Paysage entre réalité et fiction

Dans ses photographies, Rosa Munõz construit un monde personnel et original où se plonge volontiers le spectateur. Ses images nous amènent à la frontière entre le réel et l’onirisme, dans des paysages entre réalité et fiction; des paysages féminins, chaleureux et fantastiques.
Les couleurs vives et puissantes, les objets quotidiens placés -perdus?- dans ces bois, nous rappellent le concept de unheimlich de Sigmund Freud. Ce qui se trouve être dans la maison (häuslich), mais ne l’est pas totalement. L’idée d’images qui nous rappellent un univers connu mais auquel nous ne pouvons nous identifier entièrement, et qui créée alors, ce sentiment d’inquiétante étrangeté.
Rosa Muñoz écrit dans ce sens que «De la signification - paradoxale - de cette rencontre (des mobiliers solitaires disposés au milieu d'un bois) réside tout l’intérêt de réaliser, au sein de ma trajectoire photographique de mise en scène, une petite transgression esthétique et conceptuelle - qui au final, résulte poétique-. Cette transgression existe par ce contraste entre un objet qui a été conçu - et que nous identifions comme tel - pour exister dans un domaine clos, avec des limites déterminées- comme le sont les murs d'une maison-, dans un espace ouvert sur un continuum infini, naturel et dans lequel, le meuble nous semble surprenant par sa décontextualisation mais aussi par l'atmosphère semi-sauvage qui l'enveloppe et qui le fait fragile, désolé, dé-protégé; comme dans l'attente d'être ramené sur son territoire habituel et sûr».
Autobiographiques ou non, les images de Rosa Muñoz nous défient. Ses photographies bouleversent la syntaxe du paysage, elle convertit en poésie l’abandonné; invente, et re-construit ce que nous pensions nôtre.