Play Again

« Ma pratique prend corps dans un terreau social, au sein de territoires définis. Jusqu’à présent, ce que j’ai cherché à faire dans mon travail, c’est de redonner une place –esthétique, poétique, à des groupes de personnes qui sont enfermés dans une représentation. Je cherche à travers mes photographies à offrir une image différente des personnes dans les territoires que je parcours, une image attentive aux gestes, aux expressions du corps, et venant questionner à la fois nos rapports à la représentation et à l’architecture. Travailler dans ces territoires m’a permis d’inventer des formes qui disent la volonté des groupes auxquels ils appartiennent, de résister, de se réapproprier leur image en reformulant des usages dans les lieux où je les saisis. »
Po Sim Sambath
Poursuivant une réflexion sur la ville de Givors engagée il y a deux années, Stimultania a invité Po Sim Sambath en résidence de création. La jeune photographe parisienne a arpenté cinq mois durant, de février à juin 2017, en solitaire, les coins et recoins d’une ville en mutation. Sans craindre d’afficher sa présence, Po Sim Sambath a enregistré des gestes, souvent collectifs, avec la précision propre au repérage de film. Gestes constitutifs de populations actives ou inactives, habitués des bars associatifs, désœuvrés du CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile), boulistes et tatoueur.
Puis, poussée par l’attirance décidément irrésistible des lieux abandonnés, l’artiste s’est promenée dans l’usine Fives-Lille qui, autrefois, employait jusqu’à 8000 ouvriers dans le façonnage des roues et des essieux de wagons. Vidés de leurs occupants historiques, les bâtiments ont trouvé de nouveaux usages : entre le filet de badminton et les modules construits pour servir de repli aux airsofters, de nouveaux codes et protocoles conduisent les hommes. Ces derniers, dans un cadre qui relève désormais des loisirs, s’adaptent et occupent l’espace avec un sens précis de la chorégraphie. Dans des images d’une puissance saisissante, Po Sim Sambath nous livre un état de l’espace et un constat du territoire particulièrement édifiants.
Céline Duval.
Complément d'information
Après des études de Lettres Modernes à la Sorbonne Nouvelle à Paris 3 puis un Master Arts Plastiques, département photographie à Paris 8, elle gagne la Bourse du talent en 2010. Elle présente régulièrement ses travaux lors d’expositions collectives (Maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly, La Parole errante à Montreuil, Galerie des petits carreaux à Saint-Briac, Abbaye Saint-Magloire à Léhon, Bibliothèque nationale de France).