Peter Regli

Exposition
Arts plastiques
Galerie Art : Concept Paris 03

La galerie est heureuse de présenter la première exposition personnelle française de Peter Regli. Du 24 avril au 23 mai 2015, l’artiste (1959, Andermatt, Suisse) propose un ensemble de sculptures inédit qui convoque les figures et les thèmes emblématiques de sa série de « Reality Hacking ».


Initiées dans les années 1990, ces actions ou interventions prennent pour matière première l’environnement sociologique et pour lieu d’expression des endroits reculés des quatre coins du globe (le point central de l’état du Nevada ou le point extrême sud du continent africain) ou l’espace public par excellence, la rue, tour à tour new yorkaise, zurichoise ou génoise. Entre interventionnisme et happening, son attitude presque punk vise toujours à transgresser ou subvertir les barrières légales, socioculturelles et physiques. Plastiquement, cela se traduit souvent par des sculptures monumentales, dont les dimensions dépassent les limites de la perception. On peut citer son « cercle invisible » composé de 2 000 pièces de monnaie jetées dans les eaux de New York depuis un bateau touristique, délimitant ainsi l’île de Manhattan (Reality Hacking No 170, 1999), ou bien son île créée artificiellement au milieu du lac Uri, uniquement visible depuis un sommet montagneux ou par avion (2002).


Piratage informatique appliqué au champ du réel, au monde matériel, le travail de Peter Regli s’empare librement d’images et de figures ultra popularisées pour les implanter là où on ne les attend pas : un bonhomme de neige dans les pays où il ne neige pas (Afrique du Sud, Vietnam), un quintet de Bouddhas rieurs aux pieds d’un building d’un cabinet d’audit à Zurich. Dans un cas comme dans l’autre, ces interventions illustrent les lacunes référentielles pour parler de la culture de l’autre. Circulation mondialisée et quasi instantanée ne rime pas forcément avec meilleure compréhension des systèmes de croyances. Si la dimension symbolique rattachée à nos sculptures de neige humanoïde est difficilement exportable au Vietnam, la force spirituelle de la philosophie bouddhiste ne l’est pas moins en Occident. La réflexion s’applique aussi aux bouquets de phallus en érection présentés dans l’exposition. Symboles protecteurs au Bhoutan, ici ils provoquent un tout autre type de réaction. Nounours, Bouddhas et sculptures phalliques sont ainsi rassemblés dans un même espace-temps, où les folklores rentrent en collision et la séparation profane / sacré implose.


Le matériau n’est pas non plus celui que l’on attend. Le caractère brut et lourd du marbre ou de la roche contraste étonnamment avec les formes enfantines et ludiques qui en résultent. L’usage de la pierre, particulièrement mise à l’honneur dans cette exposition, est d’ailleurs une constante dans le travail de l’artiste, qu’il s’agisse de ses vraies fausses météorites implantées dans les Alpes suisses (Faked Meteorites, 1996) ou de la pierre qu’il ajoute secrètement sur le site celtique de Vaison la Romaine (2002). Assemblées, mises les unes sur les autres, dessinées ou laissées à l’état brut, ces pierres rappellent autant les figures totémiques que l’art mégalithique. Et si leur signification demeure tout aussi énigmatique, elles nous renvoient d’une manière ou d’une autre à l’histoire de l’humanité et des différentes civilisations.

 

Julia Mossé

 

 

Né en 1959 à Andermatt (Suisse), Peter Regli vit et travaille à New York. Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques suisses, notamment le Kunsthaus, Zürich, le Fotomuseum Winterthur, Winterthour et Le Migros Museum für Gegenwartskunst, Zürich. Récemment, on a pu observer son travail dans les expositions personnelles suivantes : Peter Regli, Snow Monsters, Flatiron Plaza, New York (2015), Ages of Smoke, Istituto Svizzero, Milan (2014) et Sleeping Stone, KARMA, Amaganset (2014).

Artistes

Horaires

Du mardi au samedi, de 11h à 19h

Adresse

Galerie Art : Concept 4, passage Sainte-Avoye 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022