Pauline Bazignan Bataille

Exposition
Galerie Praz-Delavallade Paris 03
L'oeuvre de Pauline Bazignan

À l’instar de l’écrivain face à sa page blanche, la prise de possession de la toile vierge hante tout autant Pauline Bazignan. L’artiste va au combat pour qu’une relation d’intime complicité entre elle et son sujet vive au coeur de ce territoire inviolé. Il s’agit de l’apprivoiser pour lui offrir les contours qui deviendront émotion où se mêle cohésion et indiciblement l’âme de Pauline Bazignan. Au motif récurrent de la corolle symbolisée par la coulure et l’expressionniste bouillonnant qui envahi l’entièreté de sa toile, elle bataille pour afficher la trace de cette domination qui deviendra au fil de sa pratique un motif a part entière.

Complément d'information

Ce all-over propre à l’artiste conduit à un enchevêtrement compulsif : dense mais paradoxalement transparent fait de légèreté, chaque tableau devenant un palimpseste de déversements de coulures successives. Peindre, dès lors, consiste pour l’artiste à généraliser les tensions en supprimant toute hiérarchie entre la figure et le fond dans un entrelacs que nous aurions bien du mal à démêler, émancipation de son geste pictural, Pauline Bazigan se libère du carcan où la couleur s’emballe, fluide jusqu’à la coulure qu’elle adopte telle une signature personnelle et moteur esthétique de ses oeuvres. ‘‘Plutôt que de quitter le tableau, les coulants luttent à l’intérieur du cadre pour en faire surgir des formes inédites’’. Ainsi, Pauline Bazignan - par volonté ou parfois par accident - fait que la coulure crée diverses poésies plastiques, l’objet devient alors sujet proposant un démenti majeur aux théories classiques de la peinture.

À l’occasion de sa première exposition personnelle à la galerie Praz-Delavallade Paris, Pauline Bazignan nous invite à remonter le temps. L’artiste nous renvoie en 1432 : Paolo di Dono di Paolo, peintre Florentin de la Première Renaissance nous narre la Bataille de San Romano, bataille héroïque qui opposa les Siennois aux Florentins. Trois vastes toiles seront nécessaires pour que vive cette épopée que Pauline Bazignan ré-interprète dans une étonnante transposition. Y figurent le Condottiere Niccolo da Tolentino, chef Florentin face aux Siennois Bernardino della Ciarda. La bataille est engagée, le bruit des glaives qui s’entrechoquent monte dans cette plaine de San Miniato en pleine Toscane. Jaillissant de toutes parts, les hommes en marche, piques et lances déployées, font face aux fantassins leurs pavois en avant pour se protéger des piques meurtrières. Une première vague s’élance suivie d’une contre-attaque, mêlée chaotique de cavaliers, de lances et de chevaux dont le cheval blanc du Condottiere Florentin fend les troupes adverses. Pauline Bazignan, en chroniqueuse, dépeint dans un désordre pictural singulier cette démesure où chaque acte de peinture se veut ce témoignage ou Florence in fine triomphera de Sienne. Épique entreprise où l’artiste dans ses propres ‘‘tableaux -récits’’ passent du clair à l’obscur comme pour manifester par la couleur l’idée de la défaite et de la victoire. Peinture onirique qui indubitablement y gagne en puissance et en conviction, faisant flotter sur cette série de peintures et les fragiles céramiques qui peuplent cette exposition un parfum d’extrême liberté. ‘‘L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible’’.

René-Julien Praz

Artistes

Horaires

Mercredi-Samedi, de 11h à 19h

Tarifs

Entrée libre

Adresse

Galerie Praz-Delavallade 5 rue des Haudriettes 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022