PAYSAGE, MEMOIRE

Pour sa dernière exposition avant l’été 2019, la Galerie Miranda est très heureuse de présenter des œuvres choisies autour du thème du paysage et de la mémoire. L'exposition s'inspire des textes de l'historien Simon Schama, pour qui culture et nature, dans les pays occidentaux, sont profondément liées pars des mythes, croyances, souvenirs et pratiques sociales dont le sens se trouvent sous la terre des paysages les plus simples, quotidiens (Simon Schama, Paysage et mémoire, Seuil, 1999). Aussi la galerie présente une courte sélection d'oeuvres par quatre artistes aux signatures singulières, entre rêve, réel et intérpretation à travers des démarches photographiques expérimentales:

... MARINA BERIO dont le travail est un aller-retour sans cesse entre photographie et dessin, émotion et composition. Ici, un grand dessin au fusain, inspiré d’un négatif photographique, nous entraine sur une grande route qui courbe et disparait dans un épais brouillard;

... JOHN CHIARA : à la recherche de "l'Amérique ordinaire" John Chiara s'inscrit dans la longue tradition de la photographie du paysage américain (Muybridge, Weston, Cunningham, Adams). L'artiste a passé des mois à sillonner le Mississippi et la Californie, pays de son enfance. Remorquant derrière sa voiture la grande chambre noire qu'il a bâtie à la taille d'une caravane, il travaille au sténopé, ses images uniques arrivant directement sur le papier photographique. Avec de longs temps de pause, les paysages anodins sont ainsi sublimés par les traces de mouvement à l’intérieur de l’image - arbres et soleil qui bougent; oiseaux, nuages, voitures qui passent - comme des images superposées d'un film ou d'un souvenir fugace;

... GERARD DALLA SANTA : Les photographies présentées à la galerie procèdent de ses recherches sur le paysage qui s’inscrit dans une double tradition, celle de la photographie documentaire et celle des peintres paysagistes de plein air (Corot, Courbet, Pissarro et Cézanne...) qui ont pris en compte la topographie des territoires et donné au paysage une dimension historique et collective. Dans ces derniers paysages de bords de rivière la proximité et le quotidien cotoient un lyrique retrouvé. L’artiste joue du pittoresque et de la banalité. Il laisse advenir des figures humaines qui ne peuvent voir la beauté du paysage du fait même quelles en sont immergées. Pour Gérard Dalla Santa ces images ne découlent pas de la nostalgie d’un passé révolu mais participent plutôt à une proposition et à la réparation d’un monde en train de se de défaire;

... CHLOE SELLS photographie à la chambre des paysages dramatiques du Botswana, où elle vit depuis plus de 20 ans. Ensuite, par une démarche expérimentale et intuitive, elle développe ses pellicules en chambre noire à Londres, fabriquant des tirages uniques travaillés avec des couches successives de couleur, de matières, mais aussi d'encres, de la peinture. Les œuvres uniques présentées dans cette exposition ont été produites par l’artiste en 2017, dans les lacs de sel, du Makgadikgadi Salt Pans, dans le désert du Kalahari Desert au Botswana. A un moment particulièrement poignant de sa vie personnelle, l'artiste a retrouvé une certaine paix dans ces vastes paysages qui reflètent ses propres contradictions et dilemmes. La ligne d'horizon qui traverse chaque paysage nous rappelle les seules certitudes de la vie : la naissance et la mort. Cette ligne nous rappelle aussi du caractère cyclique de la vie car si nous suivons l'horizons, nous arriverons éventuellement à notre point de départ. Les formes et les couleurs apportées aux paysages réinterprètent cette infinie absolue.