Peut-être ce jardin n'existe-t-il qu'à l'ombre de nos paupières baissées

Elise Peroi
Exposition
Arts plastiques
Centre d'art contemporain Chanot Clamart
tissages et tissus peints accrochés sur des structures en bois

Les structures installatives d’Élise Peroi sont à la fois peintures, tissages, ou peut-être même encore davantage sculptures… Un peu comme une nature en marche, un jardin debout, rêvé ou phantasmé, écho sensible et volatil aux hétérotopies de Michel Foucault et aux Villes invisibles d’Italo Calvino. Que ce soit dans ses installations architecturées dans lesquelles s’élèvent des constructions porteuses, ou plus récemment à travers ses plans jardins posés au sol tels des tapis à la fois décomposés et recomposés de pièces textiles et matériaux naturels, Élise Peroi ne cesse d’explorer l’art du tissage. Un travail, ou devrai-t-on dire un regard qui convoque le plein et le vide, toujours en étroite relation avec les éléments qui nous entourent. Le végétal bien sûr, le minéral, l’ombre et la lumière, jusqu’à l’air que l’on respire. Je recherche en même temps la manière de traduire le souffle du paysage et le paysage comme lieu habité, aime-t-elle à préciser. Inspirée du livre Vivre de paysage ou L’impensé de la Raison, de François Jullien elle cherche à traduire une vision englobante du monde, où tout ce qui nous entoure « n’est plus
affaire de “vue”, mais du vivre »*.

Au coeur du CACC, et en creux du jardin qui l’entoure, Élise Peroi nous propose cet automne une installation paysage, et nous dévoile ses toutes dernières oeuvres créées au printemps dernier à l’occasion de sa résidence à l’Academia Belgica, à Rome. Une promenade pourrait-on dire, que l’artiste a voulue telle une inversion du temps et aussi de l’espace. L’épopée d’une nature intérieure tissée pour nous perdre mais aussi peut-être mieux nous retrouver. Où s’arrêtent les limites du jardin ? Où commence l’oeuvre peinte ? Dès l’entrée les miroirs et les transparences se confondent, les reflets se mêlent qui des arbres ou des oeuvres, et le ciel s’en mêle pour nous éclairer des lueurs de l’automne. Les voiles sont levées pour une nouvelle odyssée qui nous entraîne soudain vers des contrées plus lointaines ; villes fleurs, villes feuilles, villes nuages… villes dressées, suspendues devant nous en une forêt habillée d’étonnantes couleurs et peuplée d’oiseaux inconnus. C’est ici une nouvelle nature qui semble s’avancer, repousser l’horizon des murs qui nous entourent comme pour envahir le lieu tout entier, et faire se confondre intérieur et extérieur. Il est des paysages sans lieu et des histoires qui ne se racontent pas, et tout l’art d’Élise Peroi est de nous les donner à voir et à croire. Tisserande et conteuse, peintre autant que sculpteuse, elle détient le pouvoir de nous entraîner dans un monde enchanté, un jardin extraordinaire planté à la lisière de la réalité. Le temps d’un instant… et sans doute plus encore d’une éternité.


Jean-Marc Dimanche


* François Jullien, Vivre de paysage ou L’impensé de la Raison, Bibliothèque des idées, Gallimard, 2014.

Complément d'information

Autour de l'exposition

Samedi 15 octobre, 15h-20h
Vernissage en présence d’Élise Peroi, l’artiste, et de Jean-Marc Dimanche, commissaire de l’exposition.


Samedi 19 novembre, 16h-17h30
Lecture par l’écrivaine Marielle Macé, suivie d’une visite de l’exposition en dialogue.
« breathe in/speak out » est un texte sur la respiration, écrit lors de sa résidence à la Villa Médicis en 2022, Académie de France à Rome. Née en 1973 à Paimboeuf (France), Marielle Macé est chercheuse et écrivaine. Directrice de recherche au CNRS et directrice d’études à l’EHESS (Paris), Marielle Macé est également professeure invitée à Chicago, New York (NYU), Berkeley, et a été auteure associée au Théâtre des Amandiers. Ses livres (essais, poèmes) prennent la littérature pour alliée dans une pensée et une mise en débat des formes de la vie — vie sociale, vie commune, vies précaires, paysages vulnérables.


Samedi 10 décembre, 16h
Discussion avec Élise Peroi et Jean-Marc Dimanche.
Le temps d’échange avec Élise Peroi et Jean-Marc Dimanche sera une déambulation entre l’idée d’intérieur et d’extérieur, confrontant et créant des ponts entre ville et nature, des va et vient entre ces deux espaces. Cette rencontre questionnera l’idée de l’habitat idéal, pourquoi l’ailleurs, ainsi que la notion de paysage en mêlant la nature, l’architecture et le tissage comme manière de penser ce qui nous environne. La discussion sera nourrie des lectures des Villes invisibles d’Italo Calvino ainsi que du livre Histoire de l’habitat idéal. De l’Orient vers l’Occident d’Augustin Berque. Elle s’attardera sur le dialogue entre Jean-Marc Dimanche et Élise Peroi qui a conduit à penser l’exposition et son espace.

Commissaires d'exposition

Artistes

Partenaires

Le Centre d’art contemporain Chanot est un équipement de la ville de Clamart. Le CACC est membre de TRAM, réseau art contemporain Paris/Îlede-France. Il reçoit le soutien du Ministère de la culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France et du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine.

Horaires

Horaires d'ouverture pendant les périodes d'exposition
Les mercredis, vendredis, samedis et dimanches de 14h à 18h. Entrée libre, ou sur rendez-vous.

Tarifs

Entrée libre

Adresse

Centre d'art contemporain Chanot 33 rue Brissard 92140 Clamart France

Comment s'y rendre

Ligne transilien N : Gare de Clamart (7 minutes de marche)
Bus 189 : Arrêt Hébert (10 minutes de marche)
Bus 394 : Arrêt Gare de Clamart (10 minutes de marche)
Bus 169 : E. Duploye (4 minutes de marche)
RER C : Issy (15 minutes de marche)
Clamibus : Centre d’Art Contemporain Chanot
10 min du périphérique par les portes de Versailles, Vanves et Brancion

Dernière mise à jour le 9 novembre 2022