifs et de couleurs. Leurs vocabulaires plastiques sont aussi dissemblables que leurs références cinématographiques, artistiques et historiques. Leurs origines le sont également : MARC BAUER est suisse, BAYROL JIMENEZ est mexicain. 

Un dialogue s’instaure néanmoins entre leurs deux univers par le biais du médium lui-même et des questions qu’il engendre chez eux. Outre le fait que ce sont des praticiens hors pairs, tous deux mettent en scène leurs dessins, poussant leur pratique en dehors de la feuille pour l’amener sur le terrain dramaturgique de l’installation. Une façon (parmi d’autres) de répondre aux questions suivantes : quelle est la charge narrative / symbolique / historique / sociale d’une image, en quoi la composition graphique peut-elle être le vecteur de cette charge et comment le dessin peut-il traduire une problématique plus large que son propre champ lexical ? 

Complément d'information

PLEINS POUVOIRS, SEPTEMBRE de MARC BAUER
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Le point de départ de l’exposition de MARC BAUER est un dessin inspiré par une photographie prise en septembre 1943 à Nice, sur laquelle on voit des jeunes filles riant et posant sur une plage aux côtés de jeunes hommes et d’officiers allemands. Le mois de septembre 1943 marque le passage entre l’occupation italienne et allemande de la ville de Nice, et annonce la période la plus dure de la seconde guerre mondiale pour les niçois, notamment d’origine juive. Le contexte historique, lourd de sens, est contrebalancé par l’ambiance très douce que dégage cette photographie. De manière générale, la ville de Nice, qui renvoie dans l’imaginaire collectif au farniente, aux vacances et au soleil, s’associe mal avec cette période sombre de l’histoire. L’image ouvrira ici le champ à une réflexion globale sur les pouvoirs politiques et l’équilibre de leurs forces : PLEINS POUVOIRS, SEPTEMBRE nous parle d’un moment d’abdication, du transfert du pouvoir d’une sphère à une autre.

« Dans ses dessins, M. BAUER mêle événements et personnages historiques, souvenirs personnels et intimes avec des images trouvées dans des films ou d’autres archives. Sa méthode de travail, qu’il rapproche parfois de celle d’un archéologue, cherche surtout à mettre en évidence la construction de notre subjectivité. Il tente de mettre en forme la manière dont chacun organise ses propres souvenirs et la façon dont la mémoire collective s’empare d’événements particuliers pour élaborer l’Histoire. “Qu’il s’agisse d’une histoire personnelle ou de l’Histoire, c’est une réécriture et ce n’est donc qu’une question de point de vue, tout comme la morale”, précise-t-il. L’Histoire est donc un artefact qui est le résultat d’un montage d’événements effectués a posteriori. […] ». Texte extrait du cycle Futur antérieur, séquence d'automne 2009, écrit à l’occasion de l’exposition de Marc Bauer, Premier conte sur le pouvoir, au MAMCO, Genève, du 28 octobre 2009 au 17 janvier 2010.
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Marc Bauer a choisi pour cette exposition de se faire assister par JEANNE BERBINAU AUBRY, MAGALI HALTER ET SARAH MAISONOBE de la VILLA ARSON, E.N.S.A de Nice ainsi que EVAN GÉRARD, JÉRÉMY GRIFFAUD ET MARIE-LIZE RICHARD du PAVILLON BOSIO, E.S.A.P de Monaco. Un cabinet de dessins leur sera réservé et leur permettra d’exposer certains de leurs travaux choisis avec l’artiste. Une manière de faire dialoguer différents univers réunis par la pratique du dessin.
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Plus d’informations : http://www.marcbauer.ch/ et http://www.freymondguth.com/
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TASTE RICO de BAYROL JIMENEZ
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BAYROL JIMENEZ a choisi pour cette exposition de s’inspirer d’une tradition mexicaine. Outre les images religieuses, il existe aujourd’hui un nouveau type de peintures murales, dont la mission consiste à promouvoir un commerce, embellir une échoppe… Pour appâter le chaland, les commerçants reproduisent sur leurs façades les figures les plus populaires de la culture mexicaine moderne : célébrités, héros de télénovélas et de films cultes, personnages publicitaires, etc… Ces images, dans lesquelles un véritable culte du corps beau et sain transparaît, sont peintes à la main par des amateurs, ce qui les rend maladroites et crée un décalage entre l’intention et sa réalisation. Sans le vouloir, ces artistes d’un jour parodient ces stéréotypes de pouvoir et de richesse par le traitement qu’ils leur prodiguent.

TASTE RICO est une expression usitée au Mexique qui mélange l’espagnol et l’anglais. Elle signifie que quelque chose a bon goût (un taco “taste rico”, par exemple) mais désigne également une personne riche. Elle est surtout utilisée par les “chicanos” ou “pochos”, ces immigrants faisant inlassablement des allers-retours entre le Mexique et les Etats-Unis – et qui mélangent donc les deux langues. BAYROL JIMENEZ a choisi pour illustrer cette expression de reproduire une photographie trouvée dans un magazine : elle représente un couple s’embrassant goulûment. L’univers de la revue, qu’elle soit de mode ou à scandale, intéresse l’artiste pour la distorsion de la réalité qu’elle offre : perfection du corps et richesse d’un côté, faits-divers sordides et violence de l’autre ; un prisme absurde et excessif à l’influence considérable. Le dessin fait également écho aux peintures murales suscitées : exécuté de manière délibérément maladroite, sur du papier et avec de la peinture de mauvaise qualité, il célèbre les peintres amateurs des rues de Mexico. Son exposition prendra la forme de grands dessins muraux qui intégreront des formats papiers peints à l’encre et à l’acrylique.

« L’aisance de sa façon et la liberté du traitement formel donné à ses compositions puisent indéniablement certaines de leurs racines dans la tradition mexicaine d’un dessin virtuose, visuellement imposant et souvent empreint d’un commentaire social appuyé […] Pourtant BAYROL JIMENEZ, sans doute soucieux de ne pas céder à une apparente facilité, semble vouloir pousser plus loin encore ces principes, vers une sorte de paroxysme faisant de la saturation de l’espace et du champ visuel l’une de ses marques de fabrique. […] Les compositions elles-mêmes ne sont pourtant pas en reste en termes de substance, qui apparaissent adeptes du mélange et de la superposition et voient se télescoper des motifs variés, voire parfois antagonistes … de prime abord seulement. Etroitement imbriquées, ces associations d’images et d’idées lui permettent d’établir des narrations, d’élaborer de véritables scenarii, presque des jeux de piste, qui néanmoins tendent à éviter un effet de révélation direct et immédiat, tant visuellement que dans la délivrance d’un quelconque message. […] ». Frédéric Bonnet, extrait d’une publication accompagnant l’exposition The Roads of Devotion à la galerie Dukan Hourdequin, Paris, du 17 mars au 28 avril 2012.
Une édition limitée de BAYROL JIMENEZ sera proposée par les éditions BALLÉOR.

Partenaires

la Ville de Nice, la DRAC PACA Ministère de la Culture, le Conseil Régional PACA, le Conseil Général des Alpes-Maritimes, l'Assemblée Nationale, la Villa Arson, La Strada, R mag et l'hôtel Windsor.

Horaires

OUVERTURE du MERCREDI au SAMEDI de 13h à 19h et sur rdv (sauf jours fériés)

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

La Station 89 Route de Turin 06300 Nice France

Comment s'y rendre

Tramway arrêt Vauban ou St Roch, Bus lignes 4, 6, 16 et 89, Vélos Bleu, parking voitures.
Dernière mise à jour le 2 mars 2020