Pierre Bourquin - Sculptures

Tout d’abord, on remarque des grincements imperceptibles et le ronronnement des petits moteurs. Des machines étranges occupent l’espace d’exposition, guidant notre regard de la rue vers le jardin. Des balais, des fourches et des râteaux, entraînés par des axes tournant, font apparaître des traces sur de drôles de matières. Il y a là du béton, des graviers, des parpaing, mais aussi de la lumière. Celle-ci perce à travers du sable ou, flamme bleu improbable, lèche une surface de métal. Puis on devine un mouvement dans le jardin, où une gratteuse à herbe décrit sans fin des cercles sur la terre...

Sculptures ?
Machines à tourner en rond.
Mécanismes sans fin, en pure perte de temps.
Ici, un seul sujet : des objets qui grattent à un rythme régulier.

Les Gratteuses nous laissent le temps de voir le temps passer et se dessiner les traces de ce passage. Inlassablement. Le mouvements circulaire et cyclique nous donne conscience de ce temps qui passe. Ce mouvement suscite à la fois fascination et interrogation et l’esprit finit par succomber à cette rotation sans fin. On se prend à chercher cette fin qui n’en finit pas d’advenir. Mais si tout passe, il n’y a que le temps qui dure.

L’oeuvre de Pierre Bourquin est intuitive. Elle parle directement à nos sens. L’artiste est un agitateur du temps et de l’espace, qui se ballade entre abstraction et réalité de la nature et des matières. Il inscrit l’oeuvre dans le temps et la durée, par la transformation, l’altération, l’érosion. Son oeuvre s’inscrit dans l’environnement de la galerie comme du jardin. Il s’intègre dans ce lieu et utilise l’espace tout en imposant son regard.